Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ROD_1/ROD16
Georges RODENBACH
Le Règne Du Silence
1891
LA VIE DES CHAMBRES
XVI
On aura beau s'abstraire | en de calmes maisons, 6+6 a
Couvrir les murs de bon | silence aux pâles ganses, 6+6 b
La vie impérieuse, | habile aux manigances, 6+6 b
À des tapotements | de doigts sur les cloisons. 6+6 a
5 Dans des chambres sans bruit | on aura beau s'enclore, 6+6 a
On aura beau vouloir, | comme je le voulais, 6+6 b
Que le miroir pensif | soit de nacre incolore, 6+6 a
Un peu de clarté filtre | à travers les volets. 6+6 b
Et l'on entend toujours | la plainte de la vie ! 6+6 a
10 Car, malgré notre vœu | d'exil, nous nous créons 6+6 b
Une âme solidaire | et qui s'identifie 6+6 a
Avec la rue en pleurs | dans les accordéons. 6+6 b
Et peut-on empêcher | ses vitres sous la pluie 6+6 a
D'être comme un visage | exsangue, couronné 6+6 b
15 Par des épines d'eau | que le vent obstiné 6+6 b
Tresse parmi le verre | en pleurs, que nul n'essuie ! 6+6 a
Vitres pâles, sur qui | les rideaux s'échancrant 6+6 a
Sont cause que toujours | la vie est regardée ; 6+6 b
Vitres : cloison lucide | et transparent écran 6+6 a
20 Où la pluie est encor | de la douleur dardée. 6+6 b
Vitres frêles, toujours | complices du dehors, 6+6 a
Où même la musique, | au loin, qui persévère, 6+6 b
Se blesse en traversant | le mensonge du verre 6+6 b
Et m'apporte sanglants | ses rythmes presque morts ! 6+6 a
25 Ainsi la vie encor | par les carreaux m'obsède, 6+6 a
Car toutes les douleurs | sans nom qu'on oubliait : 6+6 b
Les cloches, le feuillage — | éternel inquiet — 6+6 b
La pluie, et jusqu'au cri | d'une fleur qui décède, 6+6 a
Tout cela qui gémit | parmi le soir tombé 6+6 a
30 Attire mon esprit | dans les vitres, doux piège 6+6 b
Où les larmes, les glas, | les rayons morts, la neige 6+6 b
Se mêlent dans le verre | à l'azur absorbé. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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