Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROD_2/ROD192
Georges RODENBACH
Les Vies Encloses
1896
LA TENTATION DES NUAGES
X
Torpeur de certains soirs à la fin de l'été ! 6+6 a
Le ciel brûle, il est en fièvre, rouge et livide ! 6+6 b
Il est mélancolique et plein d'anxiété 6+6 a
Comme, après la musique, un jardin qui se vide. 6+6 b
5 L'aspect en change à tout instant — telle la mer ; 6+6 a
Mais le ciel est solide ; on dirait une chair 6+6 a
Que tourmente à cette heure une pensée impure, 6+6 a
Délire de malade et cauchemar du soir. 6+6 b
L'astre, comme une plaie, au bas du ciel, suppure… 6+6 a
10 Qu'est-ce qui va venir et qu'est-ce qu'on va voir ? 6+6 b
Le ciel de plus en plus est tragique ; il bouscule 6+6 a
Les nuages, comme un fiévreux ses oreillers ; 6−6 b
Couchants de l'équinoxe et de la canicule ! 6+6 a
Ici, des lacs de fiel ; là, des rayons caillés 6+6 b
15 Comme du sang ; plus loin, des fleurs empoisonnées, 6+6 a
Un moutonnement, blanc vert, de brebis mort-nées ; 6+6 a
Ah ! les tragiques soirs ! Ciel pestilentiel 6+6 a
Qui, plein d'angoisse, a l'air d'un Jardin des Olives, 6+6 b
Ou, plein de fièvre, a l'air de vendanges lascives ; 6+6 b
20 Ciel d'amour, ciel de mort, ô trop vénéneux ciel, 6+6 a
Vénéneux comme le maquillage des pitres… 6−6 a
Trouble de ces soirs lourds emplis d'exhalaisons 6+6 b
Où l'on se signe, au fond des peureuses maisons, 6+6 b
Devant un éclair brusque et qui soufre les vitres ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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