Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LSR_1/LSR84
Daniel LESUEUR
(Jeanne LOISEAU)
POÉSIES
1986
PAROLES D'AMOUR
SOUFFLES D'AUTOMNE
Ce soir, ô mon ami, sur notre cher village 6+6 a
Le premier vent d'automne a tristement soufflé. 6+6 b
Nos bois se sont emplis d'un tumulte sauvage, 6+6 a
Dont mon trop faible cœur est jusqu'au fond troublé. 6+6 b
5 Car sous le sombre ciel meurt la saison bénie, 6+6 a
La rapide saison de nos bonheurs furtifs, 6+6 b
Et c'est un souffle plein d'amertume infinie 6+6 a
Qui tord et fait gémir les grands chênes plaintifs. 6+6 b
Reverrons-nous jamais la douce solitude 6+6 a
10 Où les bruits importuns du monde s'éteignaient ? 6+6 b
Reviendrons-nous errer encor, sans lassitude, 6+6 a
Dans ces sentiers étroits où nos mains se joignaient ? 6+6 b
Chérirons-nous longtemps d'une égale tendresse 6+6 a
Nos anciens nids d'amour perdus dans le bois frais ? 6+6 b
15 Y viendrons-nous puiser toujours la même ivresse, 6+6 a
Sans jamais voir pâlir leurs immortels attraits ? 6+6 b
La modeste demeure aux lourds meubles rustiques 6+6 a
Semblera-t-elle encor si touchante à nos yeux, 6+6 b
Parmi l'ombrage épais de ces forêts antiques 6+6 a
20 Où, dans l'austère écho, sonnaient nos pas joyeux ? 6+6 b
Sur la haute colline en notre course atteinte, 6+6 a
Devant l'immense espace embrassé tant de fois, 6+6 b
Resterons-nous encor, lorsque l'Angelus tinte, 6+6 a
L'un sur l'autre appuyés, recueillis et sans voix ? 6+6 b
25 Qui changera d'abord, la Nature ou nos âmes ? 6+6 a
Hélas ! et qui de nous se lassera d'aimer ? 6+6 b
Suffiront-ils toujours à nos cœurs pleins de flammes, 6+6 a
Ces bonheurs d'aujourd'hui qui les ont pu charmer ? 6+6 b
Oh ! qu'il est triste à dire à la chère retraite 6+6 a
30 Le déchirant adieu qui nous sépare au seuil ! 6+6 b
Voilà pourquoi naissait mon angoisse secrète 6+6 a
Devant le sombre aspect de la campagne en deuil. 6+6 b
Pleurez, ô grands bois noirs ! Sifflez, ô vents funèbres ! 6+6 a
Feuilles mortes, tombez sur le chemin durci ! 6+6 b
35 Nuages, étendez vos voiles de ténèbres… 6+6 a
Mon cœur, qui vous comprend, se glace et tremble aussi. 6+6 b
Et pourtant je devrais bénir votre détresse : 6+6 a
Sans l'horreur de l'hiver, que vaudraient les beaux jours ? 6+6 b
Sans le cruel adieu, la passagère ivresse 6+6 a
40 Mènerait aux sommeils insensibles et lourds. 6+6 b
Car en ce monde obscur dont la Mort est la reine 6+6 a
Tout s'efface et périt de ce qu'on veut saisir, 6+6 b
Mais qu'un bien seul échappe à la loi souveraine, 6+6 a
C'est assez pour qu'en nous en meure le désir. 6+6 b
45 Ami, plus l'avenir nous réserve de larmes, 6+6 a
Plus sembleront pesants nos jours chargés d'ennuis, 6+6 b
Et plus rayonneront les indicibles charmes 6+6 a
De nos discrets bonheurs, si promptement enfuis. 6+6 b
Puis, lorsqu'un doux printemps fera verdir les branches, 6+6 a
50 Peut-être, revenus en notre ancien séjour, 6+6 b
Parmi les frais lilas et les épines blanches, 6+6 a
Nous verrons refleurir notre immortel amour. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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