Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
NOA_1/NOA34
Anna de NOAILLES
Les Vivants et les Morts
1913
I
LES PASSIONS
JE NE PUIS PAS COMPRENDRE…
Je ne puis pas comprendre encor que tu sois né, 6+6 a
Tous les jours je contemple, avec les sens de l'âme, 6+6 b
Dans l'infini des mois, cet instant fortu 6+6 a
Où ta vie à la vie a rattaché sa flamme ! 6+6 b
5 Mon cœur est plus brûlant que l'air sous l'Équateur ; 6+6 a
Je quitte un froid désert où j'errai dans les sables ; 6+6 b
Je ne sais pas comment ce passé lamentable 6+6 b
Est devenu lumière, est devenu chaleur ! 6+6 a
L'huile d'or du soleil sur les mers levantines, 6+6 a
10 Les astres fourmillant dans les grottes des cieux, 6+6 b
La fougue des vaisseaux sur les vagues marines 6+6 a
Sont réfléchis pour moi dans chacun de tes yeux. 6+6 b
Je respire, mon front contre tes genoux frêles, 6+6 a
A l'ombre de ta bouche aux rivages vermeils ; 6+6 b
15 Et mon cœur se dissout vers tes chaudes prunelles, 6+6 a
Comme un pâtre étendu, humé par le soleil ! 6+6 b
L'amour que le matin a pour toutes les choses 6+6 a
Lorsqu'il comble d'azur le torrent, les glaïeuls, 6+6 b
Le chanvre, les osiers, les goyaves, les roses, 6+6 a
20 Mon cœur plus chaud que lui le répand sur toi seul ! 6+6 b
Quand je te vois, quand tu me parles ou me touches, 6−6 a
Je suis comme un mourant de soif dans le désert, 6+6 b
Qui verrait l'eau du puits monter jusqu'à sa bouche, 6+6 a
Et le fruit du manguier s'incliner sur les airs. 6+6 b
25 Je suis ton centre exact, immuable et mobile, 6+6 a
Tes deux pieds, nuit et jour, sont posés sur mon cœur, 6+6 b
Comme le clair soleil pend au-dessus des villes 6+6 a
Et décoche aux toits bleus ses flèches de chaleur. 6+6 b
Toute bonté du monde est en toi dépoe ; 6+6 a
30 Je n'imagine rien que ne puisse guérir 6+6 b
Le rire de ta bouche et sa tiède roe, 6+6 a
O visage par qui je peux vivre et mourir ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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