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12 longueur métrique
6-6 mètre
MUS_2/MUS42
Alfred de MUSSET
POÉSIES NOUVELLES
1836-1852
LETTRE
A M. DE LAMARTINE
Lorsque le grand Byron allait quitter Rayenne, 6+6 a
Et chercher sur les mers quelque plage lointaine 6+6 a
Où finir en héros son immortel ennui ; 6+6 a
Comme il était assis aux pieds de sa maîtresse. 6+6 b
5 Pâle, et déjà tourné du côté de la Grèce, 6+6 b
Celle qu'il appelait alors sa Guiccioli 6+6 a
Ouvrit un soir un livre où l'on parlait de lui. 6+6 a
Avez-vous de ce temps conservé la mémoire, 6+6 b
Lamartine, et ces vers au prince des proscrits, 6+6 a
10 Vous souvient-il encor qui les avait écrits ? 6+6 a
Vous étiez jeune alors, vous, notre chère gloire. 6+6 b
Vous veniez d'essayer pour la première fois 6+6 a
Ce beau luth éploré qui vibre sous vos doigts. 6+6 a
La Muse que le ciel vous avait fiancée 6+6 a
15 Sur votre front rêveur cherchait votre pensée, 6+6 a
Vierge craintive encore, amante des lauriers. 6+6 a
Vous ne connaissiez pas, noble fils de la France, 6+6 b
Vous ne connaissiez pas, sinon par sa souffrance, 6+6 b
Ce sublime orgueilleux à qui vous écriviez. 6+6 a
20 De quel droit osiez-vous l'aborder et le plaindre ? 6+6 a
Quel aigle, Ganymède, à ce dieu vous portait ? 6+6 b
Pressentiez-vous qu'un jour vous le pourriez atteindre, 6+6 a
Celui qui de si haut alors vous écoutait ? 6+6 b
Non, vous aviez vingt ans, et le cœur vous battait. 6+6 b
25 Vous aviez lu Lara, Manfred et le Corsaire, 6+6 a
Et vous aviez écrit sans essuyer vos pleurs ; 6+6 b
Le souffle de Byron vous soulevait de terre, 6+6 a
Et vous alliez à lui, porté par ses douleurs. 6+6 b
Vous appeliez de loin cette âme désolée ; 6+6 a
30 Pour grand qu'il vous parût, vous le sentiez ami, 6+6 b
Et, comme le torrent dans la verte vallée, 6+6 a
L'écho de son génie en vous avait gémi. 6+6 b
Et lui —lui dont l'Europe, encore toute armée, 6+6 a
Écoutait en tremblant les sauvages concerts ; 6+6 b
35 Lui qui depuis dix ans fuyait sa renommée, 6+6 a
Et de sa solitude emplissait l'univers ; 6+6 b
Lui, le grand inspiré de la Mélancolie, 6+6 a
Qui, las d'être envié, se changeait en martyr ; 6+6 b
Lui, le dernier amant de la pauvre Italie, 6+6 a
40 Pour son dernier exil s'apprêtant à partir ; 6+6 b
Lui qui, rassasié de la grandeur humaine, 6+6 c
Comme un cygne, à son chant sentant sa mort prochaine, 6+6 c
Sur terre autour de lui cherchait pour qui mourir… 6+6 b
Il écouta ces vers que lisait sa maîtresse, 6+6 a
45 Ce doux salut lointain d'un jeune homme inconnu. 6+6 b
Je ne sais si du style il comprit la richesse ; 6+6 a
Il laissa dans ses yeux sourire sa tristesse : 6+6 a
Ce qui venait du cœur lui fut le bien venu. 6+6 b
Poëte, maintenant que ta muse fidèle, 6+6 a
50 Par ton pudique amour sûre d'être immortelle, 6+6 a
De la verveine en Heurs l'a couronné le front, 6+6 a
A ton tour, reçois-moi comme le grand Byron. 6+6 a
De l'égaler jamais je n'ai pas l'espérance ; 6+6 a
Ce que tu tiens du ciel, nul ne me l'a promis ; 6+6 b
55 Mais de ton sort au mien plus grande est la distance, 6+6 a
