Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
RIC_3/RIC266
Jean RICHEPIN
LA MER
1894
MARINES
X
BATAILLE DE NUIT
Nuit et tempête ! Au fond du gouffre en entonnoir 6+6 a
Le flot, le vent, le roc, des remous, des décombres ! 6+6 b
Pêle-mêle incessant ! Tout n’est que bruits et qu’ombres. 6+6 b
On ne distingue rien, tant le chaos est noir. 6+6 a
5 Attendez ! Regardez ! Ombres et bruits quelconques 6+6 a
Se précisent. Je vois un tas de combattants. 6+6 b
Les ombres sont des corps. Les bruits parlent. J’entends 6+6 b
Le tambour des galets, la trompette des conques. 6+6 a
Bataille ! Assaut ! Clameurs ! Roulements de sabots ! 6+6 a
10 Voici toute une ligne au galop qui se cabre. 6+6 b
Dans les ténèbres luit l’éclair pâle du sabre 6+6 b
Qui s’éteint brusquement sous des chairs en lambeaux. 6+6 a
Voici des chars de guerre au fracas de ferrailles, 6+6 a
Montés par des archers tout debout sur leurs bancs. 6+6 b
15 Voici leurs larges faulx traînant en longs rubans 6+6 b
Des loques de peau blême et de vertes entrailles. 6+6 a
Voici des fantassins en épais bataillons, 6+6 a
Hérissés comme un mur de piques et d’épées, 6+6 b
Où les poitrails ouverts et les faces coupées 6+6 b
20 Au fil de l’acier froid s’effrangent en haillons. 6+6 a
Et jusqu’au jour ce fut ainsi. Nuit et tempête 6+6 a
Au fond tourbillonnant du gouffre en entonnoir ! 6+6 b
Le flot, le vent, le roc, luttèrent dans le noir, 6+6 b
Aux sanglots du tambour, aux cris de la trompette. 6+6 a
25 Et lorsque vint l’aurore, après que le reflux 6+6 a
Eût tout emporté, bruits et spectres de l’orage, 6+6 b
La bataille acharnée avait si bien fait rage 6+6 b
Que, vaincus ou vainqueurs, aucun ne restait plus. 6+6 a
Mais leur mémoire encor couvrait la plage entière. 6+6 a
30 D’énormes blocs épars, où perchaient des corbeaux. 6+6 b
De tous ces guerriers morts figuraient les tombeaux. 6+6 b
Et leur champ de bataille était leur cimetière. 6+6 a
L’un près de l’autre, seuls, à l’écart, deux rochers 6+6 a
Fauves et reluisants arrondissaient leurs dômes. 6+6 b
35 Et c’étaient les deux rois de ces peuples fantômes, 6+6 b
Héros trop grands pour être ensevelis couchés, 6+6 a
Qu’on avait mis à part dans un lieu solitaire, 6+6 a
Enterrés tout debout, le front vers l’infini, 6+6 b
Et qui montrent toujours le globe d’or bruni 6+6 b
40 De leurs casques géants dressés hors de la terre. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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