Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROD_1/ROD24
Georges RODENBACH
Le Règne Du Silence
1891
LE CŒUR DE L'EAU
VII
Le cœur de l'eau pensive | est un cœur nostalgique, 6+6 a
Cœur de vierge exaltée | en proie à l'idéal, 6+6 b
Qui souffre d'être seule, | et qu'aucun ne complique 6+6 a
D'un peu de bruit ce grand | calme qui lui fait mal ; 6+6 b
5 Cœur de l'eau sans tristesse | et cependant nocturne, 6+6 a
Cœur de l'eau variable | et toujours ignoré, 6+6 b
Qu'un clair d'amour sans doute | aurait édulcoré 6+6 b
Et qui s'aigrit, ô cœur | à jamais taciturne ! 6+6 a
Certes quelques reflets | hantent ce cœur de l'eau ; 6+6 a
10 Mais toute chose en y | descendant se déflore, 6−6 b
Toute chose recule | et devient incolore, 6+6 b
Y propageant un froid | d'absence et de tombeau 6+6 a
Et comme une douleur | d'adieux qui diminue… 6+6 a
L'eau n'en est que plus triste, | attendant, l'air songeur, 6+6 b
15 Quelqu'un qui ne vient pas | par la pâle avenue 6+6 a
Que les arbres mirés | enfoncent dans son cœur. 6+6 b
Hélas ! L'eau solitaire | et fantasque frissonne, 6+6 a
Elle qu'on n'aime pas | et qui n'aime personne, 6+6 a
Et qui meurt d'être seule | en cette fin du jour, 6+6 a
20 Surtout que des amants | vont devisant d'amour 6+6 a
Et sur ses bords, dans elle, | effeuillent des paroles : 6+6 a
Bouquet d'aveux que son | silence a recueilli, 6−6 b
Propos finals, lis morts | des volontés trop molles, 6+6 a
Ô pénultièmes fleurs | d'un cœur presque cueilli ! 6+6 b
25 Or ces aveux que l'eau | fiévreuse s'assimile 6+6 a
Lui donnent un émoi, | toute une anxiété 6+6 b
Comme si devenue | elle-même nubile 6+6 a
C'était enfin la fin | de sa virginité ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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