Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
ROU_1/ROU9
Jean-Antoine ROUCHER
Les Mois
1779
LES MOIS D'AUTOMNE
OCTOBRE
CHANT HUITIÈME
BATTEZ, bruyans tambours, battez de rive en rive. 6+6 a
Il paroît, c’est lui-même ; il avance, il arrive : 6+6 a
Oui, c’est lui. Je le vois sur les monts d’alentour : 6+6 b
Battez, et de Bacchus annoncez le retour. 6+6 b
5 ÉVEILLEZ-VOUS, buveurs, hâtez-vous ; le tems presse, 6+6 a
Hâtez-vous ; du sommeil secouez la paresse. 6+6 a
Aux scènes de plaisir qui renaissent pour vous, 6+6 b
Moi, prêtre de Bacchus, je vous invite tous. 6+6 b
Marchons : mais écartez de nos fêtes mystiques 6+6 a
10 Ces Lycurgues nouveaux, ces Thraces fanatiques, 6+6 a
D’une sainte liqueur profanes ennemis ; 6+6 b
Écartons-les. Vous seuls, ô mes rians amis ! 6+6 b
Vous, dignes d’assister à nos sacrés mystères, 6+6 a
Sortez à flots nombreux de vos toîts solitaires : 6+6 a
15 Courons, et de l’Ister au Tâge répandus, 6+6 b
Assiégeons les raisins au côteau suspendus. 6+6 b
Redoublons du français la brillante allégresse ; 6+6 a
Faisons pour un moment oublier à la Grèce 6+6 a
Le poids honteux des fers dont gémit sa beauté ; 6+6 b
20 Que le grave espagnol déride sa fierté ; 6+6 b
À sa longue paresse arrachons l’Auzonie ; 6+6 a
Échauffons, égayons la froide Pannonie ; 6+6 a
Et que de flots de vin tous les suisses trempés 6+6 b
Dansent sur le sommet de leurs rocs escarpés. 6+6 b
25 DIEUX, quel riant tableau ! Mille bandes légères, 6+6 a
Les folâtres pasteurs, les joyeuses bergères, 6+6 a
Les mères, les époux, les vieillards, les enfans, 6+6 b
Remplissent les chemins de leurs cris triomphans. 6+6 b
Déjà s’offre aux regards de cette agile armée 6+6 a
30 Le rempart épineux dont la vigne est fermée. 6+6 a
Avide des trésors dont elle s’enrichit, 6+6 b
Déjà d’un pié léger chacun d’eux le franchit. 6+6 b
Nul sep n’est épargné. Par-tout je vois la grappe 6+6 a
Tomber sous le tranchant du couteau qui la frappe ; 6+6 a
35 Je vois deux vendangeurs de pampre couronnés, 6+6 b
Et du jus des raisins goutte à goutte baignés, 6+6 b
Au pié de la colline où la vigne commence, 6+6 a
Descendre sous le faix d’une corbeille immense ; 6+6 a
Je les vois, dans les flancs de vingt tonneaux fumeux, 6+6 b
40 Faire couler des seps les esprits écumeux ; 6+6 b
Et sur un char, pareil au char qui dans la Grèce 6+6 a
De l’antique Thespis promenoit l’allégresse, 6+6 a
Ranger, en célébrant les louanges du vin, 6+6 b
Ces tonneaux, où s’apprête un breuvage divin. 6+6 b
45 PLUS loin, règnent les jeux d’une aimable folie. 6+6 a
D’un geste, d’un bon mot l’un agace Ismélie, 6+6 a
Puis, ravit en passant un baiser à Phylis : 6+6 b
L’autre écrase en ses doigts les grains qu’il a cueillis : 6+6 b
Et vient furtivement rougir le front d’Aline : 6+6 a
50 Un rire fou circule autour de la colline, 6+6 a
En éclats s’y prolonge, et se mêle aux travaux 6+6 b
Qui doivent d’un vin pur enrichir nos caveaux. 6+6 b
CEPENDANT le jour fuit ; il se hâte d’atteindre 6+6 a
Aux portes d’occident, où ses feux vont s’éteindre : 6+6 a
55 Vesper a déployé ses humides drapeaux, 6+6 b
Et son sceptre d’ébène appelle le repos. 6+6 b
Des côteaux dépouillés soudain quittant la croupe, 6+6 a
Les bruyans vendangeurs se rassemblent en troupe 6+6 a
Aux deux côtés du char, qui de fleurs est voilé, 6+6 b
60 Et de quatre chevaux sur deux rangs attellé. 6+6 b
Sous les tonneaux vineux que le pampre décore, 6+6 a
Il s’ébranle : ô tambours, battez, battez encore ! 6+6 a
Il marche ; et mille voix répètent ces chansons : 6+6 b
« Amis, point de soucis ; amis, buvons, dansons, 6+6 b
65 » Buvons, et comme nous faisons boire nos belles ; 6+6 a
» Le vin, mieux que l’amour, domptera les rebelles ; 6+6 a
