Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
REG_2/REG127
Henri de RÉGNIER
LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS
1897
LES ROSEAUX DE LA FLÛTE
Le Départ
Nous partirons. Voici | l’aurore, et le vent pâle 6+6 a
De l’aube a ridé l’herbe | aux jointures des dalles 6+6 a
Où, sur la pierre en feu, | gratte et piaffe au dehors 6+6 b
Le dur sabot de fer | auprès du sabot d’or, 6+6 b
5 Car mon cheval est lourd | et le tien est ailé 6+6 a
Peut-être, et les dieux bons, | en secret, ont mêlé 6+6 a
Un destin de déesse | à mon sort de mortel. 6+6 b
Partons. Le fruit coupé | jute encor sur l’autel ; 6+6 b
L’encens fume à travers | les guirlandes encore 6+6 a
10 Quittons le seuil enfin | que la porte va clore ; 6+6 a
Les chiens de porte en porte | aboieront sur nos pas, 6+6 b
Car dans la vie immense | on ne nous connaît pas. 6+6 b
Vers quel soir, heure à heure, | allons-nous à jamais ? 6+6 a
Le laurier croît, hélas ! | à l’ombre du cyprès, 6+6 a
15 La route où l’on s’en va | ramène d’où l’on vient… 6+6 b
Reverrons-nous encor | cet enclos ancien 6+6 b
Et ses murs blancs et les | fenêtres où se pose 6−6 a
Jusqu’aux vitres en feu | la bouche en sang des roses, 6+6 a
Et l’âtre où, dans l’espoir | de la dernière nuit, 6+6 b
20 La cendre tiède qui | d’hier fait aujourd’hui 6+6 b
A réchauffé l’adieu | de nos deux mains tendues ? 6+6 a
Reverrons-nous, un jour, | au bout de l’avenue, 6+6 a
Le clair verger, le doux | jardin, les treilles mûres, 6+6 b
La corde au puits qui grince | et les clefs aux serrures 6+6 b
25 Et les bassins, les grands | bassins graves où j’ai, 6+6 a
Don propitiatoire, | en partant, égorgé 6+6 a
Et, goutte à goutte, vu, | sur le marbre de l’eau. 6+6 b
Le cou du cygne blanc | saigner sous le couteau ? 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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