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NOU_3/NOU159
Germain NOUVEAU
LE CALEPIN DU MENDIANT
1949
LE CALEPIN DU MENDIANT
(1911)
Çà, ma Muse, chantons, pour fort qu'il t'en ennuie ; 6+6 a
Il faut au bout du pont que je gagne ma vie ; 6+6 a
Les passants de nos vers fassent donc bon marché. 6+6 b
Prends ta viole et chantons jusqu'à soleil couché. 6+6 b
5 Une araignée en fer s'est emparée des villes, 6+6 a
Des champs, des continents et de toutes les îles. 6+6 a
On n'entend plus sonner dans tous les ports de mer 6+6 b
Que le mugissement d'une vache de fer… 6+6 b
Quel vacarme à minuit frappe encor mon oreille ? 6+6 a
10 C'est la bête de fer qui travaille et qui veille. 6+6 a
Ah ! que de bras aura son travail étonné ! 6+6 b
Que de doigts son travail au vice détourné ! 6+6 b
Il lui sied bien vraiment d'excuser ma paresse. 6+6 a
Nous vivons pour des fers qu'on polit et qu'on graisse, 6+6 a
15 Nous vivons dans les fers que partout on suspend, 6+6 b
Nous voyageons aux fers d'un rapide serpent, 6+6 b
Nous nous mettons aux fers sur le cheval du singe ; 6+6
Tout est en fer, ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․
Sous d'étranges chapeaux un bizarre animal 6+6 a
20 Jusque dans le saint lieu montre le carnaval… 6+6 a
Piéça qu'il est venu, le roi de la Sibylle, 6+6 b
Longtemps a qu'on le voit, l'âge d'or de Virgile. 6+6 b
Saturne, selon moi, c'est la ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․
Et Rhéa, selon moi, c'est la ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․ ․
25 Çà, Musette, chantons, car tout nous y convie. 6+6 a
Laisse un peu le burlesque, et ce gras fard essuie. 6+6 a
Il faut à mon régent sel un peu plus choisi : 6+6 b
Si nous chantons le bois, ce soit bois de Choisy. 6+6 b
Oui, nous touchons au temps qu'à travers sa fue 6+6 a
30 Prédisait au Romain la Sibylle Cue, 6+6 a
Et que pour deux ou trois de la Postéri 6+6 b
Sous le règne d'Auguste a le Cygne chanté. 6+6 b
De la lune dé s'est Thémis rapprochée, 6+6 a
Qui s'était de pudeur dans Saturne cachée ; 6+6 a
35 Et déjà quelques sons de flûte et de tambour 6+6 b
Des jeux de l'Age d'Or ont sonné le retour. 6+6 b
Car un dieu qu'on attend du haut de l'Empye 6+6 a
Va naître d'une race et puissante et sacrée. 6+6 a
Dame Lucine, ohé ! Ne froncez les sourcils 6+6 b
40 A Cyl par qui seront serpents de fer occis ! 6+6 b
Chaste sœur d'Apollon, prends modèle à ton frère 6+6 a
Qui tua le premier… du haut du Belvédère. 6+6 a
Oui, mon Consul, c'est toi de qui l'on va tenir 6+6 b
Enfin ! la liberté d'aller et de venir, 6+6 b
45 N'ayant plus ton sergent les mains aussi pressées, 6+6 a
Te disant petit doigt nos secrètes penes. 6+6 a
Rien ne gêne un grand Mois dans ses nobles essors : 6+6 b
De ses grandes paours déjà la France est hors ! 6+6 b
Et déjà les François respirent sans contrainte 6+6 a
50 A l'aspect d'un Enfant qui bannit toute crainte. 6+6 a
De lui, Sa Majesté reçut de ses aïeux 6+6 b
La vie, ainsi qu'on sait que la mènent les Dieux. 6+6 b
Dans le banquet des Dieux où j'ai vu qu'il s'efface, 6+6 a
Les héros s'inclinaient pour lui mieux faire place ; 6+6 a
55 Car il sait aux vertus du sceptre paternel 6+6 b
Gouverner sans désordre un empire éternel ! 6+6 b
Ne tarde trop, Enfant. Voici que la charrue 6+6 a
Par de menus cadeaux prépare ta venue ; 6+6 a
Au lierre, chapeau des Muses de ces bois, 6+6 b
