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F = "e" féminin
| = césure
REG_1/REG74
Henri de RÉGNIER
La Cité des eaux
1902
L'HOMME ET LES DIEUX
L'HOMME ET LES DIEUX
La terre est chaude encor de son passé divin. 6+6 a
Les dieux vivent dans l'homme, ainsi que dans le vin 6+6 a
L'ivresse couve, attend, palpite, songe et bout 6+6 b
Avant de se dresser dans le buveur debout 6+6 b
5 Qui sent monter en lui, de sa gorge à son front, 6+6 a
Et d'un seul trait, sa flamme brusque et son feu prompt. 4+4+4 a
Les dieux vivent en l'homme et sa chair est leur cendre. 6+6 b
Leur silence prodigieux se fait entendre 8+4 b
A qui sait écouter leurs bouches dans le vent. 6+6 a
10 Tant que l'homme vivra, les dieux seront vivants ; 6+6 a
C'est pourquoi va, regarde, écoute, épie et sache 6+6 b
Voir la torche éclatante au poing que l'ombre cache. 6+6 b
Contemple, qu'elle fuie ou qu'elle dorme, l'eau, 6+6 a
Qu'elle soit source ou fleuve et fontaine on ruisseau, 6+6 a
15 Jusqu'à ce que s'étire ou se réveille en elle 6+6 b
La Naïade natale et la Nymphe éternelle. 6+6 b
Observe si longtemps le pin, l'orme ou le rouvre 6+6 a
Que le tronc se sépare et que l'écorce s'ouvre 6+6 a
Sur la Dryade nue et qui rît d'en sortir ! 6+6 b
20 L'univers obéit à ton vaste désir. 6+6 b
Si ton âme est farouche et pleine de rumeurs 6+6 a
Hautaines, tu verras dans le soleil qui meurt, 6+6 a
Parmi son sang qui coule et sa pourpre qui brûle, 6+6 b
Le bûcher toujours rouge où monte encor Hercule, 6+6 b
25 Lorsque tressaille en nous, en un songe enflammé, 6+6 a
La justice pour qui son bras fort fut armé. 6+6 a
C'est ainsi que dans tout, le feu, l'eau, l'arbre, l'air, 6+6 b
Le vent qui vient du mont ou qui va vers la mer, 6+6 b
Tu trouveras l'écho de ce qui fut divin, 6+6 a
30 Car l'argile à jamais garde le goût du vin ; 6+6 a
Et tu pourras, à ton oreille, entendre encore 6−6 b
La Sirène chanter et hennir le Centaure, 6+6 b
Et, quand tu marcheras, ivre du vieux mystère 6+6 a
Dont s'est paré jadis le passé de la terre, 6+6 a
35 Regarde devant toi ce qui reste de lui 6+6 b
Dans la clarté de l'aube et l'ombre de la nuit, 6+6 b
Et sache que tu peux, au gré de ton délire, 6+6 a
Faire du bouc barbu renaître le Satyre, 6+6 a
Que ce cheval, là-bas, qui peine sous le joug 6+6 b
40 Au dur sillon, si tu le veux, peut tout à coup, 6−6 b
Frappant d'un sabot d'or la motte qu'il écrase, 6+6 a
Aérien, ailé, vivant, être Pégase : 6+6 a
Car tu es homme et l'homme a gardé dans ses yeux 6+6 b
Le pouvoir éternel de refaire des dieux. 6+6 b
mètre profil métrique : 6=6
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