Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROL_2/ROL216
Maurice ROLLINAT
Les Névroses
1883
LES REFUGES
Les Rocs
À Victor Hugo.
Par delà les blés noirs, les froments et les seigles, 6+6 a
Loin des terrains boisés, poudreux, herbus et mous, 6+6 b
Au bord d'une rivière aux écumeux remous, 6+6 b
Ils songent, familiers des lézards et des aigles. 6+6 a
5 Aspect fantomatique, inertie et stupeur, 6+6 a
Jeunesse qui survit à des milliers d'années, 6+6 b
Silence des cœurs morts et des âmes damnées, 6+6 b
Ils ont tout ce qui trouble et tout ce qui fait peur. 6+6 a
La rivière qui hurle et moutonne à leur base 6+6 a
10 Leur devient un miroir torrentueux et fou, 6+6 b
Et, quand l'hiver la fait déborder de son trou, 6+6 b
Les cravache d'écume et les gifles de vase. 6+6 a
Au mois où le zéphyr plein de suavité 6+6 a
Emporte les parfums de la fleur qu'il balance, 6+6 b
15 L'aspic y vient montrer sa tête en fer de lance 6+6 b
Au bord de la fissure et de la cavité. 6+6 a
Anxieux, dans la brume, on dirait qu'ils attendent 6+6 a
Je ne sais quel départ aux mystiques adieux ; 6+6 b
N'ont-ils pas l'air de voir ? Et cependant point d'yeux ; 6+6 b
20 Point d'oreilles : pourtant l'on dirait qu'ils entendent. 6+6 a
Et, colosses navrés de ce pays affreux, 6+6 a
Ils alarment au loin les vallons et les côtes, 6+6 b
Car le cri des hiboux, leurs invisibles hôtes, 6+6 b
Est la funèbre voix qui sanglote pour eux. 6+6 a
25 Groupés là comme un tas de monstrueuses bêtes, 6+6 a
Ils veillent tristement, les horribles rochers, 6+6 b
Que le soleil les brûle ou qu'ils soient accrochés 6+6 b
Par les feux zigzagueurs et grondants des tempêtes ! 6+6 a
L'un dont la pointe oblongue imite un coutelas, 6+6 a
30 Et dont chaque lézarde a l'air d'une blessure, 6+6 b
Rongé de champignons, d'herbe et de moisissure, 6+6 b
Se penche avec un air effroyablement las. 6+6 a
Un autre figurant un couvercle de bière 6+6 a
Qui serait tout debout sous les grands cieux pensifs, 6+6 b
35 Fait tinter par instants sur les feuilles des ifs 6+6 b
L'éternel suintement des larmes de la pierre. 6+6 a
Et tous, diversement lépreux et bossués, 6+6 a
Rendent la solitude encore plus déserte, 6+6 b
Et par leur seul aspect qui glace et déconcerte, 6+6 b
40 Disent leurs maux soufferts et leurs ennuis sués. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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