» Le vin échauffera la maîtresse et l’amant ; 6+6 b
» Buvons : qui ne boit pas doit aimer froidement. » 6+6 b
Arrivés au pressoir, du milieu de la foule 6+6 a
70 Un couple pétulant s’élance, écrase, foule 6+6 a
Sous ses bonds redoublés les grappes en monceaux ; 6+6 b
Le vin jaillit, écume et fuit à longs ruisseaux. 6+6 b
À ces ruisseaux pourprés enyvrez-vous ensemble, 6+6 a
Ô vous tous, que la soif près des cuves rassemble ; 6+6 a
75 Creusez vos mains en coupe, et que sur vos habits 6+6 b
De vos mentons rians le vin coule en rubis : 6+6 b
D’un bachique repas couronnez la journée. 6+6 a
Les soucis, les travaux, les sueurs de l’année 6+6 a
Vous méritent assez ce bonheur d’un moment. 6+6 b
80 QUOI ! La bêche et la serpe auront incessamment, 6+6 b
De votre plant tardif châtié la paresse ! 6+6 a
Quoi ! Du feuillage vain, dont le luxe l’oppresse, 6+6 a
Par deux fois, tous les ans, vous l’aurez dégagé ! 6+6 b
Cent fois vous aurez craint que de grêle chargé, 6+6 b
85 L’été contre vos fruits ne déchaînât l’orage ! 6+6 a
Et lorsque la nature a béni votre ouvrage, 6+6 a
Lorsque de vos labeurs vous dispensant le prix, 6+6 b
Elle vous rend les jeux, les festins et les ris, 6+6 b
Des jeux et des festins un ennemi farouche 6+6 a
90 Viendra faire expirer les ris sur votre bouche ; 6+6 a
Vous dira que des dieux les décrets solemnels 6+6 b
Ont condamné la terre à des pleurs éternels ; 6+6 b
Qu’ils nous font de la joie une sage défense, 6+6 a
Et que leur majesté de nos plaisirs s’offense ! 6+6 a
95 Tu l’offenses toi seul, augure du malheur ; 6+6 b
Oui, toi seul. Le plaisir est une heureuse fleur, 6+6 b
Dont ces dieux indulgens, que blasphême un faux sage, 6+6 a
De nos jours épineux ont semé le passage. 6+6 a
De ses parfums en paix respirons les douceurs ; 6+6 b
100 Et laissant contre nous tonner ces noirs censeurs, 6+6 b
Qui, tristement rongés d’un fiel atrabilaire, 6+6 a
Ont fait un dieu, comme eux et jaloux et colère, 6+6 a
Cessons de redouter leurs funèbres tableaux, 6+6 b
Et tous leurs préjugés, de l’imposture éclos. 6+6 b
105 HEUREUX jours, où les dieux habitoient les campagnes, 6+6 a
Où Pan, Flore et Cérès, Diane et ses compagnes, 6+6 a
De mensonges rians fascinoient les mortels, 6+6 b
Et voyoient l’allégresse encenser les autels ; 6+6 b
Qu’êtes-vous devenus, beaux-jours que je regrette ! 6+6 a
110 Qu’il étoit doux alors d’habiter la retraite 6+6 a
D’une grotte, d’un bois ; et dans les champs voisins, 6+6 b
De voir l’or des épis et l’azur des raisins ! 6+6 b
Alors l’illusion, pour consoler la terre, 6+6 a
Offroit des dieux amis à l’homme solitaire, 6+6 a
115 Des dieux, qui comme lui, citoyens des hameaux, 6+6 b
Avoient connu long-tems ses plaisirs et ses maux. 6+6 b
Ces pins religieux, ces vénérables hêtres 6+6 a
Étoient l’asyle aimé des déités champêtres ; 6+6 a
Chacun d’eux, jusqu’au jour marqué par son trépas, 6+6 b
120 D’une aimable dryade enfermoit les appas : 6+6 b
Elle le défendoit des fureurs de l’orage, 6+6 a
Et pour l’homme-berger en nourrissoit l’ombrage. 6+6 a
Le raisin n’étoit pas un fruit inanimé ; 6+6 b
C’étoit Bacchus lui-même, en grappe transformé, 6+6 b
125 Sur la jeune Érigone étendant son feuillage. 6+6 a
L’amant, que trahissoit une amante volage, 6+6 a
Couché languissamment sur un lit de roseaux, 6+6 b
Contoit son infortune à la nymphe des eaux. 6+6 b
Et le bruïssement de la vague tremblante 6+6 a
130 Étoit alors pour lui cette voix consolante, 6+6 a
Dont l’amitié fidèle assoupit nos douleurs ; 6+6 b
Et l’amant soulagé laissoit tomber des pleurs. 6+6 b
RAPPELLERAI-JE ici quelle adroite imposture 6+6 a
Sut encor de nos champs ranimer la culture ? 6+6 a
135 Rival du loup vorace et du taureau meuglant, 6+6 b
