Métrique en Ligne
SIL_1/SIL6
Armand SILVESTRE
Les Renaissances
1870
LA VIE DES MORTS
I
LA NATURE
V
Les Astres
Comme au front monstrueux d'une bête géante 6+6 a
Des yeux, des yeux sans nombre, effroyables, hagards, 6+6 b
Les Astres, dans la nue impassible et béante, 6+6 a
Versent leurs rayons d'or pareils à des regards. 6+6 b
5 Des haines, des amours, tout ce qui fut le monde, 6+6 a
Vibrent dans ces regards obstinés et vainqueurs ; 6+6 b
Et la bête, sans doute, a broyé bien des cœurs, 6+6 b
Pour que toute la vie en ses yeux se confonde. 6+6 a
Ceux que l'hydre a couchés dans ses flancs ténébreux. 6+6 a
10 Ce sont nos morts sacrés, devenus la pâture 6+6 b
Des éléments, cruelle et lente sépulture ! 6+6 b
L'univers famélique a mis la dent sur eux ; 6+6 a
Et du sang paternel, et de la chair des justes, 6+6 a
Et de la chair des beaux, et de la chair des forts, 6+6 b
15 Nourri, gorgé, tout plein de lame de nos morts, 6+6 b
Sent brûler en ses yeux leurs passions augustes. 6+6 a
Lumière de Vénus, feux pâles et mouvants, 6+6 a
Rouge et sanglant flambeau que Sirius allume, 6+6 b
Soleil d'or où l'esprit d'Icare se consume, 6+6 b
20 Tous, vous êtes des yeux éternels et vivants ! 6+6 a
Et la Terre, œil aussi, brûlant et sans paupière. 6+6 a
Sent, dans ses profondeurs, sourde le flot amer 6+6 b
Que déroule le flux éternel de la Mer, 6+6 b
Larme immense pendue à son orbe de pierre. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
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