Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
SIL_1/SIL35
Armand SILVESTRE
Les Renaissances
1870
PAYSAGES MÉTAPHYSIQUES
Matutina
À Feyen Perrin.
I
Le bleu du ciel pâlit. Comme un cygne émergeant 6+6 a
D'un grand fleuve d'azur, l'Aube, parmi la brume, 6+6 b
Secoue à l'horizon les blancheurs de sa plume 6+6 b
Et flagelle l'air vif de son aile d'argent. 6+6 a
5 Un long tressaillement autour d'elle s'éveille, 6+6 a
Et, par flots onduleux jusqu'au zénith monté, 6+6 b
Dans l'azur transparent déroule la merveille 6+6 a
Des formes qu'envahit sa vibrante clarté. 6+6 b
La grande mer des bruits dans l'atmosphère élève 6+6 a
10 Les retentissements de son flux solennel 6+6 b
Et bat, sans l'ébranler, comme un roc éternel, 6+6 b
Le lourd sommeil des morts endormis dans leur rêve. 6+6 a
Mais, pareil aux roseaux qu'atteint le flot montant, 6+6 a
Le peuple des vivants s'ébranle dans l'espace, 6+6 b
15 Et, couché sous le poids de la vague qui passe, 6+6 b
Vers des buts inconnus se disperse, flottant. 6+6 a
Cependant qu'aux frissons des brises échappée, 6+6 a
La Terre s'alanguit aux tiédeurs du réveil, 6+6 b
De longs éclairs, pareils à des lueurs d'épée, 6+6 a
20 Creusent, à l'orient, leur sillage vermeil. 6+6 b
Alors l'Oiseau divin, le Cygne, l'Aube blanche, 6+6 a
Sentant dans l'air en feu son âme se sécher, 6+6 b
Comme le vieux Phénix sur la flamme se penche 6+6 a
Et meurt dans le Soleil comme sur un bûcher ! 6+6 b
II
25 De l'horizon perdu dans les frissons de l'air, 6+6 a
Comme un fleuve lacté, la lumière s'épanche 6+6 b
Sur les coteaux légers que baigne son flot clair ; 6+6 a
— L'Aube sur les coteaux traîne sa robe blanche, 6+6 b
Les grands arbres, sentant les oiseaux éveillés, 6+6 a
30 Chuchotent dans la brise errante où s'évapore 6+6 b
L'âme des derniers lis par la nuit effeuillés : 6+6 a
— L'Aube sur la forêt pose son pied sonore. 6+6 b
Sur l'herbe drue où court l'insecte familier 6+6 a
Une gaze de longs fils d'argent s'est posée, 6+6 b
35 Et la bruyère aiguë est pleine de rosée : 6+6 b
— L'Aube sur les gazons égrène son collier. 6+6 a
— Dans le ruisseau que l'Aube effleure de ses voiles, 6+6 a
Se réfléchit dé le doux spectre des fleurs, 6+6 b
Et, sous l'onde où tremblait l'œil furtif des étoiles, 6+6 a
40 S'ouvre l'œil alangui des pervenches en pleurs. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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