Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
NOR_1/NOR16
corpus Pamela Puntel
Jacques NORMAND
TABLETTES D’UN MOBILE
1870-1871
1871
L’INSTANT PSYCHOLOGIQUE
LE canon résonnait toujours, toujours, toujours. 6+6 a
On entendait dans l’air de longs grondements sourds, 6+6 a
Des sifflements aigus, des craquements étranges. 6+6 b
C’était l’enfer. — Pourtant deux pauvres petits anges 6+6 b
5 Dormaient profondément, sur leur mère appuyés. 6+6 a
Un manteau mince, sale, étendu sur leurs piés, 6+6 a
Était roide de froid et constellé de givre. 6+6 b
La mère, elle, les yeux hagards, paraissait ivre, 6+6 b
Assise sur la borne, et le front dans la main. 6+6 a
10 Un enfant s’éveilla, puis dit : « Maman, j’ai faim ! » 6+6 a
Elle se tut.
La nuit était illumie, 6+6 b
Et les obus pleuvaient sur la ville damnée. 6+6 b
Soudain, la pauvre femme, en étendant les bras, 6+6 a
Tombe et pousse un long cri : un obus, a trois pas, 6+6 a
15 Vient d'éclater, frappant ses enfants sans l’atteindre. 6+6 b
Elle se lève, veut encore les étreindre 6+6 b
Les sauver, s’il se peut : son œil épouvan 6+6 a
Ne trouve qu’un paquet informe, ensanglanté… 6+6 a
Elle s’asseoit alors, sans dire une parole : 6+6 b
20 Les enfants étaient morts, et la mère était folle. 6+6 b
Il pouvait être alors une heure après minuit. 6+6 a
Le comte von Bismarck faisait beaucoup de bruit 6+6 a
A Versaille, entou de dix bouteilles vides. 6+6 b
Trois généraux prussiens, de sa parole avides, 6+6 b
25 L’écoutaient, dégustant le vin à petits coups. 6+6 a
Et Bismarck leur disait : « Chers Meinherrs, voyez-vous. 6+6 a
Le bombardement touche, en terme rhétorique, 6+6 b
A ce qu’on peut nommer l’instant psychologique… » 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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