Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
POL_1/POL22
Jean POLONIUS
Poésies
1827
ADIEUX A MADAME PASTA
Hélas ! rapide météore, Trop vite elle a fui loin de nous.
BÉRANGER.
Tu vas partir : vers un autre rivage, 4+6 a
Sourde à nos vœux, tu diriges tes pas. 4+6 b
Ah ! quels succès vaudront le pur hommage 4+6 a
Qu’en t’admirant je t’adressais tout bas ? 4+6 b
5 Comme un oiseau venu d’une autre terre, 4+6 a
Un seul moment a nos yeux tu parus. 4+6 b
Tu disparais ; mais ta voix passagère 4+6 a
Laisse un écho qui ne s’éteindra plus. 4+6 b
Combien de fois cette voix ravissante, 4+6 a
10 Pareille au chant d’un ange de bonheur, 4+6 b
Sut dissiper la troupe fatigante 4+6 a
Des maux sans nom qui pesaient sur mon cœur ! 4+6 b
Dans ces palais, où règne la Folie, 4+6 a
Dans ces concerts, où la Futilité, 4+6 b
15 Plus que le Goût, invite l’Harmonie 4+6 a
Comme un secours à la satiété, 4+6 b
Ton charme seul me ramenait encore, 4+6 a
Et j’oubliais, enivré par tes chants, 4+6 b
Le sombre ennui qui souvent m’y dévore 4+6 a
20 Au seul aspect de tant d’indifférents. 4+6 b
Tu m’arrachais aux murmures frivoles 4+6 a
Des êtres vains que la nuit rassemblait, 4+6 b
Au triste soin d’écouter leurs paroles, 4+6 a
Ou d’en chercher quand mon cœur se taisait, 4+6 b
25 Honneur à toi ! — Quand la Mode ignorante 4+6 a
Jette les fleurs au hasard et sans choix, 4+6 b
J’ai vu qu’au moins sa couronne flottante 4+6 a
Au vrai talent peut tomber une fois. 4+6 b
Honneur à toi ! — Quand la Froideur légère 4+6 a
30 A tout glacé de son souffle mortel, 4+6 b
Tu m’as prouvé qu’en ton cœur solitaire 4+6 a
La Passion garde encore un autel ; 4+6 b
Que pour toucher, pour ébranler notre âme, 4+6 a
La tienne au moins sent, ou pourrait sentir 4+6 b
35 Tout ce qui meut, exalte, élève, enflamme, 4+6 a
Tout ce qu’en vain l'on tache de flétrir. 4+6 b
Seul, immobile, inconnu dans la presse, 4+6 a
Je t’admirais, sans fracas, sans élans ; 4+6 b
J’aurais tremblé qu’un geste, un mot d’ivresse, 4+6 a
40 Me pût ravir un seul de tes accents. 4+6 b
Je hais ces cris, ce bruit, ce zèle extrême, 4+6 a
Stérile ardeur, tumultueux éclats, 4+6 b
Par où l’Ennui se fait croire à lui-même 4+6 a
Qu’il applaudit ce qu’il ne comprend pas. 4+6 b
45 En vain brillaient cent beautés séduisantes ; 4+6 a
Je ne voyais, je n’entendais que toi ; 4+6 b
Flambeaux, rubis, parures éclatantes, 4+6 a
Tout s’effaçait ; je n’étais plus à moi… 4+6 b
J’étais Tancrède, alors que, la trompette 4+6 a
50 L’avertissant que le camp va s’ouvrir, 4+6 b
Il tient son glaive élevé sur sa tête, 4+6 a
Et fait serment de vaincre ou de mourir. 4+6 b
En contemplant Juliette expirée, 4+6 a
Je devenais, j’étais tout Roméo ; 4+6 b
55 Pour me rejoindre à cette ombre adorée, 4+6 a
Je m’élançais dans la nuit du tombeau. 4+6 b
Sémiramis, la Folle, Desdémone, 4+6 a
Fantômes vains qu’anima ta chaleur, 4+6 b
Créations dont l’essaim t’environne, 4+6 a
60 lui traits de feu sont fixés dans mon cœur. 4+6 b
Plus d’une fois leur image vivante, 4+6 a
Me transportant clans un monde enchanté, 4+6 b
Arrachera mon âme languissante 4+6 a
Aux froids tableaux de la réalité ! 4+6 b
65 Mais désormais je fuis loin du théâtre 4+6 a
Où mes regrets t’appelleraient en vain. 4+6 b
Je ne veux pas qu’à mon œil idolâtre 4+6 a
Soit profané ton cothurne divin. 4+6 b
Malheur à qui t’admira la première ! 4+6 a
70 Nulle après toi ne charmera ses yeux : 4+6 b
Eh ! quel breuvage ici-bas pourrait plaire, 4+6 a
Quand on a bu dans la coupe des dieux ? 4+6 b
mètre profil métrique : 4+6
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