Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LSR_1/LSR11
Daniel LESUEUR
(Jeanne LOISEAU)
POÉSIES
1986
LES VRAIS DIEUX
III
LA MORT
Taisez-vous, pâles fantômes 7 a
Qui vous prétendez des dieux ! 7 b
C'est moi qui tiens des atomes 7 a
Le creuset mystérieux. 7 b
5 Désir, Illusion vaine, 7 c
Servez votre souveraine : 7 c
Que votre puissance entraîne 7 c
L'homme enivré vers la Mort ! 7 d
Sans vous il pourrait connaître 7 e
10 La misère de son être, 7 e
Et, se refusant à naître, 7 e
Il trahirait mon effort. 7 d
« Cachez-lui par vos chimères 7 a
L'ombre immense où je l'attends, 7 b
15 Et, sous les cieux éphémères, 7 a
La fuite de ses instants ; 7 b
Qu'il vive, pense et s'efface 7 c
Sans déchiffrer sur ma face 7 c
Le but sombre qu'à sa race 7 c
20 J'assigne au fond du tombeau. 7 d
Me livrant sa chair lassée, 7 e
Qu'il croie ‒ audace insensée ! ‒ 7 e
Me dérober sa pensée 7 e
Comme un immortel flambeau. 7 d
25 « Parez l'obscure matière 7 a
A ses regards éblouis ; 7 b
Qu'il y puise la lumière 7 a
Et des concerts inouïs. 7 b
Moi, qui dissous la substance, 7 c
30 Je sais qu'en son inconstance 7 c
L'universelle existence 7 c
Est la Force en mouvement. 7 d
Dans ce tourbillon sans trêve, 7 e
Qu'importe la forme brève ! 7 e
35 Je ne détruis qu'un vain rêve, 7 e
Je crée éternellement. 7 d
« En sa morne indifférence, 7 a
Ma terrible activité 7 b
Ne connaît point la souffrance, 7 a
40 La gloire ni la beauté. 7 b
J'ai l'infini pour domaine. 7 c
L'altière raison humaine, 7 c
Qu'un mirage trouble et mène, 7 c
Me coûte à décomposer 7 d
45 Juste autant, lorsqu'en vient l'heure, 7 e
Qu'un souffle qui passe et pleure 7 e
Ou la corolle qu'effleure 7 e
L'insecte sans s'y poser. 7 d
« Le masque affreux dont on couvre 7 a
50 Ma sublime majesté, 7 b
La face osseuse où s'entr'ouvre 7 a
Un rictus épouvanté, 7 b
Les yeux creux, le crâne blême, 7 c
Me sont donnés pour emblème 7 c
55 Par ceux à qui mon problème 7 c
Reste à jamais inconnu. 7 d
Car tout être qui respire 7 e
Contre ma grandeur conspire, 7 e
Et pour vanter mon empire 7 e
60 Nul n'est jamais revenu. 7 d
« L'insensible molécule, 7 a
Seule, est sans crainte en mes mains ; 7 b
Mais tout ce qui vit recule 7 a
Devant mes sombres chemins. 7 b
65 La personnalité lâche 7 c
En vain s'oppose à ma tâche : 7 c
Je transforme sans relâche 7 c
Tous les éléments divers. 7 d
Gloire à moi ! gloire à la tombe ! 7 e
70 Tout en surgit, tout y tombe. 7 e
Sur l'éternelle hécatombe 7 e
Je construis les univers. » 7 d
mètre profil métrique : 7
logo du CRISCO logo de l'université