Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
NOA_1/NOA30
Anna de NOAILLES
Les Vivants et les Morts
1913
I
LES PASSIONS
LES SOLDATS SUR LA ROUTE…
Les soldats sur la route avaient passé : les cuivres 6+6 a
Résonnaient, semblait-il, contre l'or du soleil. 6+6 b
C'était l'heure où le jour est à l'adieu pareil, 6+6 b
Et quitte un monde en pleurs qui ne peut pas le suivre. 6+6 a
5 Nous écoutions le chant emporté des clairons, 6+6 a
Cet appel à la mort exaltait mieux que vivre ; 6+6 b
Et nous étions tous deux demi-las, demi-ivres 6+6 b
Du bruit d'ailes que fait la guerre sur les fronts ! 6+6 a
Que voulais-tu ? Quel mont, quel sommet, quelle tombe 6+6 a
10 T'attirait ? Quel souhait de mourir avais-tu ? 6+6 b
Je vis bien ton effort douloureux et têtu 6+6 b
Pour fuir l'amour humain où toute âme retombe. 6+6 a
Et je sentis alors les forces de mon cœur 6+6 a
Te rejoindre en un lieu plus grave que la joie, 6+6 b
15 Plein de vent, de fumée et d'éclairs, où s'éploie 6+6 b
L'archange des combats, sans fatigue et sans peur. 6+6 a
Mon amour transformé délaissait ton visage 6+6 a
Par qui tout est pour moi raison, paix, vérité ; 6+6 b
Et comme un fin rayon mêlé à ma clarté 6+6 b
20 Je t'emportais dans un mystique paysage… 6−6 a
— Mais la tiédeur du soir, les doux champs inclinés, 6+6 a
La splendide et rêveuse impuissance des âmes 6+6 b
Dans mon cœur exalté faisaient plier les flammes, 6+6 b
Comme un feu champêtre est par le vent réfréné. 6+6 a
25 Un pâle étang dormait au cercle étroit des saules, 6+6 a
Les collines versaient le blé mûr comme un lait : 6+6 b
Tes yeux où le désir naissait et se voilait 6+6 b
Avaient l'azur aigu et condensé des pôles. 6+6 a
Nous écoutions bruire, au bord des bois sans fond, 6+6 a
30 Les cris épars, confus des geais, des pies-grièches, 6+6 b
Le murmure inquiet et suspendu que font 6+6 a
Les pas ronds des chevreuils froissant des feuilles sèches. 6+6 b
La tristesse d'aimer sous les cieux s'étalait, 6+6 a
Non faible, mais robuste, apaisée, acceptante ; 6+6 b
35 Et je posais sur toi, chère âme humble et tentante, 6+6 b
Mes yeux où le pouvoir humain s'accumulait. 6+6 a
Et lentement je vis dans tes yeux apparaître 6+6 a
Le poison de mon rêve, en ton âme injecté. 6+6 b
Les clairons s'éloignaient dans la brume champêtre, 6+6 a
40 De tout l'or du soir, seul mon cœur t'était resté. 6+6 b
Je consolais en toi ton destin, irrité 6+6 a
De n'être pas la cible où tout frappe et pénètre 6+6 b
Pour quelque vague, immense, âpre immortalité… 6+6 a
— Mais que peut-on, hélas ! un être pour l'autre être, 6+6 b
45 En dehors de la volupté ? 8 a
mètre profils métriques : 6−6, (8)
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