Métrique en Ligne
SAM_1/SAM24
Albert SAMAIN
Le Chariot d'or
1900
LES ROSES DANS LA COUPE
Devant la mer, un soir, un beau soir d'Italie, 6+6 a
Nous rêvions… toi, câline et d'amour amollie, 6+6 a
Tu regardais, bercée au cœur de ton amant, 6+6 b
Le ciel qui s'allumait d'astres splendidement 6+6 b
5 Les souffles qui flottaient parlaient de défaillance ; 6+6 a
Là-bas, d'un bal lointain, à travers le silence, 6+6 a
Douces comme un sanglot qu'on exhale à genoux, 6+6 b
Des valses d'Allemagne arrivaient jusqu'à nous. 6+6 b
Incliné sur ton cou, j'aspirais à pleine âme 6+6 a
10 Ta vie intense et tes secrets parfums de femme, 6−6 a
Et je posais, comme une extase, par instants, 6−6 b
Ma lèvre au ciel voilé de tes yeux palpitants ! 6+6 b
Des arbres parfumés encensaient la terrasse, 6+6 a
Et la mer, comme un monstre apaisé par ta grâce, 6+6 a
15 La mer jusqu'à tes pieds allongeait son velours, 6+6 b
La mer…
Tu te taisais ; sous tes beaux cheveux lourds 6+6 b
Ta tête à l'abandon, lasse, s'était penchée, 6+6 a
Et l'indéfinissable douceur épanchée 6−6 a
À travers le ciel tiède et le parfum amer 6+6 b
20 De la grève noyait ton cœur d'une autre mer, 6+6 b
Si bien que, lentement, sur ta main pâle et chaude 6+6 a
Une larme tomba de tes yeux d'émeraude. 6+6 a
Pauvre, comme une enfant tu te mis à pleurer, 6+6 b
Souffrante de n'avoir nul mot à proférer. 6+6 b
25 Or, dans le même instant, à travers les espaces 6+6 a
Les étoiles tombaient, on eût dit, comme lasses, 6+6 a
Et je sentis mon cœur, tout mon cœur fondre en moi 6+6 b
Devant le ciel mourant qui pleurait comme toi 6+6 b
C'était devant la mer, un beau soir d'Italie, 6+6 a
30 Un soir de volupté suprême, où tout s'oublie, 6+6 a
Ô ange de faiblesse et de mélancolie. 6+6 a
mètre profil métrique : 6÷6
forme globale type : suite périodique
schéma : 7(aabb) 1(aaa)
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