Meilleur en sera Dieu qui peut nous rendre amis. 6+6 b
Je ne t'adresse pas d'inutiles louanges, 6+6 a
Et je ne songe point que tu me répondras ; 6+6 b
Pour être proposés, ces illustres échanges 6+6 a
60 Veulent être signés d'un nom que je n'ai pas. 6+6 b
J'ai cru pendant longtemps que j'étais las du monde ; 6+6 a
J'ai dit que je niais, croyant avoir douté ; 6+6 b
Et j'ai pris devant moi pour une nuit profonde 6+6 a
Mon ombre qui passait, pleine de vanité. 6+6 b
65 Poëte, je L'écris pour le dire que j'aime, 6+6 a
Qu'un rayon du soleil est tombé jusqu'à moi, 6+6 b
Et qu'en un jour de deuil et de douleur suprême, 6+6 a
Les pleurs que je versais m'ont fait penser à toi. 6+6 b
Qui de nous, Lamartine, et de notre jeunesse, 6+6 a
70 Ne sait par cœur ce chant, des amants adoré, 6+6 b
Qu'un soir, au bord d'un lac, tu nous as soupiré ? 6+6 b
Qui n'a lu mille fois, qui ne relit sans cesse, 6+6 a
Ces vers mystérieux où parle ta maîtresse, 6+6 a
Et qui n'a sangloté sur ces divins sanglots, 6+6 a
75 Profonds comme le ciel, et purs comme les flots ? 6+6 a
Hélas ! ces longs regrets des amours mensongères, 6+6 a
Ces ruines du temps qu'on trouve à chaque pas, 6+6 b
Ces sillons infinis de lueurs éphémères, 6+6 a
Qui peut se dire un homme, et ne les connaît pas ? 6+6 b
80 Quiconque aima jamais porte une cicatrice ; 6+6 a
Chacun l'a dans le sein, toujours prête à s'ouvrir ; 6+6 b
Chacun la garde en soi, cher et secret supplice, 6+6 a
Et mieux il est frappé, moins il en veut guérir. 6+6 b
Te le dirai-je, à toi, chantre de la souffrance, 6+6 a
85 Que ton glorieux mal, je l'ai souffert aussi ? 6+6 b
Qu'un instant, comme toi, devant ce ciel immense, 6+6 a
J'ai serré dans mes bras la vie et l'espérance, 6+6 a
Et qu'ainsi que le tien mon rêve s'est enfui ? 6+6 b
Te dirai-je qu'un soir, dans la brise embaumée, 6+6 a
90 Endormi, comme loi, dans la paix du bonheur, 6+6 b
Aux célestes accents d'une voix bien-année, 6+6 a
J'ai cru sentir le temps s'arrêter dans mon cœur ? 6+6 b
Te dirai-je qu'un soir, resté seul sur la terre. 6+6 a
Dévoré, comme loi, d'un affreux souvenir, 6+6 b
95 Je me suis étonné dé ma propre misère, 6+6 a
Et de ce qu'un enfant peut souffrir sans mourir ? 6+6 b
Ah ! ce que j'ai senti dans cet instant terrible, 6+6 a
Oserai-je m'en plaindre et te le raconter ? 6+6 b
Comment exprimerai-je une peine indicible ? 6+6 a
100 Après toi, devant toi, puis-je encor le tenter ? 6+6 b
Oui, de ce jour fatal, plein d'horreur et de charmes, 6+6 a
Je veux fidèlement te faire le récit ; 6+6 b
Ce ne sont pas des chants, ce ne sont que des larmes, 6+6 a
Et je ne te dirai que ce que Dieu m'a dit. 6+6 b
105 Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière, 6+6 a
Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre, 6+6 a
Il croit d'abord qu'un rêve a fasciné ses yeux. 6+6 a
Et, doutant de lui-même, interroge les cieux. 6+6 a
Partout la nuit est sombre, et la terre enflammée. 6+6 a
110 Il cherche autour de lui la place accoutumée 6+6 a
Où sa femme l'attend sur le seuil entr'ouvert ; 6+6 a
Il voit un peu de cendre au milieu d'un désert. 6+6 a
