Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
SAM_4/SAM160
Albert SAMAIN
Aux Flancs du Vase
1898
LE SOMMEIL DE CANOPE
Accoudés sur la table et déjà noyés d’ombre, 6+6 a
Du haut de la terrasse à pic sur la mer sombre, 6+6 a
Les amants, écoutant l’éternelle rumeur, 6+6 a
Se taisent, recueillis devant le soir qui meurt. 6+6 a
5 Alcis songe, immobile et la tête penchée. 6+6 a
Canope avec lenteur de lui s’est rapprochée 6+6 a
Et, lasse, à son épaule a laissé doucement 6+6 a
Comme un fardeau trop lourd glisser son front charmant. 6+6 a
Tout s’emplit de silence… Au fond des cours lointaines 6+6 a
10 On entend plus distinct le sanglot des fontaines ; 6+6 a
Par endroits sur le port une lumière luit ; 6+6 a
Et l’étrange soupir qui monte vers la nuit, 6+6 a
Mystérieux aveu du cœur profond des choses, 6+6 a
Ce soir, se fait plus doux de passer sur les roses. 6+6 a
15 Alcis songe… Et la paix immense, la douceur 6+6 a
Nocturne, l’infinie et calme profondeur, 6+6 a
Le croissant et l’étoile, à sa base, qui tremble, 6+6 a
Et la mer murmurante, et cette enfant qui semble, 6+6 a
Avec son cou sur lui renversé sans effort, 6+6 a
20 Comme morte d’amour parmi ses cheveux d’or, 6+6 a
Tout l’exalte ! Une lente et solennelle ivresse 6+6 a
Semble élargir jusqu’aux étoiles sa tendresse ! 6−6 a
Frémissant, il se penche et contemple un long temps 6+6 a
Le front uni voi par les cheveux flottants, 6+6 a
25 Et la bouche de rose où luit l’émail des dents, 6+6 a
Et le beau sein qu’un rythme égal et lent soulève… 6+6 a
Des feuillages au loin bruissent… La nuit rêve… 6+6 a
Alcis, les yeux au ciel, avec un lent baiser 6+6 a
Sur la bouche a laissé son âme se poser ; 6+6 a
30 Et tout à coup son cœur semble en lui se briser ! 6+6 a
Car il le sent, jamais, jamais plus dans sa vie, 6+6 a
Il ne retrouvera l’adorable accalmie, 6+6 a
La nuit et le silence, et cette mer amie, 6+6 a
Et ce baiser, dans l’ombre, à Canope endormie. 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
logo du CRISCO logo de l'université