Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
NOA_1/NOA57
Anna de NOAILLES
Les Vivants et les Morts
1913
II
LES CLIMATS
L'ENCHANTEMENT DE LA SICILE
Je suis ému comme le dauphin des mers qui,
au milieu des flots paisibles, se plaît au doux
son de la flûte.
PINDARE.
Célestes horizons mollement oscille 6+6 a
La bleuâtre chaleurqui baigne la Sicile, 6+6 a
Malgré nos froids hiverset mes longs désespoirs 6+6 a
Je n'ai rien oubliéde la douceur des soirs : 6+6 a
5 Ni le dattier deboutsur son ombre étoilée, 6+6 b
Ni la fontaine arabe,au marbre soufre et noir, 6+6 a
Qui fait gicler son eaurigide et fuselée, 6+6 b
Ni l'hôtel du rivageaux teintes de safran, 6+6 a
Ni la jaune mosquéeombrageant ses glycines, 6+6 b
10 Ni les vaisseaux, taillésdans un bois odorant, 6+6 a
Et qui passent, le soir,sur la mer de Messine 6+6 b
Ah ! comme je connais,Palerme, ta splendeur, 6+6 a
Le tropical jardin,les caféiers en fleurs, 6+6 a
Les sonores villaspar la chaleur usées, 6+6 a
15 Et le bruit de satindes pigeons du musée ! 6+6 a
Musée je voyaisl'Arabie et ses ors, 6+6 a
Ses pots de blanc mica,ses légers miradors 6+6 a
Imprégner de santall'air sa paix infuse, 6+6 a
Tandis que, tel un dieuembrasé, fascinant, 6+6 b
20 Qui darde sur les cœursson désir et sa ruse, 6+6 a
Le grand bélier d'argentdu port de Syracuse 6+6 a
Avait je ne sais quoid'avide et de tonnant… 6+6 b
Mettant sur mon regardmes deux mains comme un masque, 6+6 a
J'abordais la chaleurde midi. Dans les vasques, 6+6 a
25 Le pompeux papyruscondensait sa frcheur. 6+6 a
Une voiture avecun baldaquin de toile 6+6 b
Menait à Baïra,dormant sur la hauteur 6+6 a
Parmi des ronciers blancset des chants de cigales, 6+6 b
Comme un mauresque hospiceenduit d'un lait de chaux… 6+6 a
30 Montréal et son cltreouvrait à l'azur chaud 6+6 a
Sa cuve grésillaientles bananiers d'Afrique. 6+6 a
L'église, ruisselantde fières mosaïques, 6+6 a
Élançant ses piliers,minces comme des mâts, 6+6 a
l'or se suspendaiten lumineuses grappes, 6+6 b
35 Ressemblait, par l'ardentet monastique éclat, 6+6 a
A vous, sainte brûlante,ô Rose de Lima, 6+6 a
Que l'on voit alanguieauprès d'un jeune pape 6+6 b
Des muletiers passaienten bonnet espagnol ; 6+6 a
La fleur de l'aloèsreflétait sur le sol 6+6 a
40 Le miracle étonnéd'un calice de braise. 6+6 a
Des enfants transportaientdes paniers, les fraises 6+6 a
Bondissaient, retombaient,se mouvaient, rouge essaim, 6+6 a
Comme un jet d'eau pourpréqui pique le bassin. 6+6 a
Un marchand grec, coifféde noire cotonnade, 6+6 a
45 Repoussait de ses criset de ses sombres mains 6+6 b
L'assourdissant troupeaude hargneuses pintades 6+6 a
Qui mordait son fardeauet barrait le chemin ; 6+6 b
Effronté, laissant voirson torse nu qu'il cambre, 6+6 a
Un jeune homme, allongésur le jaune talus, 6+6 b
50 Regardait de ses yeuxscintillants et velus 6+6 b
Le sublime soleilabonder sur ses membres 6+6 a
Comme un flot de liqueurcoule d'un flacon d'ambre 6+6 a
L'horizon tressaillaitd'un vertige or et bleu. 6+6 a
Et puis toujours, là-bas,je voyais, pure et vaste, 6+6 b
55 La mer au grand renom,qui touche dans ses jeux 6+6 a
Les Cyclades, dormantsur des vagues de feu, 6+6 c
Le rivage d'Ulysseet celui de Jocaste, 6+6 b
L'herbe des bergers grecspréludaient deux par deux… 6+6 c
Et je songeais,-puissante,éparse, solitaire, — 6+6 a
60 Mêlée au temps sans bordainsi qu'aux éléments, 6+6 b
Attirant vers mon cœur,comme un étrange aimant, 6+6 b
Tous les rêves flottantsur l'amoureuse terre ; 6+6 a
J'attendais je ne saisquel grave et sûr plaisir… 6+6 a
Mais déçue aujourd'huipar tout ce qu'on espère, 6+6 b
65 Ayant tout vu sombrer,ayant tout vu fléchir, 6+6 a
O mon cœur sans reposni peur, je vous vénère 6+6 b
D'avoir tant désiré,sachant qu'il faut mourir ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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