Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
NOA_1/NOA70
Anna de NOAILLES
Les Vivants et les Morts
1913
II
LES CLIMATS
JE N'AI VU QU'UN INSTANT…
Je n'ai vu qu'un instantles pays beaux et clairs, 6+6 a
Sorrente, qui descend,fasciné par la mer, 6+6 a
Tarente, délaissé,qui fixe d'un œil vague 6+6 a
Le silence entasséentre l'air et les vagues ; 6+6 a
5 Salerne, au cœur d'ébène,au front blanc et salé, 6+6 a
la chaleur palpiteainsi qu'un peuple ailé ; 6+6 a
Amalfi, j'ai vude pourpres funérailles 6+6 a
Qu'accompagnaient des jeux,des danses et des chants, 6+6 b
Surprises tout à coup,sous le soleil couchant, 6+6 b
10 Par les parfums, croisésainsi que des broussailles… 6+6 a
Foggia, ravagéde soleil, étonné 6+6 c
De luire en moisissantcomme un lis piétiné ; 6+6 c
Pompéi, pavoiséde murs peints qui s'écaillent ; 6+6 a
Paestum qu'on sent toujoursvisité par les dieux, 6+6 a
15 le souffle marintord l'églantier fragile, 6+6 b
, le soir, on entenddans l'herbage fiévreux 6+6 a
Ce long hennissementqui montrait à Virgile, 6+6 b
Ébloui par son rêveimmense et ténébreux, 6+6 a
Apollon consolantles noirs chevaux d'Achille 6+6 b
20 — Ces rivages de marbreembrassés par les flots, 6+6 a
les mânes des Grecsensevelis m'attirent, 6+6 b
Je ne les ai connusque comme un matelot 6+6 a
Voit glisser l'étendueau bord de son navire ; 6+6 b
Ce n'était pas mon sort,ce n'était pas mon lot 6+6 c
25 D'habiter ces doux lieux la sirène expire 6+6 b
Dans un sursaut d'azur,d'écume et de sanglot ! 6+6 c
Loin des trop mols climats les étés s'enlizent, 6+6 a
C'est vous mon seul destin,vous, ma nécessité, 6+6 b
Rivage de la Seine,âpre et sombre cité, 6+6 b
30 Paris, ville de pierreet d'ombre, aride et grise, 6+6 a
toujours le nuageest poussé par la brise, 6+6 a
les feuillages sonttourmentés par le vent, 6+6 a
Mais , parfois, l'été,du côté du levant, 6+6 a
On voit poindre un azursi délicat, si tendre, 6+6 a
35 Que, par la nostalgie,il nous aide à comprendre 6+6 a
La clarté des jardins Platon devisait, 6+6 a
La cour blanche Roxaneattendait Bajazet, 6+6 a
La gravité brûlanteet roide des Vestales 6+6 a
Qu'écrasait le fardeaudes nuits monumentales ; 6+6 a
40 La mer syracusaine soudain se répand 6+6 b
— Soupir lugubre et vainque la nature exhale, 6+6 a
Le cri du batelierqui vit expirer Pan 6+6 b
— Oui, c'est vous mon destin,Paris, cité des âmes, 6+6 a
Forge mystérieuse les yeux sont la flamme, 6+6 a
45 les cœurs font un sombreet vaste rougeoiment, 6+6 a
l'esprit, le labeur,l'amour, l'emportement, 6+6 a
Élèvent vers les cieux,qu'ils ont choisis pour cible, 6+6 a
Une Babel immense,éparse, intelligible, 6+6 a
Cependant que le sol, tout entre à son tour, 6+6 a
50 En mêlant tous ses mortsfait un immense amour ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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