L’homme, jadis sans mœurs, se repaissoit de gland, 6+6 b
Lorsque les saintes loix, créant une patrie, 6+6 a
Promirent l’abondance à l’active industrie. 6+6 a
Dans le flatteur espoir de mille biens nouveaux ; 6+6 b
140 L’homme voua ses mains à de rudes travaux : 6+6 b
Mais bientôt la fatigue épuisa son courage ; 6+6 a
Et regrettant des bois le paresseux ombrage, 6+6 a
Sa vigueur négligea de tourmenter son champ. 6+6 b
La rouille alloit enfin ronger le soc tranchant ; 6+6 b
145 Il fuyoit : tout-à-coup, père d’heureux mensonges, 6+6 a
De la fable, à ses yeux, un sage offrit les songes : 6+6 a
Il lui dit que du ciel les sublimes moteurs 6+6 b
En avoient, pour les champs, déserté les hauteurs ; 6+6 b
Que Cérès elle-même, aux mortels apparue, 6+6 a
150 Leur avoit apporté le soc de la charrue, 6+6 a
Et que ces grains dorés, nourriciers des humains, 6+6 b
Étoient encor pour eux un présent de ses mains. 6+6 b
L’homme, honteux alors de sa lâche foiblesse, 6+6 a
Du soc cultivateur admira la noblesse ; 6+6 a
155 Et fier de partager la gloire de Cérès, 6+6 b
Pesant sur la charrue, il creusa des guérets. 6+6 b
AH ! S’ils vivoient encor ces mensonges utiles, 6+6 a
Sans doute nous verrions nos plaines plus fertiles, 6+6 a
Et l’indigence en pleurs ne les ouvriroit pas ! 6+6 b
160 Mais les champs à nos yeux languissent sans appas : 6+6 b
L’orgueil de notre faste, outrageant la nature, 6+6 a
Dédaigne les mortels voués à leur culture. 6+6 a
Que serions-nous pourtant, si l’essaim des besoins 6+6 b
N’imposoit à leurs bras un long tribut de soins ? 6+6 b
165 C’est lui, qui sur le sol de leur étroit domaine 6+6 a
À l’oisive charrue aujourd’hui les ramène. 6+6 a
Ils placent sous le joug leurs taureaux vigoureux ; 6+6 b
Le soc brille, rongé par le sillon poudreux : 6+6 b
Le semeur y répand d’une égale mesure 6+6 a
170 Ce froment, que l’été doit rendre avec usure. 6+6 a
Sur les pas du semeur, la herse lentement 6+6 b
Rampe, et brisant la glèbe, encouvre le froment. 6+6 b
HOMMES laborieux, votre tâche est remplie. 6+6 a
Et vous, par qui tout naît, vit et se multiplie, 6+6 a
175 Dieux bons, dieux paternels ! C’est à vous à présent 6+6 b
De jetter sur ces grains un regard bienfaisant. 6+6 b
Ordonnez que l’amas de ces eaux suspendues, 6+6 a
Pour noyer nos sillons trop de fois répandues, 6+6 a
Ne fonde point sur eux : mais qu’errant dans les airs, 6+6 b
180 Il s’épanche en torrents sur des climats déserts ; 6+6 b
Mais qu’une douce ondée abreuve la campagne ; 6+6 a
Mais que d’un jour serein la chaleur l’accompagne ; 6+6 a
Mais que d’un verd naissant le sillon surmonté 6+6 b
De son dos inégal cache la nudité, 6+6 b
185 Et de loin à nos yeux présage l’abondance. 6+6 a
Ordonnez aux brouillards que l’automne condense, 6+6 a
Lorsqu’éteignant les feux de l’occident vermeil, 6+6 b
La nuit a ramené les heures du sommeil, 6+6 b
Dieux bons ! Ordonnez-leur que la terre humectée 6+6 a
190 Par eux d’un air impur ne soit point infectée. 6+6 a
Souvent dans les brouillards, qui couvrent l’horizon, 6+6 b
Le scorpion céleste a lancé son poison. 6+6 b
Alors de la beauté les roses se flétrissent ; 6+6 a
Du jeune-homme pâli les forces dépérissent ; 6+6 a
195 Et la tombe, sans cesse ouverte sous nos pas, 6+6 b
Appelle le vieillard des langueurs au trépas. 6+6 b
Oh ! Que de fois alors, la peste au vol immonde 6+6 a
Pour assouvir l’enfer a parcouru le monde ! 6+6 a
Hélas ! Ils sont encor présens à nos douleurs, 6+6 b
200 Ces jours rendus fameux par l’excès de malheurs, 6+6 b
Ces jours, où succombant sous ce monstre homicide, 6+6 a
Des portes de l’aurore aux colonnes d’Alcide, 6+6 a
Du foyer du midi jusqu’aux glaces du nord, 6+6 b
La moitié des humains s’engloutit dans la mort ! 6+6 b
