Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
SAM_1/SAM18
Albert SAMAIN
Le Chariot d'or
1900
LES ROSES DANS LA COUPE
SOIR SUR LA PLAINE
Vers l'occident, là-bas, | le ciel est tout en or ; 6+6 a
Le long des prés déserts | où le sentier dévale 6+6 b
La pénétrante odeur | des foins coupés s'exhale, 6+6 b
Et c'est l'heure émouvante | où la terre s'endort. 6+6 a
5 Las d'avoir, tout un jour, | penché mon front qui brûle, 6+6 a
Comme on pose un fardeau, | j'ai quitté la maison. 6+6 b
J'ai soif de grande ligne | et de vaste horizon, 6+6 b
Et devant moi s'étend | la plaine au crépuscule. 6+6 a
Une solennité | douce flotte dans l'air, 6+6 a
10 Ma poitrine se gonfle | au vent rude qui passe ; 6+6 b
Et mon cœur, on dirait, | grandit avec l'espace, 6+6 b
Car la plaine infinie | est pareille à la mer. 6+6 a
La faux des moissonneurs | a passé sur les terres, 6+6 a
Et le repos succède | aux travaux des longs jours ; 6+6 b
15 Parfois une charrue, | oubliée aux labours, 6+6 b
Sort, comme un bras levé, | des sillons solitaires. 6+6 a
L'angélus au loin sonne, | et, simple en son devoir, 6+6 a
La glèbe écoute au ciel | tinter la cloche pure, 6+6 b
Et comme une humble vieille | en sa robe de bure 6+6 b
20 Semble dire tout bas | sa prière du soir. 6+6 a
La nuit à l'orient | verse sa cendre fine ; 6+6 a
Seule au couchant s'attarde | une barre de feu ; 6+6 b
Et dans l'obscurité | qui s'accroît peu à peu 6+6 b
La blancheur de la route | à peine se devine. 6+6 a
25 Puis tout sombre et s'enfonce | en la grande unité. 6+6 a
Le ciel enténébré | rejoint la plaine immense… 6+6 b
Écoute ! … un grand soupir | traverse le silence… 6+6 b
Et voici que le cœur | du jour s'est arrêté ! 6+6 a
Et mon âme a frémi | de se sentir trop seule, 6+6 a
30 Et tout à coup s'allège | à retrouver là-bas, 6+6 b
Énorme et toute rose | en son halo lilas, 6+6 b
La lune qui se lève | au-dessus d'une meule. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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