Ses enfants demi-nus sortent de la bruyère, 6+6 a
Et viennent lui conter comme leur pauvre mère 6+6 a
115 Est morte sous le chaume avec des cris affreux ; 6+6 a
Mais maintenant au loin tout est silencieux. 6+6 a
Le misérable écoute, et comprend sa ruine. 6+6 a
Il serre, désolé, ses fils sur sa poitrine ; 6+6 a
Il ne lui reste plus, s'il ne tend pas la main, 6+6 a
120 Que la faim pour ce soir, et la mort pour demain. 6+6 a
Pas un sanglot ne sort de sa gorge oppressée ; 6+6 a
Muet et chancelant, sans force et sans pensée, 6+6 a
Il s'assoit à l'écart, les yeux sur l'horizon, 6+6 a
El regardant s'enfuir sa moisson consumée, 6+6 b
125 Dans les noirs tourbillons de l'épaisse fumée 6+6 b
L'ivresse du malheur emporte sa raison. 6+6 a
Tel, lorsqu'abandonné d'une infidèle amante, 6+6 a
Pour la première fois j'ai connu la douleur, 6+6 b
Transpercé tout à coup d'une flèche sanglante, 6+6 a
130 Seul, je me suis assis, dans la nuit de mon cœur. 6+6 b
Ce n'était pas au bord d'un lac au flot limpide. 6+6 a
Ni sur l'herbe fleurie au penchant des coteaux ; 6+6 b
Mes yeux noyés de pleurs ne voyaient que le vide, 6+6 a
Mes sanglots étouffés n'éveillaient point d'échos. 6+6 b
135 C'était dans une rue obscure et tortueuse 6+6 a
De cet immense égout qu'on appelle Paris. 6+6 b
Autour de moi criait celle foule railleuse 6+6 a
Qui des infortunés n'entend jamais les cris. 6+6 b
Sur le pavé noirci les blafardes lanternes 6+6 a
140 Versaient un jour douteux plus triste que la nuit, 6+6 b
Et, suivant au hasard ces feux vagues et ternes, 6+6 a
L'homme passait dans l'ombre, allant où va le bruit. 6+6 b
Partout retentissait comme une joie étrange ; 6+6 a
C'était en février, au temps du carnaval. 6+6 b
145 Les masques avinés, se croisant dans la fange, 6+6 a
S'accostaient d'une injure ou d'un refrain banal. 6+6 b
Dans un carrosse ouvert une troupe entassée 6+6 a
Paraissait par moments sous le ciel pluvieux, 6+6 b
Puis se perdait au loin dans la ville insensée, 6+6 a
150 Hurlant un hymne impur sous la résine en feux. 6+6 b
Cependant des vieillards, des enfants et des femmes 6+6 a
Se barbouillaient de lie au fond des cabarets, 6+6 b
Tandis que de la nuit les prêtresses infâmes 6+6 a
Promenaient çà et là leurs spectres inquiets. 6+6 b
155 On eût dit un portrait de la débauche antique, 6+6 a
Un de ces soirs fameux, chers au peuple romain, 6+6 b
Où, des temples secrets, la Vénus impudique 6+6 a
Sortait échevelée, une torche à la main. 6+6 b
Dieu juste ! pleurer seul par une nuit pareille ! 6+6 a
160 O mon unique amour, que vous avais-je fait ? 6+6 b
Vous m'aviez pu quitter, vous qui juriez la veille 6+6 a
Que vous étiez ma vie, et que Dieu le savait ! 6+6 b
Ah ! toi, le savais-tu, froide et cruelle amie, 6+6 a
Qu'à travers cette honte et cette obscurité, 6+6 b
165 J'étais là, regardant de ta lampe chérie, 6+6 a
Comme une étoile au ciel, la tremblante clarté ? 6+6 b
Non, tu n'en savais rien, je n'ai pas vu ton ombre ; 6+6 a
Ta main n'est pas venue entr'ouvrir ton rideau. 6+6 b
Tu n'as pas regardé si le ciel était sombre ; 6+6 a
