Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
PRU_2/PRU95
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Solitudes
1867
DERNIÈRE SOLITUDE
Dans cette mascarade immense des vivants 6+6 a
Nul ne parle à son gré ni ne marche à sa guise ; 6+6 b
Faite pour révéler, la parole déguise, 6+6 b
Et la face n'est plus qu'un masque aux traits savants. 6+6 a
5 Mais vient l'heure où le corps, infidèle ministre, 6+6 a
Ne prête plus son geste à l'âme éparse au loin, 6+6 b
Et, tombant tout à coup dans un repos sinistre, 6+6 a
Cesse d'être complice et demeure témoin. 6+6 b
Alors l'obscur essaim des arrière-pensées, 6+6 a
10 Qu'avait su refouler la force du vouloir, 6+6 b
Se lève et plane au front comme un nuage noir 6+6 b
Où gît le vrai motif des œuvres commencées ; 6+6 a
Le cœur monte au visage, où les plis anxieux 6+6 a
Ne se confondent plus aux lignes du sourire ; 6+6 b
15 Le regard ne peut plus faire mentir les yeux, 6+6 a
Et ce qu'on n'a pas dit vient aux lèvres s'écrire. 6+6 b
C'est l'heure des aveux. Le cadavre ingénu 6+6 a
Garde du souffle absent une empreinte suprême, 6+6 b
Et l'homme, malgré lui redevenant lui-même, 6+6 b
20 Devient un étranger pour ceux qui l'ont connu. 6+6 a
Le rire des plus gais se détend et s'attriste, 6+6 a
Les plus graves parfois prennent des traits riants ; 6+6 b
Chacun meurt comme il est, sincère à l'improviste : 6+6 a
C'est la candeur des morts qui les rend effrayants. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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