Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
MEN_1/MEN15
Catulle MENDÈS
Contes Épiques
1872-1876
Salëun ou Le Petit Ermite
Conte Breton
Quand il avait grand'faim,ayant longtemps mangé 6+6 a
De l'herbe comme un faon,des mûres comme un geai, 6+6 a
Le petit Salëuns'en allait à l'aumône. 6+6 b
A Dol, à Saint-Briac,dès qu'on sortait du prône, 6+6 b
5 Lui, comme un passereauqui quête un grain de mil, 6+6 a
« Maria ! Maria !Maria ! » disait-il ; 6+6 a
Rien de plus, mais d'un airsi plaintif et si tendre 6+6 b
Que tous avaient chagrinet plaisir à l'entendre. 6+6 b
Ou, s'il voyait quelqu'undevant l'âtre attablé, 6+6 a
10 Il disait en montrantle pain d'orge et de blé, 6+6 a
Mais tout bas, car le bruitpeut fâcher quand on mange : 6+6 b
« J'y mordrais bien aussi,si j'en avais ! » Pauvre ange ! 6+6 b
Or, de Dol à Kergloff,il n'est que bons chrétiens ; 6+6 a
Nul ne criait : « Va-t'en !» Plus d'un répondait : « Tiens, 6+6 a
15 Prends ! » Et, le soir, tout seul,dans la lande lointaine, 6+6 b
Il mangeait sous un arbre,au bord de sa fontaine. 6+6 b
Quand il avait grand froid,— les hivers sont plus durs 6+6 a
Si c'est les quatre ventsqui sont les quatre murs, — 6+6 a
Le petit Salëunse hissait dans son arbre. 6+6 b
20 Il neigeait, il gelaità fendre pierre et marbre, 6+6 b
Et l'enfant, comme aprèsla tonte une brebis, 6+6 a
N'avait que sa peau rosehélas ! pour tous habits. 6+6 a
Mais il se cramponnaitdes doigts aux branches grêles, 6+6 b
Allait, venait, montait,planait, avait des ailes, 6+6 b
25 En chantant : « Maria !Maria ! » sous les cieux. 6+6 a
Le charreton qui passeavec un bruit d'essieux 6+6 a
S'imaginait, n'osantregarder en arrière, 6+6 b
Qu'un bel oiseau faisaitdans l'arbre sa prière. 6+6 b
A présent qu'on l'a misen la châsse d'or fin, 6+6 a
30 Le petit Salëunn'a plus ni froid ni faim. 6+6 a
Seulement, sous son arbre,au bord de sa fontaine, 6+6 b
Un beau lys a poussédans la lande lointaine, 6+6 b
Un lys si beau que nuln'en vit jamais de tel ; 6+6 a
L'été, l'hiver, n'importe,il fleurit, immortel, 6+6 a
35 Plein d'un parfum plus douxqu'un encens de chapelle ; 6+6 b
Et si, passant par là,le soir, quelqu'un appelle : 6+6 b
« Salëun ! Salëun !» le frêle lys mouvant 6+6 a
Murmure : « Maria !Maria ! » dans le vent… 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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