Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROD_2/ROD189
Georges RODENBACH
Les Vies Encloses
1896
LA TENTATION DES NUAGES
VII
Dans les ciels de Toussaint la pluie est humble et lente ! 6+6 a
Maladive beauté de ces ciels où des fils 6+6 b
Ont capturé notre âme en leurs réseaux subtils, 6+6 b
Écheveau qu'on croit frêle et qui nous violente ! 6+6 a
5 Quel remède à l'ennui des longs jours pluvieux ? 6+6 a
Et comment éclaircir, lorsqu'on y est en proie, 6+6 b
Le mystère de leur tristesse qui larmoie ? 6−6 b
Sont-ce les pleurs du ciel — pleurés avec quels yeux ? 6+6 a
Sont-ce les pleurs du ciel — en deuil de quelle peine ? 6+6 a
10 Car la pluie a vraiment une tristesse humaine ! 6+6 a
Pluie éparse. Elle nous atteint ! C'est comme afin 6−6 a
De nous lier à sa peine contagieuse. 6−6 b
Elle s'étend dans l'atmosphère spongieuse 4+4+4 b
Et, grise, elle renaît d'elle-même sans fin. 6+6 a
15 Pluie étrange. Est-ce un filet où l'âme se mouille 4+4+4 a
Et se débat ? Est-ce de la poussière d'eau ? 4+8 b
Ou l'effilochement fil à fil d'un rideau ? 6+6 b
Est-ce le chanvre impalpable d'une quenouille ? 4+8 a
Ou bien le ciel a-t-il lui-même des douleurs 6+6 a
20 Et pleut-il simplement les jours que le ciel pleure ? 6+6 b
Alors tout s'élucide : attraction des pleurs ! 6+6 a
La pluie apporte en nous les tristesses de l'heure ; 6+6 b
Insinuante, jusqu'en nous elle descend ; 6−6 a
Elle cherche nos pleurs et va les accroissant, 6+6 a
25 Ô pluie alimentant le réservoir des larmes ! 6+6 a
Inexorable pluie ! Apporteuse d'alarmes ! 6+6 a
Nous n'en souffrons si fort que pour prévoir un peu 6+6 a
Qu'après la pluie et les heures sombres enfuies, 6−6 b
Même lorsque le ciel sera de nouveau bleu, 6+6 a
30 Il nous faudra plus tard pleurer toutes ces pluies. 6+6 b
mètre profil métrique : 6=6
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