Métrique en Ligne
MUS_1/MUS4
Alfred de MUSSET
PREMIÈRES POÉSIES
1829-1835
Portia
Qu'est le hasard ? — C'est le marbre qui reçoit
la vie des mains du statuaire. La Providence donne le hasard.
SCHILLER.
I
Les premières clartés du jour avaient rougi 6+6 a
L'Orient, quand le comte Onorio Luigi 6+6 a
Rentra du bal masqué. — Fatigue ou nonchalance, 6+6 b
La comtesse à son bras s'appuyait en silence, 6+6 b
5 Et d'une main distraite écartait ses cheveux 6+6 a
Qui tombaient en désordre, et voilaient ses beaux yeux. 6+6 a
Elle s'alla jeter, en entrant dans la chambre, 6+6 b
Sur le bord de son lit. — On était en décembre, 6+6 b
Et déjà l'air glacé des longs soirs de janvier 6+6 a
10 Soulevait par instant la cendre du foyer. 6+6 a
Luigi n'approcha pas toutefois de la flamme 6+6 b
Qui l'éclairait de loin. — Il regardait sa femme ; 6+6 b
Une idée incertaine et terrible semblait 6+6 a
Flotter dans son esprit, que le sommeil troublait. 6+6 a
15 Le comte commençait à vieillir. — Son visage 6+6 b
Paraissait cependant se ressentir de l'âge 6+6 b
Moins que des passions qui l'avaient agité. 6+6 a
C'était un Florentin ; jeune, il avait été 6+6 a
Ce qu'on appelle à Rome un coureur d'aventure. 6+6 b
20 Débauché par ennui, mais triste par nature, 6+6 b
Voyant venir le temps, il s'était marié ; 6+6 a
Si bien qu'ayant tout vu, n'ayant rien oublié, — 6+6 a
Pourquoi ne pas le dire ? il était jaloux. — L'homme 6+6 b
Qui vit sans jalousie, en ce bas monde, est comme 6+6 b
25 Celui qui dort sans lampe ; il peut sentir le bras 6+6 a
Qui vient pour le frapper, mais il ne le voit pas. 6+6 a
Pour le palais Luigi, la porte en était libre. 6+6 b
Le comte eût mis en quatre et jeté dans le Tibre 6+6 b
Quiconque aurait osé toucher sa femme au pied ; 6+6 a
30 Car nul pouvoir humain, quand il avait prié, 6+6 a
Ne l'eût fait d'un instant différer ses vengeances. 6+6 b
Il avait acheté du ciel ses indulgences ; 6+6 b
On le disait du moins. — Qui dans Rome eût pensé 6+6 a
Qu'un tel homme pût être impunément blessé ? 6+6 a
35 Mariée à quinze ans, noble, riche, adorée, 6+6 b
De tous les biens du monde à loisir entourée, 6+6 b
N'ayant dès le berceau connu qu'une amitié, 6+6 a
Sa femme ne l'avait jamais remercié ; 6+6 a
Mais quel soupçon pouvait l'atteindre ? Et qu'était-elle, 6+6 b
40 Sinon la plus loyale et la moins infidèle 6+6 b
Des épouses ?
Luigi s'était levé. Longtemps 6+6 a
Il parut réfléchir en marchant à pas lents. 6+6 a
Enfin, s'arrêtant court : « Portia, vous êtes lasse, 6+6 b
Dit-il, car vous dormez tout debout. — Moi, de grâce ? 6+6 b
45 Prit-elle en rougissant ; oui, j'ai beaucoup dansé. 6+6 a
Je me sens défaillir malgré moi. — Je ne sais, 6+6 a
Reprit Onorio, quel était ce jeune homme 6+6 b
En manteau noir ; il est depuis deux jours à Rome. 6+6 b
Vous a-t-il adressé la parole ? — De qui 6+6 a
50 Parlez-vous, mon ami ? dit Portia. — De celui 6+6 a
Qui se tenait debout à souper, ce me semble, 6+6 b
Derrière vous ; j'ai cru vous voir parler ensemble. 6+6 b
Vous a-t-on dit quel est son nom ? — Je n'en sais rien 6+6 a
Plus que vous, dit Portia. — Je l'ai trouvé très bien, 6+6 a
55 Dit Luigi, n'est-ce pas ? Et gageons qu'à cette heure, 6+6 b
Il n'est pas comme vous défaillant, que je meure ; 6+6 b
Joyeux plutôt. — Joyeux ? sans doute ; et d'où vous vient, 6+6 a
S'il vous plaît, ce dessein d'en parler qui vous tient ? 6+6 a
— Et, prit Onorio, d'où ce dessein contraire, 6+6 b
60 Lorsque j'en viens parler, de vous en vouloir taire ? 6+6 b
Le propos en est-il étrange ? Assurément 6+6 a
Plus d'un méchant parleur le tient en ce moment. 6+6 a
Rien n'est plus curieux ni plus gai, sur mon âme, 6+6 b