205 VERS les bois, où se perd le sauvage Tartare, 6+6 a
Les flots empoisonnés que roule le Ténare, 6+6 a
Par un gouffre entr’ouvert le vomirent au jour. 6+6 b
Trop resserré bientôt dans cet obscur séjour, 6+6 b
Le monstre, déployant ses aîles ténébreuses, 6+6 a
210 Vole au Cathay, s’abbat sur ses villes nombreuses, 6+6 a
Les comble de mourans entassés sous des morts ; 6+6 b
Reprend son vol ; du Gange atteint les riches bords, 6+6 b
Les transforme en passant en vaste cimetière ; 6+6 a
Du superbe Mogol traverse la frontière ; 6+6 a
215 Remplit de ses poisons l’empire des sophis, 6+6 b
Les murs de Constantin, l’Arabie et Memphis ; 6+6 b
Franchit les hauts rochers, d’où le Nil roule et tombe ; 6+6 a
Fléau des nubiens, les plonge dans la tombe ; 6+6 a
Abbat le grand-négus, son peuple, ses enfans ; 6+6 b
220 Frappe la Côte D’Or, celle des éléphans ; 6+6 b
Dévaste le Zaïre, et les forêts sauvages, 6+6 a
Qui du frère du Nil couronnent les rivages ; 6+6 a
Perce du vieux Atlas les sommets orageux, 6+6 b
De cadavres infects couvre ses rocs nègeux ; 6+6 b
225 Une seconde fois fait expirer Carthage ; 6+6 a
Vole au-delà des mers jusqu’aux sources du Tage ; 6+6 a
Rend veuves d’habitans ses antiques cités ; 6+6 b
Mêle ensemble et l’ibère et le maure indomptés ; 6+6 b
Entre eux et le français quelque tems en balance, 6+6 a
230 Des monts pyrénéens sur les Alpes s’élance ; 6+6 a
Par monceaux, livre en proie à l’avide Pluton 6+6 b
Les lâches descendans d’émile et de Caton ; 6+6 b
De tous ses potentats purge la Germanie ; 6+6 a
Des ducs de la Newa punit la tyrannie ; 6+6 a
235 Ronge avec leurs troupeaux les bergers du Lapland, 6+6 b
Brave les feux d’Hécla, parcourt le Groënland, 6+6 b
Touche au pôle ; et soudain retournant sur sa trace, 6+6 a
Dévore tout le nord que l’océan embrasse, 6+6 a
S’acharne sur le belge, et dans les champs français, 6+6 b
240 Par des excès plus grands vient combler ses excès. 6+6 b
D’ABORD cédant aux coups de la Parque inhumaine, 6+6 a
Les animaux en foule accrurent son domaine. 6+6 a
Le cerf au pied léger, la chèvre au crin pendant, 6+6 b
Et le bœuf pacifique, et le coursier ardent, 6+6 b
245 Et la brebis si douce, et le chien si fidèle, 6+6 a
Et le plaintif oiseau des amans le modèle, 6+6 a
De leurs corps infectés couvrirent les chemins. 6+6 b
Le mal plus irrité passant jusqu’aux humains, 6+6 b
Bientôt on ne vit plus que de hideux fantômes, 6+6 a
250 Qui d’un air corrompu respirant les atômes, 6+6 a
Se traînoient et tomboient. Leurs yeux sombres, hagards 6+6 b
Brûloient d’un feu de sang, lançoient d’affreux regards. 6+6 b
La douceur du sommeil vainement attendue, 6+6 a
Sur leur corps tout entier une lèpre étendue, 6+6 a
255 Leurs poûmons tourmentés des accès de la toux, 6+6 b
L’insatiable soif qui les dévoroit tous, 6+6 b
Enfin de mille maux l’exécrable assemblage, 6+6 a
N’épargnant ni le rang, ni le sexe, ni l’âge, 6+6 a
Ni l’innocent amour, ni la sainte amitié, 6+6 b
260 Bientôt de nos ayeux eût ravi la moitié. 6+6 b
Ils mouroient. Chaque instant voyoit hors des murailles 6+6 a
S’avancer, tout rempli, le char des funérailles. 6+6 a
Nulle voix ne suivoit ce mobile tombeau : 6+6 b
Sans parens, sans amis, sans prêtre, sans flambeau, 6+6 b
265 Solitaire, il marchoit. À ces monceaux livides, 6+6 a
Une fosse profonde ouvroit ses flancs avides ; 6+6 a
Et dans son large sein les cadavres versés 6+6 b
Y tomboient en roulant l’un sur l’autre entassés. 6+6 b
Durant vingt mois entiers, par ce ravage horrible, 6+6 a
270 Se signala des dieux la colère terrible ; 6+6 a
Rien ne fut épargné : l’impureté des airs 6+6 b
Dépeuple tous les lieux, et les change en déserts. 6+6 b
DANS les champs fortunés, que l’Hyerre timide 6+6 a
