Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
REG_2/REG188
Henri de RÉGNIER
LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS
1897
LA CORBEILLE DES HEURES
L'Offrande
Dans ma corbeille d’or, j’apporte à ta beauté, 6+6 a
Silencieux, avec le geste qui les donne, 6+6 b
La fleur de mon printemps et de mon jeune été. 6+6 a
Si le verger fut prompt, la treille aussi fut bonne ; 6+6 b
5 Regarde dans ma main se gonfler lourdement 6+6 c
La grappe sans défaut qu’y suspendit l’automne. 6+6 b
Mais comme j’ai connu, hélas ! non seulement 6+6 c
La saison de la terre et la paix des collines, 6+6 a
Regarde ce que j’ai dans mon panier d’argent : 6+6 c
10 Voici des varechs verts et des algues salines 6+6 a
Et des conques de nacre où murmure la mer 6+6 b
Avec sa double voix monstrueuse et divine ; 6+6 a
Car j’ai connu l’écume éparse au flot amer ; 6+6 b
L’âpre vent a battu dune aile forcenée 6+6 c
15 Ma face d’ambre grave et mon visage clair ; 6+6 b
Aube à aube, jour à jour, année à année, 6−6 c
J’ai cueilli la fleur pâle et la perle et le fruit 6+6 a
Et chaque soir m’a dit qu’une aurore était née. 6+6 c
La Nymphe m’a donné la fleur et m’a conduit 6+6 a
20 Sur la grève où me tend, hors de l’eau, la Sirène 6+6 b
Le clair corail qui saigne et la perle qui luit. 6+6 a
Car j’ai connu le flot et connu la fontaine, 6+6 b
L’onde douce qui chante aux vasques en tremblant 6+6 c
Et l’eau verte qui bave au roc qui la refrène ; 6+6 b
25 Et si mon pas hésite et s’attarde plus lent, 6+6 c
C’est que je porte aussi une double corbeille, 6+6 a
L’une tressée en or, l’autre faite d’argent. 6+6 c
Accepte le fruit mûr et penche ton oreille 6+6 a
Sur la conque où gémit le refrain de mes jours, 6+6 b
30 Tristesse qui s’endort ou douleur qui sommeille ; 6+6 a
Voici la fleur légère et voici le fruit lourd, 6+6 b
Accepte-les de moi pour, hélas ! en apprendre 6+6 c
Mon éternel Espoir en route vers l’Amour. 6+6 b
Au-dessus de ta porte aussi je veux suspendre 6+6 c
35 La flûte où j’ai chan la douceur d’un beau soir 6+6 a
Et le sablier vide où j’ai vu l’heure en cendre. 6+6 c
Mon éternel Amour en route vers l’Espoir 6+6 a
Voue à tes douces mains, que la fleur fait divines, 6+6 b
Avec la grappe d’or que mûrit le cep noir, 6+6 a
40 La faucille terrestre et les rames marines. 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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