Qu'un manteau noir au bal. — Mon ami, dit la dame, 6+6 b
65 Le soleil va venir tout à l'heure, pourquoi 6+6 a
Demeurez-vous ainsi ? Venez auprès de moi. 6+6 a
— J'y viens, et c'est le temps, vrai Dieu, que l'on achève 6+6 b
De quitter son habit quand le soleil se lève ! 6+6 b
Dormez si vous voulez, mais tenez pour certain 6+6 a
70 Que je n'ai pas sommeil quand il est si matin. 6+6 a
— Quoi, me laisser ainsi toute seule ? J'espère 6+6 b
Que non, — n'ayant rien fait, seigneur, pour vous déplaire. 6+6 b
— Madame », dit Luigi s'avançant quatre pas, — 6+6 a
Et comme hors du lit pendait un de ses bras, 6+6 a
75 De même que l'on voit d'une coupe approchée 6+6 b
Se saisir ardemment une lèvre séchée, 6+6 b
Ainsi vous l'auriez vu sur ce bras endormi 6+6 a
Mettre un baiser brûlant, — puis, tremblant à demi : 6+6 a
« Tu ne le connais pas, ô jeune Vénitienne ! 6+6 b
80 Ce poison florentin qui consume une veine, 6+6 b
La dévore, et ne veut qu'un mot pour arracher 6+6 a
D'un cœur d'homme dix ans de joie, et dessécher 6+6 a
Comme un marais impur ce premier bien de l'âme, 6+6 b
Qui fait l'amour d'un homme, et l'honneur d'une femme ! 6+6 b
85 Mal sans fin, sans remède, affreux, que j'ai sucé 6+6 a
Dans le lait de ma mère, et qui rend insensé. 6+6 a
— Quel mal ? dit Portia.
— C'est quand on dit d'un homme 6+6 b
Qu'il est jaloux. Ceux-là, c'est ainsi qu'on les nomme. 6+6 b
— Maria ! dit l'enfant, est-ce de moi, mon Dieu ! 6+6 a
Que vous seriez jaloux ?
90 — Moi, madame ! à quel lieu ? 6+6 a
Jaloux ? vous l'ai-je dit ! sur la foi de mon âme, 6+6 b
Aucunement ! jaloux pourquoi donc ? Non, madame, 6+6 b
Je ne suis pas jaloux ; allez, dormez en paix. » 6+6 a
Comme il s'éloignait d'elle à ce discours, après 6+6 a
95 Qu'il se fut au balcon accoudé d'un air sombre 6+6 b
(Et le croissant déjà pâlissait avec l'ombre), 6+6 b
En regardant sa femme, il vit qu'elle fermait 6+6 a
Ses bras sur sa poitrine, et qu'elle s'endormait. 6+6 a
Qui ne sait que la nuit a des puissances telles, 6+6 b
100 Que les femmes y sont, comme les fleurs, plus belles, 6+6 b
Et que tout vent du soir qui les peut effleurer 6+6 a
Leur enlève un parfum plus doux à respirer ? 6+6 a
Ce fut pourquoi, nul bruit ne frappant son ouïe, 6+6 b
Luigi, qui l'admirait si fraîche épanouie, 6+6 b
105 Si tranquille, si pure, œil mourant, front penché, 6+6 a
Ainsi qu'un jeune faon dans les hauts blés couché, 6+6 a
Sentit ceci, — qu'au front d'une femme endormie, 6+6 b
Il n'est âme si rude et si bien affermie 6+6 b
Qui ne trouve de quoi voir son plus dur chagrin 6+6 a
110 Se fondre comme au feu d'une flamme l'airain. 6+6 a
Car, à qui s'en fier, mon Dieu ! si la nature 6+6 b
Nous fait voir à sa face une telle imposture, 6+6 b
Qu'il faille séparer la créature en deux, 6+6 a
Et défendre son cœur de l'amour de ses yeux ! 6+6 a
115 Cependant que, debout dans son antique salle, 6+6 b
Le Toscan sous sa lampe inclinait son front pâle, 6+6 b
Au pied de son balcon il crut entendre, au long 6+6 a
Du mur, une voix d'homme, avec un violon. — 6+6 a
Sur quoi, s'étant sans bruit avancé sous la barre, 6+6 b
120 Il vit distinctement deux porteurs de guitare, — 6+6 b
L'un inconnu, — pour l'autre, il n'en pouvait douter, 6+6 a
C'était son manteau noir, — il le voulut guetter. 6+6 a
Pourtant rien ne trahit ce qu'en sentit son âme, 6+6 b
Sinon qu'il mit la main lentement à sa lame, 6+6 b
125 Comme pour éprouver, la tirant à demi, 6+6 a
Qu'ayant là deux rivaux, il avait un ami. — 6+6 a
Tout se taisait. Il prit le temps de reconnaître 6+6 b
Les traits du cavalier ; puis, fermant sa fenêtre 6+6 b
Sans bruit, et sans que rien sur ses traits eût changé, 6+6 a
