Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
REN_1/REN33
Armand RENAUD
Recueil intime
1881
III
La Crainte du Réveil
TU sais la volupté qui prête au corps une âme, 6+6 a
L’ivresse du plaisir qui berce en exaltant ; 6+6 b
Tu distilles sur moi ce charme de la femme, 6+6 a
Qui dans la chair prend source et jusqu’à Dieu s’étend. 6+6 b
5 Ton profil noble et doux, tes limpides prunelles 6+6 a
Éveillent des pensers d’héroïsme et de bien, 6+6 b
Ton corps, dans tout l’éclat des formes éternelles, 6+6 a
Serait divinisé sur un autel païen. 6+6 b
Que je parle de gloire ou cherche une caresse ; 6+6 a
10 Que je sois anxieux d’un rhythme ou d’un baiser ; 6+6 b
Que je veuille un sourire ou que l’âme m’oppresse, 6+6 a
Tu m’offres des trésors où je n’ai qu’à puiser. 6+6 b
Mais surtout, à la fin des douces agonies, 6+6 a
Quand le regard revient dans l’œil à moitié clos, 6+6 b
15 J’ai senti, sur le bord de nos lèvres unies, 6+6 a
Ton cœur verser au mien d’ineffables sanglots. 6+6 b
Oh ! par tout ce bonheur, écoute ma prière. 6+6 a
Vois ! je tombe à genoux, je t’implore ardemment ; 6+6 b
Toi-même ne va point tout réduire en poussière, 6+6 a
20 Ne parle point d’amour, ne fais point de serment. 6+6 b
Ne dis pas que tu veux m’être fidèle et sûre, 6+6 a
Charme-moi sans te plaire à des mots superflus. 6+6 b
Si tu me les disais, connais-en la mesure, 6+6 a
Si tu me les disais, je ne te croirais plus. 6+6 b
25 Craignons les mots ! les mots sont les bourreaux des choses. 6+6 a
Dès qu’un enthousiasme auguste, un amour fort, 6+6 b
Éclairent quelque part nos ténèbres moroses, 6+6 a
Le mot rampe derrière, amuse et frappe à mort. 6+6 b
Craignons les mots ! les mots changeants, les mots sans nombre 6+6 a
30 Sont comme l’eau des lacs à l’entour des donjons, 6+6 b
Les léchant humblement, réfléchissant leur ombre, 6+6 a
Jusqu’au jour d’engloutir la pierre sous les joncs. 6+6 b
Lorsque l’effleurement de tes cheveux ressemble 6+6 a
Au frisson le plus doux des brises sur la mer, 6+6 b
35 Vers un même idéal quand nous volons ensemble, 6+6 a
Dans mon cœur qui renaît il n’est plus rien d’amer. 6+6 b
Ne me rappelle pas, en disant que tu m’aimes, 6+6 a
Qu’enivré seulement on peut croire à l’amour ; 6+6 b
En disant qu’ à jamais nous resterons les mêmes, 6+6 a
40 Ne me rappelle pas qu’on peut n’aimer qu’un jour. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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