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| = césure
PON_1/PON91
Raoul PONCHON
La muse au cabaret
1920
PROPOS DE TABLE
IBSEN
À Charles Maurras.
L’œuvre entière du « géant du Nord »
m’apparaît comme un cadavre dans une
chambre d’hôtel meublé, au bas
crépuscule de l’hiver.
Léon Daudet.
Ibsen n’est plus ! Sa mort évoque 8 a
En moi cette bizarre époque 8 a
— Voilà bien des ans… quelque vingt 8 b
Où la plupart de nos critiques 8 c
5 Firent à son art dramatique 8 c
Le succès que l’on sait. « Enfin ! 8 b
Disaient-ils — Voici du théâtre 8 a
Profond, tour à tour et folâtre, 8 a
Et lumineux comme l’Été. » 8 b
10 Alors que c’était, au contraire, 8 c
Un vrai magma d’ennui polaire 8 c
Et d’impénétrabilité. 8 b
N’importe. Ce théâtre sombre, 8 a
Compris ou non par le grand nombre, 8 a
15 Fut adopté d’un cœur léger ; 8 b
Au surplus, que de gens, en France, 8 c
Vont admirant, de confiance, 8 c
Tout ce qui vient de l’étranger. 8 b
Ceux-là — je parle du Vulgaire — 8 a
20 De ceux qui ne comprenaient guère, 8 a
Et disaient : je n’ai pas compris, 8 b
Étaient renvoyés à leurs douches, 8 c
Par nos Ibséniens farouches, 8 c
Et traités de poissons pourris. 8 b
25 On voyait de puissants esthètes, 8 a
Des « Art nouveau », de fortes têtes, 8 a
Qui se découvraient tout à coup 8 b
Des affinités scandinaves, 8 c
Et bouillonnaient comme des laves, 8 c
30 Quand on n’était pas de leur goût. 8 b
Ibsen… ce fut là son sort pire ! 8 a
L’emportait autant sur Shakespeare. 8 a
Qu’ils n’avaient peut-être point lu, 8 b
Comme fait le Vin sur la lie, 8 c
35 Ou bien, ma petite chérie, 8 c
Sur un nègre d’Honolulu… 8 b
Nos classiques, nos romantiques 8 a
Étaient des préjugés gothiques, 8 a
Pour ces messieurs… du rococo ; 8 b
40 Molière, une pauvre guimbarde, 8 c
Corneille, un fantôme de barde, 8 c
Le père Hugo, un vieux coco. 8 b
Rappelez-vous les snobinettes, 8 a
Les jeunes Botticellinettes !… 8 a
45 Elles eurent tôt établi 8 b
Que, pour bien comprendre le Maître, 8 c
Il fallait, au préalable, être 8 c
Coiffée à la Botticelli ! 8 b
Et toutes ces petites folles 8 a
50 Pataugeaient emmi les symboles, 8 a
Comme dans un bain de clarté. 8 b
Et l’on nous dira que la femme 8 c
N’est qu’une toute petite âme… 8 c
Possible — mais quelle santé ! 8 b
***
55 Cependant, des esprits contraires, 8 a
Et, dans un sens, plus téméraires, 8 a
Traitaient Ibsen de turlupin, 8 b
Disant que son « Canard sauvage » 8 c
Dont on faisait si grand tapage, 8 c
60 N’était, en somme, qu’un… lapin. 8 b
J’entends encore feu « notre oncle » 8 a
Exaspéré comme un furoncle, 8 a
Notre oncle un peu traînard en Art, 8 b
Criant, comme un damné de Dante, 8 c
65 À l’ibsénité révoltante, 8 c
Quand on lui posa ce « canard ». 8 b
Mon Dieu !… le tout est de s’entendre 8 a
Ibsen, un génie, à tout prendre, 8 a
Est au dessus de ces débats. 8 b
70 Il nous faut garder ce grand homme 8 c
De ceux qui le déifient, comme 8 c
De ceux qui n’en font qu’un repas. 8 b
Quoi qu’il en soit, ce vieux burgrave 8 a
Brille au firmament scandinave. 8 a
75 Mais si, pour nous, Français, il luit 8 b
Comme un soleil, et nous transporte, 8 c
Ce ne doit être, en quelque sorte, 8 c
Que comme un « soleil de minuit. » 8 b
mètre profil métrique : 8
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