130 Il vit si dans le lit sa femme avait bougé. 6+6 a
— Elle était immobile, et la nuit défaillante 6+6 b
La découvrait au jour plus belle et plus riante. 6+6 b
Donc notre Florentin, ayant dit ses avés 6+6 a
Du soir, se mit au lit. — Frère, si vous avez 6+6 a
135 Par le monde jamais vu quelqu'un de Florence, 6+6 b
Et de son sang en lui pris quelque expérience, 6+6 b
Vous savez que la haine en ce pays n'est pas 6+6 a
Un géant comme ici fier et levant le bras ; 6+6 a
C'est une empoisonneuse en silence accroupie 6+6 b
140 Au revers d'un fossé, qui de loin vous épie, 6+6 b
Boiteuse, retenant son souffle avec sa voix, 6+6 a
Et, crainte de faillir, s'y prenant à deux fois. 6+6 a
II
L'église était déserte, et les flambeaux funèbres 6+6 b
Croisaient en chancelant leurs feux dans les ténèbres, 6+6 b
145 Quand le jeune étranger s'arrêta sur le seuil. 6+6 a
Sa main n'écarta pas son long manteau de deuil 6+6 a
Pour puiser l'eau bénite au bord de l'urne sainte. 6+6 b
Il entra sans respect dans la divine enceinte, 6+6 b
Mais aussi sans mépris. — Quelques religieux 6+6 a
150 Priaient bas, et le chœur était silencieux. 6+6 a
Les orgues se taisaient, les lampes immobiles 6+6 b
Semblaient dormir en paix sous les voûtes tranquilles ; 6+6 b
Un écho prolongé répétait chaque pas. 6+6 a
Solitudes de Dieu ! qui ne vous connaît pas ? 6+6 a
155 Dômes mystérieux, solennité sacrée, 6+6 b
Quelle âme, en vous voyant, est jamais demeurée 6+6 b
Sans doute ou sans terreur ? — Toutefois devant vous 6+6 a
L'inconnu ne baissa le front ni les genoux. 6+6 a
Il restait en silence et comme dans l'attente. 6+6 b
160 — L'heure sonne. — Ce fut une femme tremblante 6+6 b
De vieillesse sans doute, ou de froid (car la nuit 6+6 a
Était froide), qui vint à lui. « Le temps s'enfuit, 6+6 a
Dit-il, entendez-vous le coq chanter ? La rue 6+6 b
Paraît déserte encor, mais l'ombre diminue ; 6+6 b
165 Marchez donc devant moi. » La vieille répliqua : 6+6 a
« Voici la clef ; allez jusqu'à ce mur, c'est là 6+6 a
Qu'on vous attend ; allez vite, et faites en sorte 6+6 b
Qu'on vous voie. — Merci », dit l'étranger. — La porte 6+6 b
Retomba lentement derrière lui. « Le ciel 6+6 a
170 Les garde ! » dit la vieille en marchant à l'autel. 6+6 a
Où donc, noble jeune homme, à cette heure où les ombres 6+6 b
Sous les pieds du passant tendent leurs voiles sombres, 6+6 b
Où donc vas-tu si vite ? et pourquoi ton coursier 6+6 a
Fait-il jaillir le feu de l'étrier d'acier ? 6+6 a
175 Ta dague bat tes flancs, et ta tempe ruisselle : 6+6 b
Jeune homme, où donc vas-tu ? qui te pousse ou t'appelle ? 6+6 b
Pourquoi comme un fuyard sur l'arçon te courber ? 6+6 a
Frère, la terre est grise, et l'on y peut tomber. 6+6 a
Pourtant ton serviteur fidèle, hors d'haleine, 6+6 b
180 Voit de loin ton panache, et peut le suivre à peine. 6+6 b
Que Dieu soit avec toi, frère, si c'est l'amour 6+6 a
Qui t'a dans l'ombre ainsi fait devancer le jour ! 6+6 a
L'amour sait tout franchir, et bienheureux qui laisse 6+6 b
La sueur de son front aux pieds de sa maîtresse ! 6+6 b
185 Nulle crainte en ton cœur, nul souci du danger, 6+6 a
Va ! — Car ce qui t'attend là-bas, jeune étranger, 6+6 a
Que ce soit une main à la tienne tendue, 6+6 b
Que ce soit un poignard au tournant d'une rue, 6+6 b
Qu'importe ? — Va toujours, frère, Dieu seul est grand ! 6+6 a
190 Mais, près de ce palais, pourquoi ton œil errant 6+6 a
Cherche-t-il donc à voir et comme à reconnaître 6+6 b
Ce kiosque, à la nuit close entr'ouvrant sa fenêtre ? 6+6 b
Tes vœux sont-ils si haut et si loin avancés ? 6+6 a
Jeune homme, songes-y ; ce réduit, tu le sais, 6+6 a
