Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
PRU_2/PRU51
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Solitudes
1867
LA GRANDE ALLÉE
C'est une grande allée à deux rangs de tilleuls. 6+6 a
Les enfants, en plein jour, n'osent y marcher seuls, 6+6 a
Tant elle est haute, large et sombre. 8 b
Il y fait froid l'é presque autant que l'hiver ; 6+6 c
5 On ne sait quel sommeil en appesantit l'air, 6+6 c
Ni quel deuil en épaissit l'ombre. 8 b
Les tilleuls sont anciens ; leurs feuillages pendants 6+6 a
Font muraille au dehors et font voûte au dedans, 6+6 a
Taillés selon leurs vieilles formes ; 8 b
10 L'écorce en noirs lambeaux quitte leurs troncs fendus ; 6+6 c
Ils ressemblent, les bras l'un vers l'autre tendus, 6+6 c
À des candélabres énormes ; 8 b
Mais en haut, feuille à feuille, ils composent leur nuit : 6+6 a
Par les jours de soleil pas un caillou ne luit 6+6 a
15 Dans le sable dur de l'allée, 8 b
Et par les jours de pluie à peine l'on entend 6+6 c
Le dôme vert bruire, et, d'instant en instant, 6+6 c
Tomber une goutte isolée. 8 b
Tout au fond, dans un temple en treillis dont le bois, 6+6 a
20 Par la mousse pourri, plie et rompt sous le poids 6+6 a
De la vigne vierge et du lierre, 8 b
Un amour malin rit, et de son doigt cassé 6+6 c
Désigne encore au loin les cœurs du temps passé 6+6 c
Qu'ont meurtris ses flèches de pierre. 8 b
25 À toute heure on sent là les mystères du soir : 6+6 a
Autour de la statue impassible on croit voir 6+6 a
Deux à deux voltiger des flammes. 8 b
L'esprit du souvenir pleure en paix dans ces lieux ; 6+6 c
C'est là que, malgré l'âge et les derniers adieux, 6+6 c
30 Se donnent rendez-vous les âmes, 8 b
Les âmes de tous ceux qui se sont aimés là, 6+6 a
De tous ceux qu'en avril le dieu jeune appela 6+6 a
Sous les roses de sa tonnelle ; 8 b
Et sans cesse vers lui montent ces pauvres morts ; 6+6 c
35 Ils viennent, n'ayant plus de lèvres comme alors, 6+6 c
S'unir sur sa bouche éternelle. 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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