Métrique en Ligne
SIL_1/SIL78
Armand SILVESTRE
Les Renaissances
1870
A TRAVERS L'ÂME
Impressions
XXIX
Virginis Amor
À Léon Valade.
Comme, au fond des tripots, ceux que le vin délie 6+6 a
Des vulgaires pudeurs, ils chantent tour à tour 6+6 b
Leurs plaisirs d'une nuit et leurs peines d'un jour, 6+6 b
Ceux dont les vains désirs font la mélancolie. 6+6 a
5 Mais celui que l'amour d'une vierge a blessé, 6+6 a
Comme d'un baume saint recouvre de mystère 6+6 b
Sa blessure divine, et, sous la nuit austère, 6+6 b
Pleure tout bas le mal qui le fait insensé. 6+6 a
Et le remords le prend comme d'un sacrilège, 6+6 a
10 D'espérer que ce corps vêtu de pureté 6+6 b
Affronte, dans ses bras, l'aube de volupté 6+6 b
Qui fondra ses blancheurs idéales de neige ! 6+6 a
Il rêve cependant que, des anges suivi, 6+6 a
Il l'emporte, endormie, au seuil d'un nouveau monde : 6+6 b
15 Extatique et pareil, en son âme profonde, 6+6 b
Aux femmes en douleur, il entrevoit, ravi, 6+6 a
La première lueur inondant sa prunelle, 6+6 a
Et ses premiers sanglots d'un sourire apaisés, 6+6 b
Et ses pieds nus encor des langes de baisers 6+6 b
20 Où les enfermera sa bouche maternelle ! 6+6 a
Car c'est un fruit vivant qu'il porte dans son cœur, 6+6 a
L'époux chaste aux genoux d'une chaste épousée, 6+6 b
Fruit vermeil et sanglant d'une sainte rosée, 6+6 b
Mûri dans l'ombre, éclos sous le soleil vainqueur : 6+6 a
25 C'est tout son être, à lui, germant sous sa mamelle ; 6+6 a
C'est l'espoir fécondé des floraisons d'amour 6+6 b
Qui furent sa jeunesse et n'ont duré qu'un jour : 6+6 b
C'est son âme entr'ouvrant sa ramure jumelle, 6+6 a
Quand, sentant que sa vie a fini de mûrir, 6+6 a
30 Comme un arbre géant sur la vierge il se penche 6+6 b
Et dit : Ève, ma sœur, soulève ta main blanche 6+6 b
Et cueille le fruit d'or qui nous fera mourir ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
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