170 Tu ne m'as pas cherché dans cet affreux tombeau ! 6+6 b
Lamartine, c'est là, dans celle rue obscure, 6+6 a
Assis sur une borne au fond d'un carrefour, 6+6 b
Les deux mains sur mon cœur, et serrant ma blessure, 6+6 a
Et sentant y saigner un invincible amour ; 6+6 b
175 C'est là, dans cette nuit d'horreur et de détresse, 6+6 a
Au milieu des transports d'un peuple furieux 6+6 b
Qui semblait en passant crier à ma jeunesse : 6+6 a
« Toi qui pleures ce soir, n'as-tu pas ri comme eux ? » 6+6 b
C'est là, devant ce mur où j'ai frappé ma fête, 6+6 a
180 Où j'ai posé deux fois le fer sur mon sein nu ; 6+6 b
C'est là, le croiras-tu, chaste et noble poète, 6+6 a
Que de tes chants divins je me suis souvenu. 6+6 b
O toi qui sais aimer, réponds, amant d'Elvire, 6+6 a
Comprends-tu que l'on parle et qu'on se dise, adieu ? 6+6 b
185 Comprends-tu que ce mot, la main puisse l'écrire, 6+6 a
Et le cœur le signer, et les lèvres le dire, 6+6 a
Les lèvres, qu'un baiser vient d'unir devant Dieu ! 6+6 b
Comprends-tu qu'un lien qui, dans l'âme immortelle, 6+6 a
Chaque jour plus profond, se forme à noire insu ; 6+6 b
190 Qui déracine en nous la volonté rebelle, 6+6 a
Et nous attache au cœur son merveilleux tissu ; 6+6 b
Un lien tout-puissant dont les nœuds et la trame 6+6 a
Sont plus durs que la roche et que les diamants ; 6+6 b
Qui ne craint ni le temps, ni le fer, ni la flamme, 6+6 a
195 Ni la mort elle-même, et qui fait des amants 6+6 b
Jusque dans le tombeau s'aimer les ossements ; 6+6 b
Comprends-tu que dix ans ce lien nous enlace, 6+6 a
Qu'il ne fasse dix ans qu'un seul être de deux, 6+6 b
Puis tout à coup se brise, et, perdu dans l'espace, 6+6 a
200 Nous laisse épouvantés d'avoir cru vivre heureux ! 6+6 b
O poète, il est dur que la nature humaine 6+6 a
Qui marche à pas comptés vers une fin certaine, 6+6 a
Doive encor s'y traîner en portant une croix, 6+6 a
Et qu'il faille ici-bas mourir plus d'une fois. 6+6 a
205 Car de quel autre nom peut s'appeler sur terre 6+6 a
Celte nécessité de changer de misère, 6+6 a
Qui nous fait, jour et nuit, tout prendre et tout quitter, 6+6 a
Si bien que notre temps se passe à convoiter ? 6+6 a
Ne sont-ce pas des morts, et des morts effroyables. 6+6 a
210 Que tant de changements d'êtres si variables, 6+6 a
Qui se disent toujours fatigués d'espérer, 6+6 a
Et qui sont toujours prêts à se transfigurer ? 6+6 a
Quel tombeau que le cœur, et quelle solitude ! 6+6 a
Comment la passion devient-elle habitude, 6+6 a
215 El comment se fait-il que, sans y trébucher, 6+6 a
Sur ses propres débris l'homme puisse marcher ? 6+6 a
Il y marche pourtant ; c'est Dieu qui l'y convie. 6+6 a
Il va semant partout et prodiguant sa vie : 6+6 a
Désir, crainte, colère, inquiétude, ennui, 6+6 a
220 Tout passe et disparaît, tout est fantôme en lui. 6+6 a
Son misérable cœur est fait de telle sorte, 6+6 a
Qu'il faut incessamment qu'une ruine en sorte ; 6+6 a
Que la mort soit son terme, il ne l'ignore pas, 6+6 a
Et, marchant à la mort, il meurt à chaque pas. 6+6 a
225 Il meurt dans ses amis, dans son fils, dans son père ; 6+6 a
