Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
POL_1/POL7
Jean POLONIUS
Poésies
1827
LE MYSTÈRE
Je ne chanterai pas | sous un nom fabuleux 6+6 a
Les traits de celle qui m’est chère. 8 b
Que d’autres sur un luth vulgaire, 8 b
Usurpant, sans aimer, | le langage amoureux, 6+6 a
5 Célèbrent leur Thémire, | invoquent leur Glycère ; 6+6 c
Moi qui fuis, moi qui hais | toute vaine chimère, 6+6 c
Je ne chanterai pas | sous ces noms fabuleux 6+6 a
Les traits de celle qui m’est chère. 8 c
Je croirais dans mon cœur | profaner ton autel, 6+6 a
10 Si j’osais t’adresser | ce culte de mensonge. 6+6 b
Ce que tu m’inspiras | fut trop vrai, trop réel ; 6+6 a
Je ne veux pas chanter un songe. 8 b
Non ; plutôt qu’a ce point | j’avilisse ma voix, 6+6 a
Que ma lyre en éclats | se brise sous mes doigts. 6+6 a
15 Si ma bouche a parlé | comme a senti mon âme, 6+6 a
Si ma muse alluma | les rayons de sa flamme 6+6 a
Au flambeau de l’amour | et de la vérité, 6+6 a
Qu’est-il besoin d’un nom | pour assurer ta gloire ? 6+6 b
Sans lui, sans lui mes chants | sauront sur ta mémoire 6+6 b
20 Réfléchir l’humble honneur | qu’ils auront mérité ; 6+6 a
Mais s’il faut que du temps | l’abîme les dévore, 6+6 a
Si leur frêle existence | est promise au néant, 6+6 b
Le prestige d’un nom sonore 8 a
Ne les sauvera pas | du sort qui les attend. 6+6 b
25 Que sur moi, la satire | épuise en paix sa rage, 6+6 a
Mais qu’elle épargne au moins | l’objet de mon amour ! 6+6 b
Si j’ai semé du vent, | j’affronterai l’orage, 6+6 a
Mais sans livrer ta tête | à la honte, à l’outrage, 6+6 a
Sans traîner mon amante | à la clarté du jour. 6+6 b
30 Que ton nom pour jamais | se dérobe à sa vue ! 6+6 a
Que la nuit do mon cœur | le cache à l’univers ! 6+6 b
Qu’il soit comme un écho | qui dort dans les déserts, 6+6 b
Comme une étoile sous la nue, 8 a
Comme une perle au fond des mers ! 8 b
35 Quand l’oiseau des forêts | chante dans la nuit sombre, 6+6 a
Ses sons mystérieux | n’en ont que plus d’appas ; 6+6 b
Je veux qu’ainsi mon luth | retentisse dans l’ombre, 6+6 a
Que la foule l’entende, | et ne le voie pas ! 6+6 b
Et vous, coulez, mes vers, | comme une eau souterraine 6+6 a
40 Inconnue aux bergers, | invisible aux troupeaux, 6+6 b
Coulez, et dérobez | votre source incertaine ; 6+6 a
C’est au dieu seul de la fontaine 8 a
À connaître le roc | d’où jaillissent ses eaux. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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