Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
REN_6/REN259
corpus Pamela Puntel
Armand RENAUD
AU BRUIT DU CANON
1871
JUSTICE D’OUTRE-TOMBE
A LA MÉMOIRE D’HENRI.REGNAULT TUÉ A MONTRETOUT
Quand Guillaume, césar vainqueur mais éphémère, 6+6 a
Après le joyeux trône aura la tombe amère, 6+6 a
Quand, sceptre en main, couvert d’un marbre noir ou blanc 6+6 b
Où l’on aura sculpté l’aigle des soldatesques, 6+6 c
5 Il ne pourra, malgré ses titres gigantesques, 6+6 c
Repousser l’humble ver qui lui mordra le flanc, 6+6 b
Il se peut que son ombre, au gouffre du mystère, 6+6 a
Doive retrouver ceux qui vécurent sur terre, 6+6 a
Et qu’il ait à revoir étrangement là-bas 6+6 b
10 Le tas des morts sanglants tués dans ses batailles, 6+6 c
Qui, les reins fracassés ou perdant leurs entrailles, 6+6 c
Au vent glacé des nuits se sont tordu les bras. 6+6 b
Et peut-être, gardant ses vieux instincts d’empire, 6+6 a
Passera-t-il fier, calme, ébauchant un sourire, 6+6 a
15 Content de lui devant ces visions d’horreur, 6+6 b
Pensant : Je suis toujours de la race des maîtres ; 6+6 c
Je reconnais ma gloire à ces fauchaisons d’êtres. 6+6 c
Qu’on rende la couronne à qui fut l’Empereur ! 6+6 b
Mais, si le droit n’est pas un vain mot, de la foule 6+6 a
20 Des combattants tombés jadis dans cette houle, 6+6 a
Sans grade, sans éclat, par soif de liberté 6+6 b
Et par soif du devoir, noble et calme, un fantôme 6+6 c
Se lèvera devant le potentat Guillaume 6+6 c
Qui roulera sur lui son regard hébété. 6+6 b
25 Le visage sera d’un jeune homme un peu sombre, 6+6 a
A l’œil profond, avec des cheveux noirs sans nombre, 6+6 a
Où tant de rêve et tant de majesté luiront 6+6 b
Que l’autre en cheveux blancs cessera d’être auguste, 6+6 c
Et malgré lui ploîra, par une force juste, 6+6 c
30 Sous tant d’amour au cœur et de génie au front. 6+6 b
Ce front, en plein milieu troué par une balle, 6+6 a
Rendra ce souvenir à l’ombre impériale 6+6 a
Que, braquant ses canons sur Paris autrefois, 6+6 b
Il entendit conter avec indifférence 6+6 c
35 La mort, à vingt-huit ans, d’un grand peintre de France, 6+6 c
Par un de ses soldats frappé du fond d’un bois. 6+6 b
Sa première surprise étant alors passé, 6+6 a
Il se redressera hautain à la pensée 6+6 a
Qu’il n’a là devant lui nul prince de son rang, 6+6 b
40 Rien qu’un chétif n’ayant jamais conduit d’armée, 6+6 a
et n’ayant jamais fait une immense fumée 6+6 a
Des villes que condamne à mort le conquérant. 6+6 b
Mais tandis que Césars restera sans couronne, 6+6 a
Voilà qu’un diadème où l’étoile rayonne 6+6 a
45 Glorifîra le front du jeune homme inspiré 6+6 b
Qui, sous un vaste dôme entouré de portiques, 6+6 c
Dans des flots de lumière aux nuances mystiques, 6+6 c
Du beau suivra sans fin le rêve immesuré. 6+6 b
L’ex-empereur et roi, sans trône, sans escorte, 6+6 a
50 Du palais triomphal n’osant franchir la porte, 6+6 a
S’affaissera pleurant. Court loisir de l’orgueil ! 6+6 b
Bientôt viendra quelqu’un pour lui marquer sa tâche, 6+6 c
Qui, le fouet à la main, rendant du cœur au lâche, 6+6 c
Lui fera balayer la poussière du seuil. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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