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C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
LFT_4/LFT448
Jean de LA FONTAINE
ŒUVRES DIVERSES II
1656-1696
ÉPITRES
SATIRE
LE FLORENTIN
SATIRE SUR LE MÊME SUJET QUE L'ÉPITRE SUIVANTE
Le Florentin 4 a
Montre à la fin 4 a
Ce qu'il sait faire : 4 a
Il ressemble à ces loups qu'on nourrit, et fait bien ; 6+6 b
5 Car un loup doit toujours garder son caractère, 6+6 a
Comme un mouton garde le sien. 8 b
J'en étois averti ; l'on me dit : Prenez garde ; 6+6 a
Quiconque s'associe avec lui, se hasarde ; 6+6 a
Vous ne connoissez pas encor le Florentin ; 6+6 a
10 C'est un paillard, c'est un mâtin 8 a
Qui tout dévore, 4 a
Happe tout, serre tout : il a triple gosier. 6+6 b
Donnez-lui, fourrez-lui, le glout demande encore : 6+6 a
Le roi même aurait peine à le rassasier. 6+6 b
15 Malgré tous ces avis, il me fit travailler. 6+6 a
Le paillard s'en vint réveiller 8 a
Un enfant des neuf Sœurs ; enfant à barbe grise, 6+6 a
Qui ne devoit en nulle guise 8 a
Être dupe ; il le fut, et le sera toujours. 6+6 a
20 Je me sens né pour être en butte aux méchants tours. 6+6 a
Vienne encore un trompeur, je ne tarderai guère. 6+6 a
Celui-ci me dit : Veux-tu faire, 8 a
Presto, presto, quelque opéra, 8 a
Mais bon ? ta muse répondra 8 a
25 Du succès par-devant notaire. 8 b
Voici comment il nous faudra 8 a
Partager le gain de l'affaire. 8 b
Nous en ferons deux lots, l'argent et les chansons 6+6 a
L'argent pour moi, pour toi les sons ; 8 a
30 Tu t'entendras chanter, je prendrai les testons ; 6+6 a
Volontiers je paie en gambades. 8 a
J'ai huit ou dix trivelinades 8 a
Que je sais sur mon doigt ; cela joint à l'honneur 6+6 a
De travailler pour moi, te voilà grand seigneur. 6+6 a
35 Peut-être n'est-ce pas tout à fait sa harangue ; 6+6 a
Mais, s'il n'eut ces mots sur la langue, 8 a
Il les eut dans le cœur. Il me persuada ; 6+6 a
À tort, à droit me demanda 8 a
Du doux, du tendre, et semblables sornettes, 4+6 b
40 Petits mots, jargons d'amourettes 8 b
Confits au miel ; bref il m'enquinauda. 4+6 a
Je n'épargnai ni soins ni peines 8 a
Pour venir à son but et pour le contenter : 6+6 b
Mes amis dévoient m'assister ; 8 b
45 J'eusse, en cas de besoin, disposé de leurs veines. 6+6 a
Des amis ! disoit le glouton, 8 a
En a-t-on ? 3 a
Ces gens te tromperont, ôteront tout le bon, 6+6 a
Mettront du mauvais en la place. 8 a
50 Tel est l'esprit du Florentin : 8 b
Soupçonneux, tremblant, incertain, 8 b
Jamais assez sûr de son gain, 8 b
Quoi que l'on dise ou que l'on fasse. 8 a
Je lui rendis en vain sa parole cent fois ; 6+6 c
55 Le B…Bougre avoit ju de m'amuser six mois. 6+6 c
Il s'est trompé de deux ; mes amis, de leur grâce, 6+6 a
Me les ont épargnés, l'envoyant où je croi 6+6 a
Qu'il va bien sans eux et sans moi. 8 a
Voilà l'histoire en gros : le détail a des suites 6+6 a
60 Qui valent bien d'être déduites ; 8 a
Mais j'en aurais pour tout un an ; 8 a
Et je ressemblerais à l'homme de Florence, 6+6 b
Homme long à conter, s'il en est un en France. 6+6 b
Chacun voudrait qu'il fût dans le sein d'Abraham. 6+6 a
65 Son architecte, et son libraire, 8 a
Et son voisin, et son compère, 8 a
Et son beau-père, 4 a
Sa femme, et ses enfants, et tout le genre humain, 6+6 b
Petits et grands, dans leurs prières, 8 a
70 Disent le soir et le matin : 8 b
Seigneur, par vos bontés pour nous si singulières, 6+6 a
Délivrez-nous du Florentin. 8 b
mètre profils métriques : 4, 8, 6+6, 4+6, (3)
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