Métrique en Ligne
MND_1/MND8
Louis MÉNARD
Poëmes
1855
EMPÉDOCLE
Au sommet de l'Etna, debout près du cratère, 6+6 a
Comme Héraclès devant le bûcher de l'Œta, 6+6 b
Embrassant du regard l'Océan et la terre, 6+6 a
Empédocle adora la nature et chanta : 6+6 b
5 Miroir de l'Infini, flots de la mer divine, 6+6 a
Gouffre inviolé, grand horizon bleu ! 5+5 b
Lampes du ciel profond dont la nuit s'illumine, 6+6 a
Peuples de l'espace, étoiles de Dieu ! 5+5 b
Éternelles forêts, mystérieux ombrages, 6+6 a
10 Arôme enivrant qu'exhalent les bois ! 5+5 b
Ô solitude sainte ! ô voluptés sauvages ! 6+6 a
Bonheur indécrit, liberté sans lois ! 5+5 b
Ô Nature éternelle, impénétrable, immense ! 6+6 a
Ton temple est l'éther, les monts tes autels ; 5+5 b
15 Dans ta nudité chaste et ta toute-puissance 6+6 a
Je viens t'adorer, loin des bruits mortels. 5+5 b
Ta flamme, d'où jaillit l'étincelle éphémère 6+6 a
Qui donne la vie au néant glacé, 5+5 b
M'a tiré de la nuit originelle, ô Mère ! 6+6 a
20 Ton lait m'a nourri, tes bras m'ont bercé. 5+5 b
Je me suis enivré de ce sommeil sans rêve 6+6 a
Que verse aux forêts le vent des hivers, 5+5 b
Et de ce lent réveil du printemps, quand la sève 6+6 a
Couronne les bois de feuillages verts. 5+5 b
25 J'ai, tour à tour poisson muet dans le flot sombre, 6+6 a
Taureau dans les champs, aigle dans le ciel, 5+5 b
Lion dans les déserts, sous ses formes sans nombre, 6+6 a
Pas à pas suivi l'être universel. 5+5 b
Mille fois retrempée à la source des choses, 6+6 a
30 Mon âme agrandie, en son vol joyeux, 5+5 b
Par l'échelle sans fin de ses métempsycoses, 6+6 a
Va de l'arbre à l'homme, et de l'homme aux dieux. 5+5 b
Maintenant il me faut une dernière épreuve ; 6+6 a
Je pars, mais je sais, en quittant le port, 5+5 b
35 Car déjà du Léthé j'ai traversé le fleuve, 6+6 a
Qu'un autre soleil luit sur l'autre bord. 5+5 b
Zeus, éther créateur, flamme, aliment des mondes, 6+6 a
De ton foyer pur l'esprit émané 5+5 b
Y retourne : et toi, Terre aux entrailles fécondes, 6+6 a
40 Je te rends ce corps que tu m'as donné. 5+5 b
Des souillures des sens l'âme humaine se lave 6+6 a
Comme le métal qu'épure le feu ; 5+5 b
Etna qui me reçois dans ton ardente lave, 6+6 a
Du sage qui meurt tu vas faire un dieu ! 5+5 b
45 D'un suprême sourire il salua la terre, 6+6 a
Et l'Etna l'engloutit dans son brûlant cratère, 6+6 a
Et bientôt du volcan le reflux souterrain 6+6 b
Rejeta vers le ciel ses sandales d'airain. 6+6 b
Mais, ainsi qu'un navire aux vents livrant ses voiles, 6+6 c
50 L'esprit du sage errait au-dessus des étoiles. 6+6 c
mètre profils métriques : 6+6, 5+5
forme globale type : suite périodique
schéma : 11(abab) 1(aabbcc)
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