Enrichit lentement de son tribut humide, 6+6 a
275 Long-tems aimé des cieux, un hameau, dans son sein, 6+6 b
De cent cultivateurs cachoit l’heureux essaim. 6+6 b
Détrompé de la cour, et honteux de ces brigues 6+6 a
Qui mènent aux honneurs par de viles intrigues, 6+6 a
Philamandre, au milieu des champêtres humains, 6+6 b
280 Se nourrissoit en paix du travail de ses mains. 6+6 b
D’une fille et d’un fils la vertu florissante 6+6 a
Ornoit de ce nestor la vieillesse innocente. 6+6 a
Pour lui sur le côteau mûrissoit le raisin ; 6+6 b
Cinquante agneaux paissoient l’émail d’un pré voisin ; 6+6 b
285 Quelques fleurs au printems lui formoient un parterre ; 6+6 a
Et quand des blonds épis il dépouilloit la terre, 6+6 a
Quand des flots d’un lait pur écumoient sous ses doigts, 6+6 b
Sa richesse égaloit la richesse des rois. 6+6 b
Hélas ! Qu’il dura peu le bonheur de ce sage ! 6+6 a
290 Le fléau destructeur vers lui s’ouvre un passage, 6+6 a
Emporte ses troupeaux, et rongeant les mortels, 6+6 b
Frappe l’homme sacré qui prioit aux autels : 6+6 b
Puis, du toît solitaire, où le pontife expire, 6+6 a
Sur le peuple des champs il étend son empire. 6+6 a
295 Déjà plus d’une mère a répandu des pleurs ; 6+6 b
Déjà chaque cabane est en proie aux douleurs. 6+6 b
Le vieillard, au milieu des publiques allarmes, 6+6 a
Lui seul n’a point encor à répandre des larmes. 6+6 a
Il voit Linda, Sainmaurt du fléau respectés. 6+6 b
300 Pour dérober leurs jours à ses traits infectés, 6+6 b
Dans le temple désert le vieillard se transporte ; 6+6 a
Sur lui, sur ses enfans il en scelle la porte, 6+6 a
Saisi d’un saint effroi s’avance vers l’autel, 6+6 b
L’embrasse, s’y prosterne, et s’écrie : « Immortel ! 6+6 b
305 » Des fléaux de la terre auteur impénétrable, 6+6 a
» Quand désarmeras-tu ton glaive inexorable ? 6+6 a
» Quoi ! Tu détruis ainsi l’ouvrage de tes mains ! 6+6 b
» Ne serois-tu donc plus le père des humains ? 6+6 b
» Ah ! Du moins en faveur de nos humbles chaumières, 6+6 a
310 » Rappelle, dieu clément, tes bontés coutumières ! 6+6 a
» Par cet autel sacré, d’où l’encens autrefois 6+6 b
» Vers ton trône éternel montoit avec nos voix, 6+6 b
» Par les pleurs, dont souvent j’ai baigné tes portiques, 6+6 a
» Par mes cheveux blanchis dans les travaux rustiques, 6+6 a
315 » Laisse, laisse ma race au nombre des vivans ; 6+6 b
» Cache-la dans ton temple au souffle impur des vents ; 6+6 b
» Ou s’il doit pénétrer ton auguste demeure, 6+6 a
Le premier de ma race, ordonne que je meure. » 6+6 a
IL dit. Sous l’épaisseur d’un voile ensanglanté, 6+6 b
320 Neuf fois l’astre du jour obscurcit sa clarté, 6+6 b
Et neuf fois de la nuit les ombres lui succèdent : 6+6 a
Lorsqu’enfin succombant aux terreurs qui l’obsèdent, 6+6 a
Philamandre s’endort. De la faveur des cieux 6+6 b
Un songe le berçoit. Songe fallacieux ! 6+6 b
325 Tout-à-coup un long cri l’éveille. Aux lueurs sombres, 6+6 a
Qu’une lampe mourante épanche dans les ombres, 6+6 a
Il découvre Linda, qui l’œil fixe, égaré 6+6 b
Se traîne, et va tomber sur le marbre sacré. 6+6 b
Il court avec Sainmaurt, il pleure ; et sa tendresse, 6+6 a
330 Sur son sein palpitant la soutient et la presse : 6+6 a
Mais repoussant le bras qui la veut secourir, 6+6 b
« Éloignez-vous, mon père, et laissez-moi mourir. » 6+6 b
À ces mots, et de sang et d’écume souillée, 6+6 a
Et de ses derniers pleurs la face encor mouillée, 6+6 a
335 Linda roidit son corps par ses mains déchiré. 6+6 b
Le vieillard la confie au jeune-homme éploré, 6+6 b
Et sort pour invoquer une main salutaire. 6+6 a
L’AUBE pâle guidoit sa marche solitaire. 6+6 a
Il s’avance ; et son œil ne voit de toutes parts 6+6 b
340 Que des restes meurtris sur la poussière épars. 6+6 b
