Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
RIC_1/RIC34
Jean RICHEPIN
LA CHANSON DES GUEUX
1881
PREMIÈRE PARTIE
GUEUX DES CHAMPS
L’ODYSSÉE DU VAGABOND
IX
LE CHEMIN CREUX
Le long d’un chemin creux que nul arbre n’égaie, 6+6 a
Un grand champ de blé mûr, plein de soleil, s’endort, 6+6 b
Et le haut du talus, couronné d’une haie, 6+6 a
Est comme un ruban vert qui tient des cheveux d’or. 6+6 b
5 De la haie au chemin tombe une pente herbeuse 6+6 a
Que la taupe soulève en sommets inégaux, 6+6 b
Et que les grillons noirs à la chanson verbeuse 6+6 a
Font pétiller de leurs monotones échos. 6−6 b
Passe un insecte bleu vibrant dans la lumière, 6+6 a
10 Et le lézard s’éveille et file, étincelant, 6+6 b
Et près des flaques d’eau qui luisent dans l’ornière 6+6 a
La grenouille coasse un chant rauque en râlant. 6+6 b
Ce chemin est très loin du bourg et des grand’ routes. 6+6 a
Comme il est mal commode, on ne s’y risque pas. 6+6 b
15 Et du matin au soir les heures passent toutes 6+6 a
Sans qu’on voie un visage ou qu’on entende un pas. 6+6 b
C’est là, le front couvert par une épine blanche, 6+6 a
Au murmure endormeur des champs silencieux, 6+6 b
Sous cette urne de paix dont la liqueur s’épanche 6+6 a
20 Comme un vin de soleil dans le saphir des cieux, 6+6 b
C’est là que vient le gueux, en bête poursuivie, 6+6 a
Parmi l’âcre senteur des herbes et des blés, 6+6 b
Baigner son corps poudreux et rajeunir sa vie 6+6 a
Dans le repos brûlant de ses sens accablés. 6+6 b
25 Et quand il dort, le noir vagabond, le maroufle 6+6 a
Aux souliers éculés, aux haillons dégoûtants, 6+6 b
Comme une mère émue et qui retient son souffle 6+6 a
La nature se tait pour qu’il dorme longtemps. 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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