Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
PRU_1/PRU41
René-François SULLY PRUDHOMME
Les Vaines Tendresses
1875
SURSUM CORDA
Si tous les astres, ô Nature, 8 a
Trompant la main qui les conduit, 8 b
S'entre-choquaient par aventure 8 a
Pour se dissoudre dans la nuit ; 8 b
5 Ou comme une flotte qui sombre, 8 a
Si ces foyers, grands et petits, 8 b
Lentement dévorés par l'ombre, 8 a
Y disparaissaient engloutis, 8 b
Tu pourrais repeupler l'abîme, 8 a
10 Et rallumer un firmament 8 b
Plus somptueux et plus sublime, 8 a
Avec la terre seulement ! 8 b
Car il te suffirait, pour rendre 8 a
À l'infini tous ses flambeaux, 8 b
15 D'y secouer l'humaine cendre 8 a
Qui sommeille au fond des tombeaux, 8 b
La cendre des cœurs innombrables, 8 a
Enfouis, mais brûlants toujours, 8 b
Où demeurent inaltérables 8 a
20 Dans la mort d'immortels amours. 8 b
Sous la terre, dont les entrailles 8 a
Absorbent les cœurs trépassés, 8 b
En six mille ans de funérailles 8 a
Quels trésors de flamme amassés ! 8 b
25 Combien dans l'ombre sépulcrale 8 a
Dorment d'invisibles rayons ! 8 b
Quelle semence sidérale 8 a
Dans la poudre des passions ! 8 b
Ah ! que sous la voûte infinie 8 a
30 Périssent les anciens soleils, 8 b
Avec les éclairs du génie 8 a
Tu feras des midis pareils ; 8 b
Tu feras des nuits populeuses, 8 a
Des nuits pleines de diamants, 8 b
35 En leur donnant pour nébuleuses 8 a
Tous les rêves des cœurs aimants ; 8 b
Les étoiles plus solitaires, 8 a
Éparses dans le sombre azur, 8 b
Tu les feras des cœurs austères 8 a
40 Où veille un feu profond et sûr ; 8 b
Et tu feras la blanche voie 8 a
Qui nous semble un ruisseau lacté, 8 b
De la pure et sereine joie 8 a
Des cœurs morts avant leur été ; 8 b
45 Tu feras jaillir tout entière 8 a
L'antique étoile de Vénus 8 b
D'un atome de la poussière 8 a
Des cœurs qu'elle embrasa le plus ; 8 b
Et les fermes cœurs, pour l'attaque 8 a
50 Et la résistance doués, 8 b
Reformeront le zodiaque 8 a
Où les Titans furent cloués ! 8 b
Pour moi-même enfin, grain de sable 8 a
Dans la multitude des morts, 8 b
55 Si ce que j'ai d'impérissable 8 a
Doit scintiller au ciel d'alors, 8 b
Qu'un astre généreux renaisse 8 a
De mes cendres à leur réveil ! 8 b
Rallume au feu de ma jeunesse 8 a
60 Le plus clair, le plus chaud soleil ! 8 b
Rendant sa flamme primitive 8 a
À Sirius, des nuits vainqueur, 8 b
Fais-en la pourpre encor plus vive 8 a
Avec tout le sang de mon cœur ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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