60 Le bussi ( ?) fut par elle adjouxté de ses doigts ; 6+6 b
Au colocase fut l'acanthe mariée, 6+6 a
Dont toute la campagne est moult émerveillée. 6+6 a
D'elles-mêmes dé les chèvres (s'il vous plaît !) 6+6 b
Retournent au bercail toutes pleines de lait ; 6+6 b
65 Et Messer du Lion qui fait moins le beau sire 6+6 a
Met aux pieds des bergers sourdines à son ire. 6+6 a
La Déesse des fleurs sous le même verseau 6+6 b
En fait s'épanouir en ton même berceau. 6+6 b
Serpents ne mordent plus de leurs dents venimeuses, 6+6 a
70 Poisons n'habillent plus leurs mines vénéneuses ; 6+6 a
De la sage Assyrie en tous lieux croît l'encens : 6+6 b
Tout règle sa conduite au progrès de tes ans, 6+6 b
Si qu'à l'âge où tu peux dans les bouquins antiques 6+6 a
Lire de tes aïeux les hauts faits authentiques, 6+6 a
75 Comment par tel héros fut tel monstre abattu… 6+6 b
Quand tu sauras ce qu'est d'une ferme vertu, 6+6 b
L'on voit sur un terrain où volait la poussière 6+6 a
Onduler des moissons la vivante crinière, 6+6 a
Dessus la ronce on cueille un raisin des plus doux 6+6 b
80 Et du bois le plus dur sort le miel le moins roux ! 6+6 b
Mais à Thétis au loin toujours encharbonnée, 6+6 a
A la glèbe toujours ․ ․ ․ ․ condamnée, a
Aux pipes de l'octroi s'allumant dans le noir, 6+6 b
Soupçons de fraude encor se peuvent concevoir. 6+6 b
85 Se peut que Mars encor le prenne de voix haute, 6+6 a
Qu'un second Argo porte un nouvel Argonaute, 6+6 a
Et qu'un second Achille aux plaines d'Ilion 6+6 b
Fasse aux rangs des Troyens grande confusion !… 6+6 b
Mais quand les ans par qui la lèvre est embuée 6+6 a
90 T'auront sur le rebec la voix comme enrouée, 6+6 a
L'on ne voit plus de nef monter Neptune en mer, 6+6 b
Ni galions marchands en danger d'abymer, 6+6 b
Chaque terre à ses fils donnant sans nul péage 6+6 a
Tous les biens dont leur chant, si ce n'est davantage. 6+6 a
95 De torturer la vigne il n'est plus question, 6+6 b
Ni d'infliger au sol la marque du sillon. 6+6 b
Sans plus se soucier du vent ni de la nue, 6+6 a
L'homme affranchit ses bœufs du joug de la charrue ; 6+6 a
Sans plus rien emprunter à l'art qu'exerçait Tyr, 6+6 b
100 Et la laine et la soie ont cessé de mentir. 6+6 b
Mais on voit le bélier qui les cornes présente 6+6 a
Se couvrir en jouant de pourpre moult plaisante, 6+6 a
Avecque l'arc-en-ciel tout le troupeau lutter, 6+6 b
Et voire les agneaux aux fleurs le disputer ! 6+6 b
105 Adoncques, beau cousin, de Mars et d'Esculape, 6+6 a
Vois Jupiter là-haut pour toi mettre la nappe ! 6+6 a
Vois Castor et Pollux t'amener leurs troupiers, 6+6 b
Vois l'axe de Bradley « nutantem » sous tes pieds, 6+6 b
Te rire dans les bois jusqu'au plus petit faune 6+6 a
110 Et cesser le plus fou d'être coiffé de jaune ! 6+6 a
Ah ! si j'était plus jeune, aux jours de tes exploits, 6+6 b
Les chanter sur la lyre aux modes d'autrefois ! 6+6 b
Ne me vaincrait Orphée au vallon du Solfège ! 6+6 a
Ne me battrait Linus, ce pion de collège ! 6+6 a
115 C'est à moi que saurait la couronne venir, 6+6 b
Bien qu'on n'ait pas comme eux si fort de qui tenir, 6+6 b
Que ma maman n'ait pas le renom d'êtree, 6+6 a
Ni mon papa la tête à ses rayons coiffée ! 6+6 a
Et que si le dieu Pan nous venait à cheval, 6+6 b
120 Fort grand plaisir aurais-je à vaincre un tel rival ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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