Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
REN_1/REN5
Armand RENAUD
Recueil intime
1881
I
L’Heure du Berger
S’IL est une heure douce | entre toutes les heures, 6+6 a
Une heure où rien d’amer | en vous ne soit resté, 6+6 b
Où les choses qu’on aime | apparaissent meilleures, 6+6 a
Où l’on arrive à Dieu | par la félicité ; 6+6 b
5 C’est quand la bien-aimée, | entre vos bras étreinte, 6+6 a
Ne voulant rien encor, | mais près de tout vouloir, 6+6 b
Répondant au désir | par une douce plainte, 6+6 a
Pensive, en s’en allant, | a murmuré : ce soir ! 6+6 b
Tout le jour vous errez | cherchant les endroits calmes, 6+6 a
10 Bercé dans votre espoir | comme dans un hamac, 6+6 b
Dédaignant l’homme avec | ses haines ou ses palmes. 6+6 a
Mais ému par ravir | et charmé par le lac. 6+6 b
Enfin le jour décline | et l’espérance augmente. 6+6 a
Vous rentrez, écoutant | tous les bruits du dehors, 6+6 b
15 Pour tâcher d’y saisir | le pas de la charmante ; 6+6 a
Et, lorsque c’est bien elle, | oh ! quel vertige alors ! 6+6 b
Cette on a du plaisir | à respirer les roses 6+6 a
Et, lorsqu’en un ciel bleu | vient l’étoile du soir, 6+6 b
Il en tombe du calme | aux fronts les plus moroses, 6+6 a
20 Comme il tombe des fleurs | du haut d’un reposoir. 6+6 b
Mais qu’est-ce que la rose | et qu’est-ce que l’étoile 6+6 a
A côté du bonheur | d’aimer et d’être aimé ? 6+6 b
Que la rose s’effeuille | et que le ciel se voile, 6+6 a
Que vous importe à vous | dans ses bras enfermé ? 6+6 b
25 O les ambitieux | qui domine la terre, 6+6 a
Artistes, inventeurs, | prophètes, conquérants, 6+6 b
Hommes qui choisissez | la route solitaire 6+6 a
Pour qu’après votre vie | on vous proclame grands, 6+6 b
Répondez ! Dans la nuit | de la tombe profonde, 6+6 a
30 S’il vous souvient encor | d’une joie ici-bas, 6+6 b
Si vous avez regret | de quelque chose au monde, 6+6 a
C’est d’une heure semblable, | ô grands morts, n’est-ce pas ? 6+6 b
Et vous qui, malheureux, | avez vécu dans l’ombre, 6+6 a
En proie aux tourments vils : | la faim avec le froid, 6+6 b
35 Et dont rien n’a fermé | les blessures sans nombre 6+6 a
Que l’éternel sommeil | dans le cercueil étroit ; 6+6 b
S’il vous advint, le temps | que dure un éphémère, 6+6 a
De presser une main | dans la vôtre, d’avoir 6+6 b
La douceur d’un baiser | à votre lèvre amère 6+6 a
40 Et l’éclair d’un amour | à votre horizon noir ; 6+6 b
Oh ! vous consentiriez, | n’est-ce pas, à revivre ? 6+6 a
A laisser les douleurs | torturer votre chair, 6+6 b
A voir, de l’aube au soir, | tomber comme du givre 6+6 a
Tout ce que vous rêviez, | tout ce qui vous fut cher ? 6+6 b
45 Pour sentir de nouveau | venir à votre lèvre 6+6 a
Ce baiser qui si haut | vous fit voler un jour, 6+6 b
Pour avoir la superbe | et l’invincible fièvre 6+6 a
Du premier rende-vous | dans le premier amour. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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