De cabane en cabane à grands pas il s’élance, 6+6 a
Et par-tout, du tombeau le ténébreux silence 6+6 a
Tout est mort. Égaré, pâlissant de terreur, 6+6 b
Mais adorant encor les cieux dans leur fureur, 6+6 b
345 Il retourne éperdu vers la demeure sainte ; 6+6 a
Des hurlemens affreux en remplissoient l’enceinte. 6+6 a
Il appelle sa fille. Ô tableau déchirant ! 6+6 b
Sa fille est expirée, et son fils est mourant. 6+6 b
« Dieu cruel ! J’avois cru ta vengeance assouvie, 6+6 a
350 Et de mon fils encor tu m’arraches la vie ! 6+6 a
Achève, prends la mienne. Ô Sainmaurt, attends-moi ! 6+6 b
Je demandois au ciel de mourir avant toi ; 6+6 b
Et c’est moi, malheureux, qui vois ta dernière heure ! 6+6 a
Mes enfans ne sont plus ; je les perds… que je meure ! » 6+6 a
355 Attaché sur son fils, il pleuroit ; et la mort 6+6 b
Dans les bras paternels avoit frappé Sainmaurt. 6+6 b
Déjà d’un feu rongeur atteint jusqu’aux viscères, 6+6 a
Lui-même, il est couvert de livides ulcères. 6+6 a
Il se relève, il tombe, il meurt en gémissant, 6+6 b
360 Le dernier de sa race et d’un peuple innocent. 6+6 b
TOUS les ans, il est vrai, l’automne moins funeste 6+6 a
Ne souffle point sur nous les horreurs de la peste ; 6+6 a
Mais toujours, de brouillards resserrant l’horizon, 6+6 b
Il change la campagne en humide prison ; 6+6 b
365 Jaloux du roi brillant qui verse la lumière, 6+6 a
Dépouille ses rayons de leur chaleur première, 6+6 a
Du sang et des humeurs trouble en nous les accords, 6+6 b
Énerve notre force allume dans nos corps 6+6 b
Les ardeurs de la fièvre à la soif dévorante, 6+6 a
370 Et livre au noir ciseau notre vie expirante, 6+6 a
Aussi le dieu du mal ; jadis à ses autels, 6+6 b
En ce mois ténébreux, voyoit-il les mortels 6+6 b
Humilier leurs fronts, et tout pâles d’allarmes, 6+6 a
L’environner d’encens, de prières, de larmes. 6+6 a
375 Memphis, croyant alors que ce dieu redouté 6+6 b
Triomphoit du soleil, en voiloit la clarté, 6+6 b
Memphis du roi des airs déploroit la foiblesse : 6+6 a
« Il languit, disoit-elle, accablé de vieillesse. 6+6 a
» Qui pourra lui prêter un salutaire appui ! 6+6 b
380 » Typhon dans son courroux s’est armé contre lui. » 6+6 b
Fidèles héritiers de ces pensers funèbres, 6+6 a
Les grecs vouoient ce mois au démon des ténèbres. 6+6 a
Ils alloient, éclairés de nocturnes flambeaux, 6+6 b
Arroser de leurs pleurs la cendre des tombeaux, 6+6 b
385 Et sous le nom sacré de fêtes parentales, 6+6 a
Solliciter du Styx les déités fatales. 6+6 a
Le Capitole enfin, d’Athène imitateur, 6+6 b
Fit regner sur ce mois un dieu dévastateur, 6+6 b
Mars, qui des élémens éternisant la guerre, 6+6 a
390 Combat les dieux, amis du bonheur de la terre. 6+6 a
CEPENDANT aux rigueurs de ces fléaux divers, 6+6 b
Que le perfide automne épand sur l’univers, 6+6 b
Résigne-toi, mortel ; et foible créature, 6+6 a
Ne vas point d’injustice accuser la nature. 6+6 a
395 Elle te répondroit : « ne m’accuse de rien. 6+6 b
» Le mal est nécessaire ; il l’est comme le bien. 6+6 b
» Soumise aveuglément à ce double génie, 6+6 a
» Je cède, et je leur dois ma constante harmonie. 6+6 a
» Mais détruis un instant l’un de ces deux rivaux, 6+6 b
400 » Ce que tu crois le mieux devient l’excès des maux. 6+6 b
» Écoute ; et que ton cœur, dont la plainte m’outrage, 6+6 a
» Cesse d’imaginer un plus parfait ouvrage. 6+6 a
» Ce vent qui de la terre entrouvrant la prison, 6+6 b
» De la peste en cent lieux souffla le noir poison, 6+6 b
405 » Tu veux l’anéantir, ou du moins ne l’entendre 6+6 a
» Que murmurant à peine en zéphyr doux et tendre. 6+6 a
» Eh ! Tu ne sais donc point qu’un plus affreux revers 6+6 b
» S’en va dès ce moment ravager l’univers ? 6+6 b
