Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
POL_1/POL9
Jean POLONIUS
Poésies
1827
STANCES I
Tu triomphes ! le monde à ses jeux te rappelle ; 6+6 a
Le nuage a passé : tu renais au bonheur, 6+6 b
Comme aux vents printaniers l’herbe se renouvelle ; 6+6 a
Tu ris, tu crois encore à la brise infidèle, 6+6 a
5 Et moi, je reste seul dans la nuit de mon cœur ! 6+6 b
Souviens-toi de ces temps d’abandon et d’outrage, 6+6 a
Ou ce monde inconstant t’exilait de son sein ; 6+6 b
Où, chaque jour, en butte aux flèches de sa rage, 6+6 a
Ton front cherchait partout un refuge a l’orage, 6+6 a
10 Trop heureux que l’oubli le sauvât du dédain. 6+6 b
Qui partagea tes maux ? qui recueillit tes larmes ? 6+6 a
Quand tous les cœurs fuyaient, qui t’apporta son cœur ? 6+6 b
De toi seule occupé, qui respecta tes charmes, 6+6 a
Quand le temps, quand le sort, tout lui donnait des armes, 6+6 a
15 Pour dompter tes refus et vaincre ta pudeur ? 6+6 b
Ton souffle me touchait : sa chaleur enivrante 6+6 a
M’embrasait, m’agitait de désirs frémissants ; 6+6 b
Et de tes yeux en pleurs chaque goutte brûlante 6+6 a
Tombant, tombant sur moi comme une lave ardente, 6+6 a
20 Semblait d’un feu subtil inonder tous mes sens. 6+6 b
Ah ! si, de mes désirs suivant l’impatience, 6+6 a
J’avais livré mon âme à leur essor sans frein, 6+6 b
Pouvais-tu de l’Amour repousser la puissance ? 6+6 a
Pouvais-tu résister, quand la reconnaissance 6+6 a
25 Venait plaider pour lui dans le fond de ton sein ? 6+6 b
Sous le fardeau du sort tu restais abattue ; 6+6 a
Tu ne combattais plus : tu cédais au malheur. 6+6 b
Je te voyais sans force à mes pieds étendue, 6+6 a
Pareille à la colombe, aveuglée, éperdue, 6+6 a
30 Qu’un éclair fait tomber aux pieds de l’oiseleur. 6+6 b
Mais honte à qui reçoit de la beauté qu’il aime 6+6 a
Un don qu’elle abandonne et livre sans transport ! 6+6 b
Quoique ce don pour moi fût le bonheur suprême, 6+6 a
Je voulais le devoir à toi, rien qu’à toi-même ; 6+6 a
35 Mon cœur était trop fier pour l’accepter du sort. 6+6 b
En vain tout s’unissait pour servir ma tendresse ; 6+6 a
En vain mes sens émus me criaient : «Sois heureux !» 6+6 b
Mon orgueil te sauva de ta propre faiblesse ; 6+6 a
J’arrêtai de mon sang l’impétueuse ivresse ; 6+6 a
40 J’étouffai sous ma main ses battements affreux. 6+6 b
Tu ne les as pas vus, tu n’as pu les connaître, 6+6 a
Ces combats, ces tourments, sans témoins et sans bruit ! 6+6 b
Ils sont morts dans mon sein, morts sans oser paraître, 6+6 a
Comme ces feux impurs qu’un air brûlant fait naître, 6+6 a
45 Et qui, fils de la nuit, expirent dans la nuit. 6+6 b
Que dis-je ? il a fallu les cacher à Dieu même ! 6+6 a
T'aimer était un crime ; et mes frôles désirs, 6+6 b
Trop heureux d’échapper au céleste anathème, 6+6 a
Ne devaient pas monter vers le trône suprême 6+6 a
50 De celui qui, d’en haut, recueille nos soupirs. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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