Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LOU_1/LOU39
Pierre LOUŸS
ŒUVRES COMPLÈTES
TOME XIII
POÉSIES
1888-1920
ASTARTÉ
ÉMAUX SUR OR ET SUR ARGENT
I
Ô gloire et nuit des eaux ! mare aux lueurs livides ! 6+6 a
Vol de nénufars blancs entre deux ciels de soir 6+6 b
Immobiles, crépusculaires… Ô miroir 8+4 b
Orageux du soleil couchant sur les champs vides. 6+6 a
5 Ombre d’eau corrompue, éblouissement noir… 6+6 b
Ô fauve amas d’inextricables longues pailles. 4+4+4 a
Lumière en floraison dans la lumière. Essor 6+6 b
D’aurore foisonnante aux flammes des broussailles 6+6 a
Écumantes parmi la sueur de messidor. 6+6 b
10 Ô, silence ! — rayons dardés hors du mirage 6+6 a
Où des éclats d’étoile ont gravé leur sillage 6+6 a
Car c’est l’immense paix du ciel nocturne, encor. 6+6 a
Et voici qu’en mes bras de brume, soulevée, 6+6 b
Réfléchissent la gloire et l’étoile arrêvée 6+6 b
15 Tes longs yeux verts stagnants sous des frondaisons d’or. 6+6 a
II
C’est un lys, une fleur vivante, une corolle 6+6 a
Chaude, et qui respire, et qui palpite, et qui bat. 6+6 b
Ô rougeur que nul midi de feu n’étiole ! 4+8 a
C’est la fleur turgescente et jeune qui tomba 6+6 b
20 Des cheveux de la Nuit sur ta beauté d’Idole. 6+6 a
Sa volupté nocturne a gardé pour les sens 6+6 a
La féminine odeur des corolles sacrées 6+6 b
Et dans l’air où fraîchit la douceur des soirées 6+6 b
Je rêve errer sur elle un bleu brumeux d’encens. 6+6 a
25 C’est pourquoi de ta fleur de chair endolorie 6+6 a
Je veux faire un lys froid comme une pierrerie, 6+6 a
Pourpre comme la lune à l’horizon naissant 6+6 a
Calice de rubis comme une fleur d’étoile 6+6 b
Chair de vierge fouettée avec des flots de sang 6+6 a
30 Ta bouche rouge et blanche et toute liliale. 6+6 b
III
Pour cuirasser ton cœur contre ma faible main, 6+6 a
Telle que les Vertus des hautes mosaïques 6+6 b
Tu dresses fortement sur ton torse hautain 6+6 a
Deux grands casques de guerre aux crêtes héroïques 6+6 b
35 Et ton poitrail surgit comme bardé d’airain. 6+6 a
Mais parfois tes fureurs durant les nuits cruelles 6+6 a
Se couchent au niveau de mes lèvres d’enfant, 6+6 b
Et tu daignes fléchir sur ton corps triomphant 6+6 b
L’éclosion sereine et vaste des mamelles. 6+6 a
40 Je te regarde alors sous ton bras indolent, 6+6 a
Et je cherche, étendu devant tes chairs païennes, 6+6 b
Vierge ! quelle Amphitrite aux mains céruléennes, 6+6 b
Quelle Thétis distraite, avec un geste lent, — 6+6 a
De ses doigts bleus encoreencor des glauques empyrées 6+6 a
45 Stria l’or de tes seins d’artères azurées. 6+6 a
mètre profil métrique : 6=6
logo du CRISCO logo de l'université