» Au lieu de cette peste errante et passagère, 6+6 a
410 » Que le tems emporta sur son aîle légère, 6+6 a
» Par-tout un air infect s’apprête à t’investir. 6+6 b
» Des prés marécageux, où tu vois s’engloutir 6+6 b
» Les végétaux dissous qui corrompent l’automne ; 6+6 a
» De ces champs de bataille, où le bronze qui tonne 6+6 a
415 » De cadavres pressés forme un trône à la mort ; 6+6 b
» De ces lacs, de qui l’eau sur la fange s’endort ; 6+6 b
» Enfin du lit impur des mines, des carrières, 6+6 a
» Déjà montent vers toi des vapeurs meurtrières. 6+6 a
» Le vent, qui de ton ciel ne trouble plus la paix, 6+6 b
420 » Leur permet de s’étendre ainsi qu’un fleuve épais : 6+6 b
» Bientôt ce globe entier n’est plus qu’un gouffre immonde. 6+6 a
» C’en est fait ; et la Parque a dépeuplé le monde. 6+6 a
» Mais rappelle ces vents ; que d’un bruyant essor, 6+6 b
» Répandus sur la terre, ils y règnent encor : 6+6 b
425 » Vois-tu de mille biens leur liberté suivie ? 6+6 a
» Ils ont soufflé la mort, ils répandent la vie. 6+6 a
» Des autres élémens suis encor les effets : 6+6 b
» Par-tout aux maux qu’ils font succèdent les bienfaits. 6+6 b
» Si le feu dévorant embrase mes entrailles, 6+6 a
430 » M’ébranle, me déchire, engloutit tes murailles, 6+6 a
» Sert en foudres tonnans l’injustice des rois, 6+6 b
» Et des peuples vaincus anéantit les droits ; 6+6 b
» Ce feu, nourri des sucs que l’abeille distille, 6+6 a
» Pour te rendre le jour brille en flamme subtile : 6+6 a
435 » Tes alimens, par lui doucement préparés, 6+6 b
» Nourrissent de ton sang les ruisseaux épurés, 6+6 b
» Et lorsque j’ai perdu ma dernière verdure, 6+6 a
» Il chasse loin de toi la piquante froidure. 6+6 a
» L’eau traverse en torrens tes vallons ravagés, 6+6 b
440 » Traîne ensemble et troupeaux et pasteurs submergés, 6+6 b
» Sur l’océan d’Atlas, théâtre de naufrages, 6+6 a
» Dans toute leur fureur déchaîne les orages ; 6+6 a
» Aux vaisseaux, écrasés sous le poids des typhons, 6+6 b
» Ouvre près du Cathay des abymes sans fonds ; 6+6 b
445 » Du commerçant paisible engloutit l’industrie, 6+6 a
» Et sauve un conquérant, fléau de la patrie : 6+6 a
» Mais l’eau t’abreuve aussi. L’eau promène tes mâts 6+6 b
» Des bords où tu naquis, aux plus lointains climats, 6+6 b
» Roule en fleuves féconds, tombe en douce rosée ; 6+6 a
450 » Et la terre pour toi renaît fertilisée. 6+6 a
» Ingrat à ses bienfaits, si tu dis que son sein 6+6 b
» Étale de poisons un innombrable essaim ; 6+6 b
» Si tu veux ajouter, qu’en ses profonds abymes, 6+6 a
» Elle n’enfante l’or que pour nourrir les crimes ; 6+6 a
455 » Qu’elle arme le héros d’un glaive destructeur, 6+6 b
» Qu’elle trahit l’espoir du soc cultivateur, 6+6 b
» Et que dans ses guérets, où la rouille domine, 6+6 a
» Souvent le laboureur moissonne la famine : 6+6 a
» Moi, je t’opposerai les biens et les plaisirs, 6+6 b
460 » Qu’elle présente en foule à tes vastes desirs. 6+6 b
» Tu les verras des maux corriger l’influence, 6+6 a
» Et Typhon, comme Horus, demeurer en balance. 6+6 a
» Enfin voyant qu’au sage, ainsi qu’au scélérat, 6+6 b
» La nuit prête son ombre, et le jour son éclat. 6+6 b
465 » Dis : il faut qu’en son sein la nature rassemble 6+6 a
» Les biens mêlés aux maux, et qu’ils germent ensemble. » 6+6 a
QUE répondre à sa voix ? Ah ! D’un sort plus heureux, 6+6 b
Défendons à nos cœurs les chimériques vœux : 6+6 b
Assez de biens encor embellissent la vie. 6+6 a
470 Pour tromper les langueurs dont l’automne est suivie, 6+6 a
Rallions nos amis, et laissons au plaisir 6+6 b
Le soin de nous filer les jours d’un doux loisir ; 6+6 b
Ou si des bois jaunis perçant la solitude, 6+6 a
Ma muse s’abandonne aux rêves de l’étude, 6+6 a