195 Se tient plus invisible à l'œil, que la pensée 6+6 b
Dans le cœur de son maître, inconnue et glacée. 6+6 b
Pourtant au pied du mur, sous les arbres caché, 6+6 a
Comme un chasseur, l'oreille au guet, tu t'es penché. 6+6 a
D'où partent ces accents ? et quelle voix s'élève 6+6 b
200 Entre ces barreaux, douce et faible comme un rêve ? 6+6 b
« Dalti, mon cher trésor, mon amour, est-ce toi ? — 6+6 a
Portia ! flambeau du ciel ! Portia, ta main ; c'est moi. » 6+6 a
Rien de plus. — Et déjà sur l'échelle de soie 6+6 b
Une main l'attirait, palpitante de joie ; 6+6 b
205 Déjà deux bras ardents, de baisers enchaîné, 6+6 a
L'avaient comme une proie à l'alcôve traîné. 6+6 a
Ô vieillards décrépits ! têtes chauves et nues ! 6+6 b
Cœurs brisés, dont le temps ferme les avenues ! 6+6 b
Centenaires voûtés, spectres à chef branlant, 6+6 a
210 Qui, pâles au soleil, cheminez d'un pied lent ! 6+6 a
C'est vous qu'ici j'invoque, et prends en témoignage. 6+6 b
Vous n'avez pas toujours été sans vie, et l'âge 6+6 b
N'a pas toujours plié de ses mains de géant 6+6 a
Votre front à la terre, et votre âme au néant ! 6+6 a
215 Vous avez eu des yeux, des bras et des entrailles ! 6+6 b
Dites-nous donc, avant que de vos funérailles 6+6 b
L'heure vous vienne prendre, ô vieillards, dites-nous 6+6 a
Comme un cœur à vingt ans bondit au rendez-vous ! 6+6 a
« Amour, disait l'enfant, après que, demi-nue, 6+6 b
220 Elle s'était, mourante, à ses pieds étendue, 6+6 b
Vois-tu comme tout dort ? Que ce silence est doux ! 6+6 a
Dieu n'a dans l'univers laissé vivre que nous. » 6+6 a
Puis elle l'admirait avec un doux sourire, 6+6 b
Comme elles font toujours. Quelle femme n'admire 6+6 b
225 Ce qu'elle aime, et quel front peut-elle préférer 6+6 a
A celui que ses yeux ne peuvent rencontrer 6+6 a
Sans se voiler de pleurs ! « Voyons, lui disait-elle, 6+6 b
T'es-tu fait beau pour moi, qui me suis faite belle ? 6+6 b
Pour qui ce collier d'or ? pour qui ces fins bijoux ? 6+6 a
230 Ce beau panache noir ? Était-ce un peu pour nous ? » 6+6 a
Et puis elle ajouta : « Mon amour ! que personne 6+6 b
Ne vous ait vu venir surtout, car j'en frissonne. » 6+6 b
Mais le jeune Dalti ne lui répondait pas ; 6+6 a
Aux rayons de la lune, il avait de ses bras 6+6 a
235 Entouré doucement sa pâle bien-aimée ; 6+6 b
Elle laissait tomber sa tête parfumée 6+6 b
Sur son épaule, et lui regardait, incliné, 6+6 a
Son beau front, d'espérance et de paix couronné ! 6+6 a
« Portia, murmura-t-il, cette glace dans l'ombre 6+6 b
240 Jette un reflet trop pur à cette alcôve sombre ; 6+6 b
Ces fleurs ont trop d'éclat, tes yeux trop de langueurs ; 6+6 a
Que ne m'accablais-tu, Portia, de tes rigueurs ! 6+6 a
Peut-être, Dieu m'aidant, j'eusse trouvé des armes. 6+6 b
Mais quand tu m'as noyé de baisers et de larmes, 6+6 b
245 Dis, qui peut m'en défendre, ou qui m'en guérira ? 6+6 a
Tu m'as fait trop heureux ; ton amour me tuera ! » 6+6 a
Et comme sur le bord de la longue ottomane, 6+6 b
Elle attachée à lui comme un lierre au platane, 6+6 b
Il s'était renversé tremblant à ce discours, 6+6 a
250 Elle le vit pâlir : « O mes seules amours, 6+6 a
Dit-il, en toute chose il est une barrière 6+6 b
Où, pour grand qu'on se sente, on se jette en arrière ; 6+6 b
De quelque fol amour qu'on ait empli son cœur, 6+6 a
Le désir est parfois moins grand que le bonheur ; 6+6 a
255 Le ciel, ô ma beauté, ressemble à l'âme humaine : 6+6 b
Il s'y trouve une sphère où l'aigle perd haleine, 6+6 b
Où le vertige prend, où l'air devient le feu, 6+6 a
Et l'homme doit mourir où commence le Dieu. » 6+6 a
La lune se voilait ; la nuit était profonde, 6+6 b
