Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
NOU_1/NOU9
Germain NOUVEAU
Poésies d'Humilis
et Vers Inédits
1872-1881
POÉSIES D'HUMILIS
Volupté
Plaisir, bourreau des cœurs, vendeur juré des âmes, 6+6 a
Ah ! trop longtemps tu pris le masque de l'amour 6+6 b
Au vestiaire impur des romans et des drames ! 6+6 a
Voyageant sous son nom et suivi par ta cour 6+6 b
5 De Lovelaces fous et de Phèdres navrées, 6+6 c
Plaisir, tyran cruel, voici venir ton tour ! 6+6 b
Ah ! trop longtemps tu fis, dans tes mornes Caprées, 6+6 c
Des corps humains liés à tes rouges poteaux 6+6 a
De blancs Saint-Sébastiens pleins de flèches dorées ; 6+6 c
10 Et depuis trop longtemps, roulé dans tes manteaux, 6+6 a
Tu te glisses le soir dans les tavernes saoules, 6+6 b
Où tu mets les hoquets et les coups de couteaux. 6+6 a
Renard caché qui mord le ventre obscur des foules, 6+6 b
N'es-tu pas las d'errer épié dans tes nuits 6+6 c
15 Par le crime dans l'ombre horrible où tu te coules ? 6+6 b
Père des sommeils lourds et des mornes ennuis, 6+6 c
N'es-tu pas las de boire au fond des yeux la vie, 6+6 a
Comme un soleil brutal boit l'ombre dans un puits ? 6+6 c
— Tout ce qui vient de Dieu, tout ce qui fait envie : 6+6 a
20 La grâce des fronts purs, la force des lutteurs, 6+6 b
L'intelligence, lampe à Dieu même ravie, 6+6 a
Jusqu'à la voix qui vibre au gosier des chanteurs, 6+6 b
Jusqu'au trésor de pleurs qui tremble au cœur des femmes, 6+6 c
Tu fais passer sur tout tes souffles destructeurs. 6+6 b
25 Tu donnes jusqu'au goût des souffrances infâmes, 6+6 c
Et les petits enfants, qui baissent leurs cils noirs, 6+6 a
Pâlissent au passage effrayant de tes flammes. 6+6 c
Tu glanes des savants aux plis de tes peignoirs, 6+6 a
Et tu domptes le cœur des rudes capitaines, 6+6 b
30 Rien qu'avec le parfum que jettent tes mouchoirs. 6+6 a
Tu traites les vertus d'atroces puritaines, 6+6 b
Mais leur cœur réfléchit, comme un lac de cristal, 6+6 c
La force et la douceur des étoiles hautaines. 6+6 b
Cependant, dur geôlier dont le poignard brutal 6+6 c
35 Ne se laisse fléchir par les cris de personne, 6+6 a
Tu peuples la prison autant que l'hôpital. 6+6 c
Tu te dis bon vivant, tu t'assieds sur la tonne, 6+6 a
Ton verre dans la main, tu chantes, et pourtant 6+6 b
Aux hideurs que tu fais la science s'étonne. 6+6 a
40 Tu couves tous les fruits d'un air inquiétant ; 6+6 b
Ton appétit funèbre engloutirait le monde, 6+6 c
Pourvoyeur de la mort, qui n'est jamais content. 6+6 b
Que t'importe ! Tu ris sous ta perruque blonde, 6+6 c
Ou bien tu vas prêcher la modération, 6+6 a
45 Rhéteur païen, leurré par ta propre faconde. 6+6 c
Fils lugubre de l'homme, et sa punition, 6+6 a
Ennemi de l'amour, tu rêves la conquête 6+6 b
De sa gloire, et maudis sa noble passion… 6+6 a
Mais l'amour triomphant met le pied sur ta tête ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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