475 Non loin de moi, la hâche, à grands coups redoublés, 6+6 b
Attristant les échos dans leurs grottes troublés, 6+6 b
Je m’avance ; je vois les tiges renversées, 6+6 a
Et de grandes leçons nourrissent mes pensées. 6+6 a
EH ! Comment en effet contempler froidement 6+6 b
480 Ces forêts, de la terre autrefois l’ornement, 6+6 b
Aujourd’hui par le fer de leur sol arrachées, 6+6 a
Et par tronçons épars sur le sable couchées ! 6+6 a
Ces platanes rians, sous qui d’heureux buveurs 6+6 b
Du père des raisins célébroient les faveurs ; 6+6 b
485 Et ces pins et ces ifs, dont la noire verdure 6+6 a
Repoussa trois cens ans les traits de la froidure ; 6+6 a
Ces hêtres, ces cormiers, ces frênes, ces ormeaux, 6+6 b
Qui répandoient leur sève en immenses rameaux, 6+6 b
Et le haut peuplier et le chêne robuste, 6+6 a
490 Entassés, confondus avec le frêle arbuste, 6+6 a
Ne rappellent-ils point ces sanglans bataillons, 6+6 b
Dont le bras de la guerre a jonché nos sillons ? 6+6 b
Dieux ! Comme à cet aspect mon ame consternée, 6+6 a
Des ministres de Mars a plaint la destinée ! 6+6 a
495 Si leur sang généreux, répandu pour l’honneur, 6+6 b
Du moins de la patrie eût accru le bonheur, 6+6 b
J’envîrois leur trépas. Mais ô gloire infertile ! 6+6 a
À leurs concitoyens leur mort est inutile. 6+6 a
Que dis-je ? Ils n’ont prêté leur glaive aux conquérans 6+6 b
500 Que pour mettre la terre aux chaînes des tyrans. 6+6 b
Oh ! Que j’aime bien mieux les destins honorables, 6+6 a
Dont jouiront encor ces tiges vénérables ! 6+6 a
Bien-tôt, sous l’humble toît qu’habite le malheur, 6+6 b
Elles rendront au pauvre une douce chaleur. 6+6 b
505 Dans le vague des airs, ici, je les contemple 6+6 a
Couronnant d’un lambris le haut faîte d’un temple : 6+6 a
Je les vois en remparts ceindre les flots amers, 6+6 b
Et cacher le Batave à la fureur des mers. 6+6 b
Je vois encor, je vois la superbe Venise 6+6 a
510 Sur des troncs cimentés pompeusement assise ; 6+6 a
Elle est reine des eaux. Et vous, qui destinés 6+6 b
À maîtriser Neptune et les vents mutinés, 6+6 b
De Brest et de Toulon devez couvrir l’arène, 6+6 a
Gigantesques sapins, vieux enfans de Pyrène, 6+6 a
515 Quel exemple offrez-vous à l’homme ambitieux, 6+6 b
En tombant de ces rocs, d’où vous touchiez aux cieux ! 6+6 b
VOUS viviez suspendus sur d’immenses abymes ; 6+6 a
Des glaçons, élevés au-dessus de vos cimes, 6+6 a
Vous couvroient d’une enceinte, où vos rangs plus épais 6+6 b
520 Et vos bras toujours verds se déployoient en paix ; 6+6 b
Votre auguste vieillesse insultoit aux tempêtes. 6+6 a
Les torrens à vos pieds, la foudre sur vos têtes, 6+6 a
Sans jamais vous blesser, rouloient ; et loin de vous 6+6 b
Sur des rocs déchargés se perdoit leur courroux. 6+6 b
525 Il respectoit des troncs, qui dans leur premier âge 6+6 a
Virent Cézar, Pompée errans sous leur ombrage, 6+6 a
Et mille autres héros, par un nouveau chemin, 6+6 b
Contre l’èbre indompté guidans l’aigle romain. 6+6 b
Vous désarmiez le tems : le tems à chaque lustre 6+6 a
530 Sembloit prendre plaisir à croître votre lustre. 6+6 a
Vous aviez tressailli d’orgueil, lorsque nos lys 6+6 b
Passèrent sous votre ombre, et que le grand Louis, 6+6 b
Ressuscitant les droits de sa noble compagne, 6+6 a
Choisit dans ses neveux un monarque à l’Espagne. 6+6 a
535 MAIS à quoi sert la gloire ? Hélas ! D’un fer jaloux, 6+6 b
Le grossier bucheron s’arme et frappe sur vous. 6+6 b
Envain s’agite encor votre tête indignée ; 6+6 a
C’en est fait : votre honneur tombe sous la coignée, 6+6 a
Et maintenant, ô rois, instruisez-vous ! Le sort 6+6 b
540 Frappe ainsi votre orgueil, et l’éteint dans la mort. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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