Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
NOR_1/NOR30
corpus Pamela Puntel
Jacques NORMAND
TABLETTES D’UN MOBILE
1870-1871
1871
APRÈS LA TOURMENTE
QUAND, l’orage fini,le ciel se rassérène, 6+6 a
Quand le vent s’adoucitet sur les blés ployés 6+6 b
Glisse, effleurant le solde son humide haleine, 6+6 a
Ridant les flaques d'eaudans les sillons mouillés ; 6+6 b
5 Quand du soleil craintifles rayons encor ternes, 6+6 a
S'échappant au traversdes gros nuages noirs, 6+6 b
S‘étendent en dorantles grands champs de luzernes ; 6+6 a
Quand le ciel bleu souritau fond des réservoirs ; 6+6 b
Quand les gouttes de pluie,en tombant de la branche, 6+6 a
10 Font entendre au passantleur monotone bruit ; 6+6 b
Quand, sortant de son nid,la tourterelle blanche, 6+6 a
Lisse amoureusementson plumage qui luit, 6+6 b
Le laboureur pensifvers son champ solitaire 6+6 a
S‘achemine. et, voyantle terrain dévasté, 6+6 b
15 Les blés brisés, tordus,inclinés vers la terre, 6+6 a
Le travail d’une annéeen un jour emporté, 6+6 b
Tenant sur son front brunses deux mains attachées , 6+6 a
Le désespoir au cœuret les larmes aux yeux, 6+6 b
Il s‘asseoit au milieude ses herbes fauchées 6+6 a
20 Et pense à ses enfantsen regardant les cieux. 6+6 b
Mais bientôt, secouantla torpeur qui l’oppresse, 6+6 a
Mâle, essuyant ses yeuxd’un revers de son bras, 6+6 b
Il retourne chez lui,sourit avec tristesse 6+6 a
A sa femme qui vientl’interroger tout bas ; 6+6 b
25 Puis, sortant du hangarson bœuf et sa charrue, 6+6 a
Il regagne le champ.— Le ciel est clair et bleu ; 6+6 b
Les vents sont apaisés,et, dans la plaine nue, 6+6 a
Il travaille en chantantsous le regard de Dieu. 6+6 b
Après tant de douleurs,de tourments, de misère, 6+6 a
30 Après tant de souffranceet tant de sang versé, 6+6 b
Voici venir la paixau sortir de la guerre, 6+6 a
Et voici l'avenirau sortir du passé. 6+6 b
Oh ! qui me donnerala science suprême 6+6 a
Du prophète inspiré,pour pouvoir entr'ouvrir 6+6 b
35 Les voiles du futur,ô ma France que j’aime, 6+6 a
Savoir dès à présentce qui te peut guérir ! 6+6 b
Que seras-tu demain ?Quel ouragan t’entraine ? 6+6 a
Dans ton malheur d’hier,dans ton malheur nouveau, 6+6 b
Faut-il voir les raisonsd'une chute prochaine 6+6 a
40 Ou l'aurore d'un jourplus brillant et plus beau ? 6+6 b
Est-ce ta destinée,à toi puissante et belle, 6+6 a
De nourrir des enfantssanguinaires, ingrats, 6+6 b
Qui déchirent tes flancs,qui mordent ta mamelle, 6+6 a
Et qu’il te faut toujoursétouffer dans tes bras ? 6+6 b
45 Il en est qui, croyantà ton heure dernière, 6+6 a
Trouvent ton avenirmorne et désespéré, 6+6 b
Disent que tu n’es plusce que tu fus naguère, 6+6 a
Que ton honneur est mort,ton cœur dégénéré. 6+6 b
Ce n’est pas le momentde ces tristesses vaines ! 6+6 a
50 Si le présent est noir,pensons à l‘avenir ; 6+6 b
Il est toujours un termeà nos douleurs humaines : 6+6 a
A force de souffrance,on apprend à guérir. 6+6 b
L’ouragan s‘est enfui :le canon fait silence. 6+6 a
Retournons maintenantnotre champ dévasté ; 6+6 b
55 Comme le laboureur,reprenons confiance ; 6+6 a
Au travail ! l’hiver fuit :voici venir l’été. 6+6 b
Notre malheur finit,le ciel est sans nuage ; 6+6 a
Au travail ! c’est l’instant !Français, levons-nous tous ! 6+6 b
Car le temps est plus sûrau sortir de l'orage, 6+6 a
60 Au sortir des douleursle sourire est plus doux. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université