260 Et nul témoin des cieux ne veillait sur le monde. 6+6 b
La lampe tout à coup s'éteignit. « Reste là, 6+6 a
Dit Portia, je m'en vais l'allumer. » Elle alla 6+6 a
Se baisser au foyer. — La cendre à demi morte 6+6 b
Couvrait à peine encore une étincelle, en sorte 6+6 b
265 Qu'elle resta longtemps. — Mais lorsque la clarté 6+6 a
Eut enfin autour d'eux chassé l'obscurité : 6+6 a
« Ciel et terre, Dalti ! Nous sommes trois, dit-elle. 6+6 b
— Trois », répéta près d'eux une voix à laquelle 6+6 b
Répondirent au loin les voûtes du château. 6+6 a
270 Immobile, caché sous les plis d'un manteau, 6+6 a
Comme au seuil d'une porte une antique statue, 6+6 b
Onorio, debout, avait frappé leur vue. 6+6 b
— D'où venait-il ainsi ? Les avait-il guettés 6+6 a
En silence longtemps, et longtemps écoutés ? 6+6 a
275 De qui savait-il l'heure, et quelle patience 6+6 b
L'avait fait une nuit épier la vengeance ? 6+6 b
Cependant son visage était calme et serein, 6+6 a
Son fidèle poignard n'était pas dans sa main, 6+6 a
Son regard ne marquait ni colère ni haine ; 6+6 b
280 Mais ses cheveux, plus noirs, la veille, que l'ébène, 6+6 b
Chose étrange à penser, étaient devenus blancs. 6+6 a
Les amants regardaient, sous les rayons tremblants 6+6 a
De la lampe déjà par l'aurore obscurcie, 6+6 b
Ce vieillard d'une nuit, cette tête blanchie, 6+6 b
285 Avec ses longs cheveux plus pâles que son front. 6+6 a
« Portia, dit-il, d'un ton de voix lent et profond ; 6+6 a
Quand ton père, en mourant, joignit nos mains, la mienne 6+6 b
Resta pourtant ouverte ; en retirer la tienne 6+6 b
Était aisé. Pourquoi l'as-tu donc fait si tard ? » 6+6 a
290 Mais le jeune Dalti s'était levé. « Vieillard, 6+6 a
Ne perdons pas de temps. Vous voulez cette femme ? 6+6 b
En garde ! Qu'un de nous la rende avec son âme. 6+6 b
— Je le veux », dit le comte ; et deux lames déjà 6+6 a
Brillaient en se heurtant. — Vainement la Portia 6+6 a
295 Se traînait à leurs pieds, tremblante, échevelée. 6+6 b
Qui peut sous le soleil tromper sa destinée ? 6+6 b
Quand des jours et des nuits qu'on nous compte ici-bas 6+6 a
Le terme est arrivé, la terre sous nos pas 6+6 a
S'entr'ouvrirait plutôt : que sert qu'on s'en défende ? 6+6 b
300 Lorsque la fosse attend, il faut qu'on y descende. 6+6 b
Le comte ne poussa qu'un soupir, et tomba. 6+6 a
Dalti n'hésita pas. « Viens, dit-il à Portia, 6+6 a
Sortons. » Mais elle était sans parole, et mourante. 6+6 b
Il prit donc d'une main le cadavre, l'amante 6+6 b
305 De l'autre, et s'éloigna. La nuit ne permit pas 6+6 a
De voir de quel côté se dirigeaient ses pas. 6+6 a
III
Une heure est à Venise, — heure des sérénades, 6+6 b
Lorsqu'autour de Saint-Marc sous les sombres arcades, 6+6 b
Les pieds dans la rosée, et son masque à la main, 6+6 a
310 Une nuit de printemps joue avec le matin, 6+6 a
Nul bruit ne trouble plus, dans les palais antiques, 6+6 b
La majesté des saints debout sous les portiques. 6+6 b
La ville est assoupie, et les flots prisonniers 6+6 a
S'endorment sur le bord de ses blancs escaliers. 6+6 a
315 C'est alors que de loin, au détour d'une allée, 6+6 b
Se détache en silence une barque isolée, 6+6 b
Sans voile, pour tout guide ayant son matelot, 6+6 a
Avec son pavillon flottant sous son falot. 6+6 a
Telle, au sein de la nuit, et par l'onde bercée, 6+6 b
320 Glissait, par le Zéphyr lentement balancée, 6+6 b
La légère chaloupe où le jeune Dalti 6+6 a
Agitait en ramant le flot appesanti. 6+6 a
Longtemps, au double écho de la vague plaintive, 6+6 b
On le vit s'éloigner, en voguant, de la rive ; 6+6 b
325 Mais lorsque la cité, qui semblait s'abaisser 6+6 a
Et lentement au loin dans les flots s'enfoncer, 6+6 a
