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LOZ_2/LOZ137
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
I
LA VILLE ET LES BOIS
CHARME DANGEREUX
Le charme dangereux de la mort est en toi, 6+6 a
Automne, on le respire en ton souffle, on le boit, 6+6 a
Tu fais le ciel couleur de cendre et de fumée, 6+6 a
Et ton ombre est si douce, ô saison bien-aimée, 6+6 a
5 Que dès qu’elle a touché, pâle encor, notre seuil, 6+6 a
L’âme faible s’y couche ainsi qu’en un cercueil. 6+6 a
Elle entend s’élever tes plaintes à nos portes 6+6 a
Dans le frémissement soyeux des feuilles mortes ; 6+6 a
Elle sait que les yeux des astres sont fermés, 6+6 a
10 Que les ardents parfums des fleurs se sont calmés, 6+6 a
Que tout se pacifie et s’endort et se penche, 6+6 a
Que du soir désolé la tristesse s’épanche 6+6 a
Un grand désir d’absence et de détachement, 6+6 a
Un vœu profond de n’être plus, infiniment, 4+4+4 a
15 S’emparent bientôt d’elle, et c’est ta faute, Automne, 6+6 a
Qui la berces d’un chant funèbre et monotone ! 6+6 a
Ta voix magicienne enchante et fait mourir ; 6+6 a
Les lys l’ont écoutée : ils se sont vus flétrir ; 6+6 a
Elle est belle et pareille à de beaux yeux de femme : 6+6 a
20 Volupté du regard, hélas ! malheur de l’âme ! 6+6 a
Voix de sirène blanche en l’écume des flots, 6+6 a
Dont l’accent merveilleux, trompant les matelots, 6+6 a
Promet l’enivrement suprême et le délice 6+6 a
Et dont le charme traître à l’abîme les glisse 6+6 a
25 Aussi, saison funeste et pleine de langueur, 6+6 a
Adorant la beauté fine de tes nuances, 6+6 b
Mais, comme un doux poison, craignant tes influences, 6+6 b
Je te garde mes yeux et te reprends mon cœur ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6=6
forme globale type : suite de strophes
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