Il meurt dans ce qu'il pleure et dans ce qu'il espère ; 6+6 a
Et sans parler des corps qu'il faut ensevelir, 6+6 a
Qu'est-ce donc qu'oublier, si ce n'est pas mourir ? 6+6 a
Ah ! c'est plus que mourir ; c'est survivre à soi-même. 6+6 a
230 L'âme remonte au ciel, quand on perd ce qu'on aime. 6+6 a
Il ne reste de nous qu'un cadavre vivant ; 6+6 a
Le désespoir l'habite, et le néant l'attend. 6+6 a
Eh bien ! bon ou mauvais, inflexible ou fragile, 6+6 a
Humble ou fier, triste ou gai, mais toujours gémissant, 6+6 b
235 Cet homme, tel qu'il est, cet être fait d'argile, 6+6 a
Tu l'as vu, Lamartine, et son sang est ton sang. 6+6 b
Son bonheur est le tien ; sa douleur est la tienne ; 6+6 a
Et des maux qu'ici-bas il lui faut endurer, 6+6 b
Pas un qui ne te touche et qui ne t'appartienne ; 6+6 a
240 Puisque tu sais chanter, ami, tu sais pleurer. 6+6 b
Dis-moi, qu'en penses-tu dans tes jours de tristesse ? 6+6 a
Que t'a dit le malheur, quand tu l'as consulté ? 6+6 b
Trompé par tes amis, trahi par ta maîtresse, 6+6 a
Dû ciel et de toi-même as-tu jamais douté ? 6+6 b
245 Non, Alphonse, jamais. La triste Expérience 6+6 a
Nous apporte là cendre, et n'éteint pas le feu. 6+6 b
Tu respectes le mal fait par la Providence, 6+6 a
Tu le laisses passer, et tu crois à ton Dieu. 6+6 b
Quel qu'il soit, c'est le mien ; il n'est pas deux croyances, 6+6 a
250 Je ne sais pas son nom, j'ai regardé les cieux. 6+6 b
Je sais qu'ils sont à lui, je sais qu'ils sont immenses, 6+6 a
Et que l'immensité ne peut pas être à deux. 6+6 b
J'ai connu, jeune encor, de sévères souffrances ; 6+6 a
J'ai vu verdir les bois, et j'ai tenté d'aimer. 6+6 b
255 Je sais ce que la terre engloutit d'espérances, 6+6 a
Et, pour y recueillir, ce qu'il y faut semer. 6+6 b
Mais, ce que j'ai senti, ce que je veux t'écrire, 6+6 a
C'est ce que m'ont appris les anges de douleur ; 6+6 b
Je le sais mieux encore et puis mieux te le dire, 6+6 a
260 Car leur glaive, en entrant, l'a gravé dans mon cœur : 6+6 b
Créature d'un jour qui t'agites une heure, 6+6 a
De quoi viens-tu te plaindre et qui te fait gémir ? 6+6 b
Ton âme t'inquiète, et lu crois qu'elle pleure ; 6+6 a
Ton âme est immortelle, et tes pleurs vont tarir. 6+6 b
265 Tu le sens le cœur pris d'un caprice de femme, 6+6 a
Et lu dis qu'il se brise à force de souffrir. 6+6 b
Tu demandes à Dieu de soulager ton âme ; 6+6 a
Ton âme est immortelle, et ton cœur va guérir. 6+6 b
Le regret d'un instant te trouble et te dévore ; 6+6 a
270 Tu dis que le passé te voile l'avenir. 6+6 b
Ne te plains pas d'hier ; laisse venir l'aurore. 6+6 a
Ton âme est immortelle, et le temps va s'enfuir. 6+6 b
Ton corps est abattu du mal de ta pensée ; 6+6 a
Tu sens ton front peser, et tes genoux fléchir. 6+6 b
275 Tombe, agenouille-toi, créature insensée ; 6+6 a
Ton âme est immortelle, et la mort va venir. 6+6 b
Tes os dans le cercueil vont tomber en poussière ; 6+6 a
Ta mémoire, ton nom, ta gloire, vont périr ; 6+6 b
Mais non pas ton amour, si ton amour t'est chère ; 6+6 a
280 Ton âme est immortelle, et va s'en souvenir. 6+6 b
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