Eut, en se dérobant, laissé l'horizon vide, 6+6 b
Semblable à l'alcyon qui, dans son cours rapide, 6+6 b
S'arrête tout à coup, la chaloupe écarta 6+6 a
330 Ses rames sur l'azur des mers, et s'arrêta. 6+6 a
« Portia, dit l'étranger, un vent plus doux commence 6+6 b
A se faire sentir. — Chante-moi ta romance. » 6+6 b
Peut-être que le seuil du vieux palais Luigi 6+6 a
Du pur sang de son maître était encor rougi ; 6+6 a
335 Que tous les serviteurs sur les draps funéraires 6+6 b
N'avaient pas achevé leurs dernières prières ; 6+6 b
Peut-être qu'alentour des sinistres apprêts 6+6 a
Les moines, s'agitant comme de noirs cyprès, 6+6 a
Et mêlant leurs soupirs aux cantiques des vierges, 6+6 b
340 N'avaient pas sur la tombe encore éteint les cierges ; 6+6 b
Peut-être de la veille avait-on retrouvé 6+6 a
Le cadavre perdu, le front sous un pavé ; 6+6 a
Son chien pleurait sans doute et le cherchait encore. 6+6 b
Mais quand Dalti parla, Portia prit sa mandore, 6+6 b
345 Mêlant sa douce voix, que l'écho répétait, 6+6 a
Au murmure moqueur du flot qui l'emportait. 6+6 a
— Quel homme fut jamais si grand, qu'il se pût croire 6+6 b
Certain, ayant vécu, d'avoir une mémoire 6+6 b
Où son souvenir, jeune et bravant le trépas, 6+6 a
350 Pût revivre une vie, et ne s'éteindre pas ? 6+6 a
Les larmes d'ici-bas ne sont qu'une rosée 6+6 b
Dont un matin au plus la terre est arrosée, 6+6 b
Que la brise secoue, et que boit le soleil ; 6+6 a
Puis l'oubli vient au cœur, comme aux yeux le sommeil. 6+6 a
355 Dalti, le front baissé, tantôt sur son amante 6+6 b
Promenait ses regards, tantôt sur l'eau dormante. 6+6 b
Ainsi muet, penchant sa tête sur sa main, 6+6 a
Il sembla quelque temps demeurer incertain. 6+6 a
« Portia, dit-il enfin, ce que vous pouviez faire, 6+6 b
360 Vous l'avez fait ; c'est bien. Parlez-moi sans mystère : 6+6 b
Vous en repentez-vous ? — Moi, dit-elle, de quoi ? 6+6 a
— D'avoir, dit l'étranger, abandonné pour moi 6+6 a
Vos biens, votre maison et votre renommée 6+6 b
(Il fixa de ses yeux perçants sa bien-aimée. 6+6 b
365 Et puis il ajouta d'un ton dur), — votre époux. » 6+6 a
Elle lui répondit : « J'ai fait cela pour vous ; 6+6 a
Je ne m'en repens pas.
— Ô nature, nature ! 6+6 b
Murmura l'étranger, vois cette créature : 6+6 b
Sous les cieux les plus doux qui la pouvaient nourrir, 6+6 a
370 Cette fleur avait mis dix-huit ans à s'ouvrir. 6+6 a
A-t-elle pu tomber et se faner si vite, 6+6 b
Pour avoir une nuit touché ma main maudite ? 6+6 b
C'est bien, poursuivit-il, c'est bien, elle est à moi. 6+6 a
Viens, dit-il à Portia, viens et relève-toi. 6+6 a
375 T'est-il jamais venu dans l'esprit de connaître 6+6 b
Qui j'étais ? qui je suis ?
— Eh ! qui pouvez-vous être, 6+6 b
Mon ami, si ce n'est un riche et beau seigneur ? 6+6 a
Nul ne vous parle ici, qui ne vous rende honneur. 6+6 a
— As-tu, dit le jeune homme, autour des promenades, 6+6 b
380 Rencontré quelquefois, le soir, sous les arcades, 6+6 b
De ces filles de joie errant en carnaval, 6+6 a
Qui traînent dans la boue une robe de bal ? 6+6 a
Elles n'ont pas toujours au bout de la journée 6+6 b
Du pain pour leur souper. Telle est leur destinée ; 6+6 b
385 Car souvent de besoin ces spectres consumés 6+6 a
Prodiguent aux passants des baisers affamés. 6+6 a
Elles vivent ainsi. C'est un sort misérable, 6+6 b
N'est-il pas vrai ? Le mien cependant est semblable. 6+6 b
— Semblable à celui-là ! dit l'enfant. Je vois bien, 6+6 a
390 Dalti, que vous voulez rire, et qu'il n'en est rien. 6+6 a
— Silence ! dit Dalti, la vérité tardive 6+6 b
Doit se montrer à vous ici, quoi qu'il arrive. 6+6 b
Je suis fils d'un pêcheur.
