Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
NOA_1/NOA114
Anna de NOAILLES
Les Vivants et les Morts
1913
IV
LES TOMBEAUX
AINSI LES JOURS LÉGERS…
Ainsi les jours légers, et qui te ressemblaient 6+6 a
Par la coloration chaleureuse des heures, 6+6 b
Ont de toi fait un mort, la nuit, dans ta demeure, 6+6 b
Et l'aube, lentement, a blanchi tes volets… 6+6 a
5 Et tu fus là, dormant, à jamais insensible, 6+6 a
Laissant monter sur ceux que tu privais de toi 6+6 b
Ces grands fardeaux du temps aux contours inflexibles ; 6+6 a
J'ai l'âge de ce jour où je t'ai vu sans voix : 6+6 b
Sans regard et sans voix, achevant ma jeunesse 6+6 a
10 Par ce spectacle affreux de faiblesse et de paix, 6+6 b
Que mes yeux arrêtés puisaient avec détresse 6+6 a
Sur ton front assombri, si pauvre et si parfait. 6+6 b
Les fleurs, entre tes mains et contre ton doux être, 6+6 a
Parfumaient froidement ton éternel répit ; 6+6 b
15 Jamais je ne verrai l'été sans reconnaître 6+6 a
Ce jardin qui mourait sur ton cœur assoupi ! 6+6 b
Et tu n'étais plus là, malgré ton fin visage, 6+6 a
Le dernier de toi-même et qui me plaît le plus ; 6+6 b
O visage accablé, suprême paysage 6+6 a
20 D'un jour de fin du monde, et qu'on ne verra plus ! 6+6 b
Les vivants ont repris leurs errantes coutumes ; 6+6 a
Ils sont un autre peuple, et tu ne peux toujours 6+6 b
Hanter de ta suave et poétique brume 6+6 a
Ces malheureux, guidés par d'alertes amours. 6+6 b
25 Mais leur vague existence est par l'ombre absorbée, 6+6 a
Ils meurent chaque jour, sans enfoncer en nous 6+6 b
Ces pointes du malheur, que ta main déroe 6+6 a
Fixe encor dans mon cœur comme de sombres clous… 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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