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P = préposition
C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
NER_2/NER15
Gérard de NERVAL
NAPOLÉON ET LA FRANCE GUERRIÈRE
1826
Les Étrangers à Paris
Le Soleil qui sur nous | dardait ses feux rapides, 6+6 a
A donc été vaincu | par des astres perfides, 6+6 a
Et ses feux endormis | ont fait place aux éclairs. 6+6 b
Quel charme assez puissant | put fasciner la vue 6+6 c
5 De cet aigle, enfant de la nue, 8 c
Dont les regards ardens | dévoraient l’univers ? 6+6 b
Un dieu vient de céder | à des forces humaines ; 6+6 a
Quels bras l’ont enchaîné ? | Des bras chargés de chaînes. 6+6 a
Avec lui, s’est dissoute | à nos regards surpris, 6+6 b
10 Tant de puissance amoncelée, 8 c
Il tombe, et la terre ébranlée 8 c
A tremblé sous le poids | de son vaste débris. 6+6 b
Sur un rocher désert, | sur la roche obscurcie, 6+6 a
Que le temps, que la flamme | ont tour-à-tour noircie, 6+6 a
15 On le voit s’endormir, | pour ne s’éveiller plus ; 6+6 b
Autour de sa prison, | roule la mer profonde ; 6+6 c
O Français, contemplez | cet autre Marius, 6+6 b
Assis sur un débris du Monde ! 8 c
Ah, si dans le combat | qui décida son sort, 6+6 a
20 Il eût pu rencontrer | une honorable mort, 6+6 a
De quel divin éclat | eût brillé sa mémoire ! 6+6 b
Mais, en proie aux chagrins, | dans le malheur bercé, 6+6 c
Peut-être il va vieillir, | comme un glaive émoussé, 6+6 c
Qui se ronge dans l’ombre, | et se rouille sans gloire !! 6+6 b
25 Il est là pour toujours ; | plus d’espoir, plus d’appui ; 6+6 a
Il reste en butte | à la fureur commune, 4+6 b
Et les lâches flatteurs | qui grandirent sous lui, 6+6 a
L’ont renié dans l’infortune. 8 b
Il eut de grands succès ; | mais, hélas ! à quel prix ! 6+6 a
30 Secourable à-la-fois | et funeste à la France, 6+6 b
Au plus haut période | il porta sa puissance,… 6+6 b
Mais la France, en pleurant, | lui demande ses fils !… 6+6 a
Tes fils, ne pleure pas, |ils sont morts pour la gloire, 6+6 a
Un laurier toujours vert, | ornera leur mémoire, 6+6 a
35 Partout où les guida | le destin des combats, 6+6 b
Partout où pénétra | leur rapide vaillance, 6+6 c
Leurs compagnons vainqueurs | vengèrent leur trépas… 6+6 b
L’ennemi paya cher… | Mais Waterloo… Silence !… 6+6 c
Ceux-ci n’ont obtenu | qu’un trépas sans vengeance ! 6+6 c
40 Français, courons sous les drapeaux, 8 a
Vengeons leur cendre profanée, 8 b
De la gloire d’une journée 8 b
Dépouillons nos lâches rivaux. 8 a
A la France qui nous appelle 8 c
45 Rendons son antique splendeur, 8 d
Et sur sa mourante grandeur, 8 d
Entons une grandeur nouvelle ! 8 c
Marchons, et si le sort | cesse de protéger 6+6 a
Un peuple généreux | secouant ses entraves, 6+6 b
50 Soyons plutôt de l’étranger 8 a
Les victimes que les esclaves ; 8 b
Marchons ! en expirant, | ils nous léguaient, nos braves, 6+6 b
Ou leur exemple à suivre, | ou leur mort à venger. 6+6 a
Qu’offrir, en sacrifice, | à leur cendre irritée ? 6+6 a
55 C’est du sang qu’il leur faut, | nous n’avons que des pleurs ; 6+6 b
Tu parles de vengeance, | ô France ensanglantée, 6+6 a
Qu’as-tu fait de tes défenseurs ? 8 b
Déjà des ennemis | les clairons retentissent ; 6+6 a
Nous n’avons en nos murs | qu’un peuple désarmé, 6+6 b
60 De femmes et d’enfans, | un amas alarmé, 6+6 b
Et les lâches qui nous trahissent. 8 a
Malheureux ! Nous cédons | au destin irrité ! 6+6 c
O désespoir ! | Une foule ennemie 4+6 d
Au poids de l’or, | au poids de l’infamie, 4+6 d
65 Nous vendra notre liberté ! 8 c
Mais il faut dévorer | nés chagrins en silence. 6+6 a
Que de fois les sermens, | les droits sont méconnus ! 6+6 b
Que de fois l’équité | gémit sous la puissance, 6+6 a
Que de fois penche la balance, 8 a
70 Sous le fer d’un nouveau Brennus ! 8 b
Naguère riche et florissante, 8 a
Notre patrie, | orgueilleuse et puissante, 4+6 a
S’applaudissait | de sa fertilité, 4+6 b
Mais l’étranger | y pose un pied perfide,… 4+6 c
75 Et nous cherchons en vain | sur ce sol attristé, 6+6 b
Qui ne présente plus | qu’une surface aride, 6+6 c
Son antique fécondité. 8 b
Nous voyons sous les mains | de ces nouveaux Vandales, 6+6 a
Disparaître nos monumens, 8 b
80 Et ces antiques ornemens 8 b
Qui décoraient jadis | nos pompes triomphales ; 6+6 a
Où sont-ils ces débris | de cent peuples soumis, 6+6 c
Ces immortels travaux | faits d’une main mortelle, 6+6 d
Ces amas d’étendards | pris sur les ennemis, 6+6 c
85 Registres imposans | d’une gloire éternelle ! 6+6 d
L’étranger les enlève, | il soustrait à nos yeux 6+6 a
De nos anciens travaux | ces témoins glorieux ; 6+6 a
Des produits de nos arts | à son tour il s’empare, 6+6 a
Dépouille d’ornemens | nos palais violés, 6+6 b
90 Et promène sa main barbare 8 a
Sur nos monumens mutilés. 8 b
Mais sa fureur en vain | sans cesse les menace ; 6+6 a
Et ces lâches en vain | tâcheront de ternir 6+6 b
Les exploits étonnans | que tenta notre audace ; 6+6 a
95 En vain ils essaieront | d’en effacer la trace…, 6+6 a
En effaceront-ils | l’immortel souvenir ? 6+6 b
Ce souvenir des temps | bravera les injures, 6+6 a
Et perçant au travers | des âges entassés, 6+6 b
Ira dire aux races futures 8 a
100 Les exploits des siècles passés. 8 b
Ainsi le peuple roi | devint le peuple esclave, 6+6 a
Le Français s’endormit | sous une indigne entrave, 6+6 a
Et ce cri de surprise, | au bruit de sa valeur, 6+6 b
Qui réveillait jadis | les échos de la France, 6+6 c
105 Ne fut plus qu’un cri de douleur ; 8 b
Mais que notre ennemi | cesse en son arrogance 6+6 a
D’insulter à notre malheur, 8 b
Ou, de nos cœurs brûlans | d’une héroïque ardeur, 6+6 b
Partirait un cri de vengeance. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6, 4+6
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