— Maria ; Maria ! 6+6 a
Prenez pitié de nous, si c'est vrai, dit Portia. 6+6 a
395 — C'est vrai, dit l'étranger. Écoutez mon histoire. 6+6 b
Mon père était pêcheur ; mais je n'ai pas mémoire 6+6 b
Du jour où pour partir le destin l'appela, 6+6 a
Me laissant pour tout bien la barque où nous voilà. 6+6 a
J'avais quinze ans, je crois ; je n'aimais que mon père, 6+6 b
400 Ma venue en ce monde ayant tué ma mère, 6+6 b
Mon véritable nom est Daniel Zoppieri. 6+6 a
Pendant les premiers temps mon travail m'a nourri, 6+6 a
Je suivais le métier qu'avait pris ma famille ; 6+6 b
L'astre mystérieux qui sur nos têtes brille 6+6 b
405 Voyait seul quelquefois tomber mes pleurs amers 6+6 a
Au sein des flots sans borne et des profondes mers ; 6+6 a
Mais c'était tout. D'ailleurs, je vivais seul, tranquille, 6+6 b
Couchant où je pouvais, rarement à la ville. 6+6 b
Mon père cependant, qui, pour un batelier, 6+6 a
410 Était fier, m'avait fait d'abord étudier ; 6+6 a
Je savais le toscan, et j'allais à l'église ; 6+6 b
Ainsi dès ce temps-là je connaissais Venise. 6+6 b
Un soir, un grand seigneur ; Michel Gianinetto, 6+6 a
Pour donner un concert me loua mon bateau. 6+6 a
415 Sa maîtresse (c'était, je crois, la Muranèse) 6+6 b
Y vint seule avec lui ; la mer était mauvaise ; 6+6 b
Au bout d'une heure au plus un orage éclata. 6+6 a
Elle, comme un enfant qu'elle était, se jeta 6+6 a
Dans mes bras, effrayée, et me serra contre elle. 6+6 b
420 Vous savez son histoire, et comme elle était belle ; 6+6 b
Je n'avais jusqu'alors rien rêvé de pareil, 6+6 a
Et de cette nuit-là je perdis le sommeil. » 6+6 a
L'étranger, à ces mots, parut reprendre haleine ; 6+6 b
Puis, Portia l'écoutant et respirant à peine, 6+6 b
Il poursuivit :
425 « Venise ! ô perfide cité, 6+6 a
A qui le ciel donna la fatale beauté, 6+6 a
Je respirai cet air dont l'âme est amollie, 6+6 b
Et dont ton souffle impur empesta l'Italie ! 6+6 b
Pauvre et pieds nus, la nuit, j'errais sous tes palais. 6+6 a
430 Je regardais tes grands, qu'un peuple de valets 6+6 a
Entoure, et rend pareils à des paralytiques, 6+6 b
Tes nobles arrogants, et tous tes magnifiques 6+6 b
Dont l'ombre est saluée, et dont aucun ne dort 6+6 a
Que sous un toit de marbre et sur un pavé d'or. 6+6 a
435 Je n'étais cependant qu'un pêcheur ; mais, aux fêtes, 6+6 b
Quand j'allais au théâtre écouter les poètes, 6+6 b
Je revenais le cœur plein de haine, et navré. 6+6 a
Je lisais, je cherchais ; c'est ainsi, par degré, 6+6 a
Que je chassai, Portia, comme une ombre légère, 6+6 b
440 L'amour de l'Océan, ma richesse première. 6+6 b
Je vous vis, — je vendis ma barque et mes filets. 6+6 a
Je ne sais pas pourquoi, ni ce que je voulais, 6+6 a
Pourtant je les vendis. C'était ce que sur terre 6+6 b
J'avais pour tout trésor, ou pour toute misère. 6+6 b
445 Je me mis à courir, emportant en chemin 6+6 a
Tout mon bien qui tenait dans le creux de ma main. 6+6 a
Las de marcher bientôt, je m'assis, triste et morne, 6+6 b
Au fond d'un carrefour, sur le coin d'une borne. 6+6 b
J'avais vu par hasard, auprès d'un mauvais lieu 6+6 a
450 De la place Saint-Marc, une maison de jeu. 6+6 a
J'y courus. Je vidai ma main sur une table, 6+6 b
Puis, muet, attendant l'arrêt inévitable, 6+6 b
Je demeurai debout. Ayant gagné d'abord, 6+6 a
Je résolus de suivre et de tenter le sort. 6+6 a
455 Mais pourquoi vous parler de cette nuit terrible ? 6+6 b
Toute une nuit, Portia, le démon invincible 6+6 b
Me cloua sur la place, et je vis devant moi 6+6 a
Pièce à pièce tomber la fortune d'un roi. 6+6 a
Ainsi je demeurai, songeant au fond de l'âme, 6+6 b
460 Chaque fois qu'en criant tournait la roue infâme, 6+6 b
Que la mer était proche, et qu'à me recevoir 6+6 a
Serait toujours tout prêt ce lit profond et noir. 6+6 a
Le banquier cependant, voyant son coffre vide, 6+6 b
Me dit que c'était tout. Chacun d'un œil avide 6+6 b
465 Suivait mes mouvements ; je tendis mon manteau. 6+6 a
On me jeta dedans la valeur d'un château, 6+6 a
Et la corruption de trente courtisanes. 6+6 b
Je sortis. — Je restai trois jours sous les platanes 6+6 b
Où je vous avais vue, ayant pour tout espoir, 6+6 a
470 Quand vous y passeriez, d'attendre et de vous voir. 6+6 a
Tout le reste est connu de vous.
