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LOZ_2/LOZ148
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
I
LA VILLE ET LES BOIS
APOLOGIE À L’AUTOMNE
J’ai vainement lutté contre ton charme, Automne : 6+6 a
À ton impérieux attrait je m’abandonne. 6+6 a
J’ai cru que je n’avais qu’à te fermer mon cœur 6+6 b
Pour me soustraire au doux péril de ta langueur, 6+6 b
5 Mais ta beauté sereine à jamais me possède, 6+6 a
Et pareil à la feuille au vent puissant, je cède 6+6 a
Je ne puis pas ne pas t’aimer sans repentir ! 6+6 b
Je ne puis pas ne pas te voir ni te sentir, 6+6 b
Puisque ta grâce grave en mes yeux est entrée, 6+6 a
10 Et que de ta splendeur mon âme est pénétrée ! 6+6 a
En tes bras, que j’ai fuis par crainte d’y mourir, 6+6 b
Prends-moi ! Berce mon cœur faible de trop souffrir 6+6 b
Endors-moi, si tu veux, pourvu que dans mon rêve 6+6 a
J’entende murmurer l’arbre au vent qui s’élève, 6+6 a
15 Et que je voie, au fond de l’horizon pourpré, 6+6 b
Descendre avec lenteur le grand soleil doré ! 6+6 b
J’accepte ton sommeil, fût-il fatal à l’âme, 6+6 a
Je le désire, Automne, et même le réclame ! 6+6 a
Et j’ai honte aujourd’hui des mots présomptueux 6+6 b
20 Que proféra mon cœur subjugué, mais peureux. 6+6 b
Je ne repousse plus, je subis et j’appelle 6+6 a
Ton influence étrange, ô Saison la plus belle, 6+6 a
Ô ciel baigné de brume où transparaît l’azur, 6+6 b
Ô terre dépouillée où tombe le fruit mûr ! 6+6 b
25 Sur la ville bruyante et de laideur punie, 6+6 a
Tu fais régner, Automne, une paix infinie, 6+6 a
Et ton soleil couchant rayonnant sur les toits 6+6 b
Rend toute chose pure et douce comme toi. 6+6 b
Je t’aime, car tu mets ton cœur sur ma pensée, 6+6 a
30 Comme une lune d’or sur une onde apaisée 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 15((aa))
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