Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
POL_1/POL26
Jean POLONIUS
Poésies
1827
LE SOLEIL D’AUTOMNE
Quand l’automne est presque finie, 8 a
Et que tout semble dans les vents 8 b
Annoncer les derniers moments 8 b
De la nature à l’agonie, 8 a
5 Souvent un beau soleil d’été 8 a
Se lève sur les paysages, 8 b
Et vient visiter les bocages 8 b
Qu’il dédaigna dans leur beauté. 8 a
Mais les bois ont perdu leurs teintes ; 8 a
10 Mais les oiseaux sont envolés ; 8 b
Tous les parfums sont exhalés, 8 b
Toutes les voix se sont éteintes. 8 a
Ce lac, aux bords délicieux, 8 a
A l’onde autrefois si limpide, 8 b
15 Aujourd’hui jaunâtre et fangeux 8 a
Ne roule plus qu’une eau fétide. 8 b
Ce tronc, qui fut jadis ormeau, 8 a
N’a gardé qu’une feuille morte, 8 b
Qui seule attend sur son rameau 8 a
20 Que le vent se lève et l’emporte. 8 b
C’en est fait : le divin rayon 8 a
A trop tard commencé de luire ; 8 b
Il ne reste pas un gazon, 8 a
Pas une fleur pour lui sourire. 8 b
25 Ainsi, quand j’aurai vu pâlir 8 a
De mes ans la fleur printanière, 8 b
Lorsque dans la nature entière 8 b
Tout me dira qu’il faut mourir, 8 a
Peut-être alors à ma vieillesse 8 a
30 Le sort offrira-t-il enfin 8 b
L’être charmant que ma jeunesse 8 a
Aura cherché longtemps en vain. 8 b
Mais sur les roses de ma vie 8 a
Le vent d’automne aura passé ; 8 b
35 Ma tête, hélas ! sera blanchie, 8 a
Mon œil éteint, mon sang glacé. 8 b
Feuille vieillie et languissante, 8 a
Que m’importe qu’enfin l’amour 8 b
De sa lumière consolante 8 a
40 Vienne éclairer mon dernier jour ? 8 b
Aux rameaux de l’arbre de vie 8 a
A peine un fil me retiendra, 8 b
Et le soleil ne brillera 8 b
Que pour me voir tomber flétrie. 8 a
45 Je mourrai sans avoir vécu, 8 a
Mélancolique et solitaire, 8 b
Sans que pour moi, sur cette terre, 8 b
Un seul cœur ait jamais battu. 8 a
Je mourrai, mais trop tard encore ; 8 a
50 Car, avant de fermer les yeux, 8 b
J’aurai pu d’un sort plus heureux 8 b
Entrevoir un moment l’aurore. 8 a
Un autre, hélas ! héritera 8 a
De ce bien, trop tardif à naître ; 8 b
55 Un autre à mes vœux ravira 8 a
Celle qui m’eût aimé peut-être. 8 b
Et moi, silencieux témoin, 8 a
L’œil morne et chargé de tristesse, 8 b
Je les verrai passer de loin 8 a
60 Brillants d’amour et de jeunesse. 8 b
Je verrai de ce couple heureux 8 a
Le souffle dans l’air se confondre, 8 b
Les yeux interroger les yeux, 8 a
Les regards aux regards répondre. 8 b
65 Hélas ! je ne gémirai pas 8 a
De la perte de tant de charmes ; 8 b
Je ne verserai pas de larmes ; 8 b
Car, qui me plaindrait ici-bas ? 8 a
Mais je détournerai la tête 8 a
70 De ce spectacle de bonheur ; 8 b
Et si de ma douleur muette 8 a
L’excès n’a pas brisé mon cœur, 8 b
Dieu seul et moi pourrons connaître 8 a
Ce que pèse un dernier soupir 8 b
75 Qu’exhale encore le Désir, 8 b
Quand l’Espérance a cessé d’être. 8 a
mètre profil métrique : 8
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