— Bonté divine ! 6+6 b
Dit l'enfant, est-ce là tout ce qui vous chagrine ? 6+6 b
Quoi ? de n'être pas noble ? Est-ce que vous croyez 6+6 a
Que je vous aimerais plus quand vous le seriez ? 6+6 a
475 — Silence ! dit Dalti, vous n'êtes que la femme 6+6 b
Du pêcheur Zoppieri ; non, sur ma foi, madame, 6+6 b
Rien de plus.
— Et quoi rien, mon amour ?
— Rien de plus, 6+6 a
Vous dis-je ; ils sont partis comme ils étaient venus, 6+6 a
Ces biens. Ce fut hier la dernière journée 6+6 b
480 Où j'ai (pour vous du moins) tenté la destinée. 6+6 b
J'ai perdu ; voyez donc ce que vous décidez. 6+6 a
— Vous avez tout perdu ?
— Tout, sur trois coups de dés ; 6+6 a
Tout, jusqu'à mon palais, cette barque exceptée 6+6 b
Que j'ai depuis longtemps en secret rachetée : 6+6 b
485 Maudissez-moi, Portia ; mais je ne ferai pas, 6+6 a
Sur mon âme, un effort pour retenir vos pas. 6+6 a
Pourquoi je vous ai prise, et sans remords menée 6+6 b
Au point de partager ainsi ma destinée, 6+6 b
Ne le demandez pas. Je l'ai fait ; c'est assez. 6+6 a
490 Vous pouvez me quitter et partir ; choisissez. » 6+6 a
Portia, dès le berceau, d'amour environnée, 6+6 b
Avait vécu comtesse ainsi qu'elle était née. 6+6 b
Jeune, passant sa vie au milieu des plaisirs, 6+6 a
Elle avait de bonne heure épuisé les désirs, 6+6 a
495 Ignorant le besoin, et jamais, sur la terre, 6+6 b
Sinon pour l'adoucir, n'ayant vu de misère. 6+6 b
Son père, déjà vieux, riche et noble seigneur, 6+6 a
Quoique avare, l'aimait et n'avait de bonheur 6+6 a
Qu'à la voir admirer, et quand on disait d'elle 6+6 b
500 Qu'étant la plus heureuse, elle était la plus belle. 6+6 b
Car tout lui souriait, et même son époux, 6+6 a
Onorio, n'avait plié les deux genoux 6+6 a
Que devant elle et Dieu. Cependant, en silence, 6+6 b
Comme Dalti parlait, sur l'Océan immense 6+6 b
505 Longtemps elle sembla porter ses yeux errants. 6+6 a
L'horizon était vide, et les flots transparents 6+6 a
Ne reflétaient au loin sur leur abîme sombre, 6+6 b
Que l'astre au pâle front qui s'y mirait dans l'ombre. 6+6 b
Dalti la regardait, mais sans dire un seul mot. 6+6 a
510 — Avait-elle hésité ? — Je ne sais ; — mais bientôt, 6+6 a
Comme une tendre fleur que le vent déracine, 6+6 b
Faible, et qui lentement sur sa tige s'incline, 6+6 b
Telle elle détourna la tête, et lentement 6+6 a
S'inclina tout en pleurs jusqu'à son jeune amant. 6+6 a
515 « Songez bien, dit Dalti, que je ne suis, comtesse, 6+6 b
Qu'un pêcheur ; que demain, qu'après, et que sans cesse 6+6 b
Je serai ce pêcheur. Songez bien que tous deux 6+6 a
Avant qu'il soit longtemps nous allons être vieux ; 6+6 a
Que je mourrai peut-être avant vous.
— Dieu rassemble 6+6 b
520 Les amants, dit Portia ; nous partirons ensemble. 6+6 b
Ton ange en t'emportant me prendra dans ses bras. » 6+6 a
Mais le pêcheur se tut, car il ne croyait pas. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 261((aa))
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