Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
SAM_1/SAM19
Albert SAMAIN
Le Chariot d'or
1900
LES ROSES DANS LA COUPE
NOCTURNE PROVINCIAL
La petite ville sans bruit 8 a
Dort profondément dans la nuit. 8 a
Aux vieux réverbères à branches 8 a
Agonise un gaz indigent ; 8 b
5 Mais soudain la lune émergeant 8 b
Fait tout au long des maisons blanches 8 a
Resplendir des vitres d'argent. 8 b
La nuit tiède s'évente au long des marronniers… 6+6 a
La nuit tardive, où flotte encor de la lumière. 6+6 b
10 Tout est noir et désert aux anciens quartiers ; 6+6 a
Mon âme, accoude-toi sur le vieux pont de pierre, 6+6 b
Et respire la bonne odeur de la rivière. 6+6 b
Le silence est si grand que mon cœur en frissonne. 6+6 a
Seul, le bruit de mes pas sur le pavé résonne. 6+6 a
15 Le silence tressaille au cœur, et minuit sonne ! 6+6 a
Au long des grands murs d'un couvent 8 a
Des feuilles bruissent au vent. 8 a
Pensionnaires… orphelines… 8 b
Rubans bleus sur les pèlerines… 8 b
20 C'est le jardin des ursulines. 8 b
Une brise à travers les grilles 8 a
Passe aussi douce qu'un soupir. 8 b
Et cette étoile aux feux tranquilles, 8 a
Là-bas, semble, au fond des charmilles, 8 a
25 Une veilleuse de saphir. 8 b
Oh ! Sous les toits d'ardoise à la lune pâlis, 6+6 a
Les vierges et leur pur sommeil aux chambres claires, 6+6 b
Et leurs petits cous ronds noués de scapulaires, 6+6 b
Et leurs corps sans péché dans la blancheur des lits ! … 6+6 a
30 D'une heure égale ici l'heure égale est suivie 6+6 a
Et l'innocence en paix dort au bord de la vie… 6+6 a
Triste et déserte infiniment 8 a
Sous le clair de lune électrique, 8 b
Voici que la place historique 8 b
35 Aligne solennellement 8 a
Ses vieux hôtels du parlement 8 a
À l'angle, une fenêtre est éclairée encor. 6+6 a
Une lampe est là-haut, qui veille quand tout dort ! 6+6 a
Sous le frêle tissu, qui tamise sa flamme, 6+6 b
40 Furtive, par instants, glisse une ombre de femme 6+6 b
La fenêtre s'entr'ouvre un peu ; 8 a
Et la femme, poignant aveu, 8 a
Tord ses beaux bras nus dans l'air bleu… 8 a
Ô secrètes ardeurs des nuits provinciales ! 6+6 a
45 Cœurs qui brûlent ! Cheveux en désordre épandus ! 6+6 b
Beaux seins lourds de désirs, pétris par des mains pâles ! 6+6 a
Grands appels suppliants, et jamais entendus ! 6+6 b
Je vous évoque, ô vous, amantes ignorées, 6+6 a
Dont la chair se consume ainsi qu'un vain flambeau, 6+6 b
50 Et qui sur vos beaux corps pleurez, désespérées, 6+6 a
Et faites pour l'amour, et d'amour dévorées, 6+6 a
Vous coucherez, un soir, vierges dans le tombeau ! 6+6 b
Et mon âme pensive, à l'angle de la place, 6+6 a
Fixe toujours là-bas la vitre où l'ombre passe. 6+6 a
55 Le rideau frêle au vent frissonne… 8 a
La lampe meurt… une heure sonne. 8 a
Personne, personne, personne. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6
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