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LFT_3/LFT380
Jean de LA FONTAINE
ŒUVRES DIVERSES I
1658-1694
TRADUCTIONS EN VERS
III
INSCRIPTIONS HISTORIQUES
DE LA GALERIE DU CHÂTEAU DE GLATIGNY
INSCRIPTION POUR L'ENTRÉE DE LA GALERIE
Loin du tumulte de la cour, 8 a
C'est ainsi que nos cœurs vénèrent le monarque. 6+6 b
Voici le temple, où chaque jour 8 a
Il a de notre zèle une nouvelle marque ; 6+6 b
5 Ses hauts faits y seront respectés par la Parque, 6+6 b
Si la Parque a jamais épargné quelques lieux. 6+6 a
O vous, dont ses exploits ont attiré les yeux, 6+6 a
Admirez-en la suite. Elle doit vous apprendre 6+6 a
Que dans chaque dessein Louis fait éclater 6+6 b
10 De la prudence à l'entreprendre, 8 a
De la force à l'exécuter. 8 b
PRISE DE TOURNAI, LE 24 JUIN 1667
Tributaire des lis, je reçus autrefois 6+6 a
Clovis en son berceau, Childéric en sa tombe ; 6+6 b
J'étois ville des Francs : je le suis des François. 6+6 a
15 Un vainqueur, sous qui tout succombe, 8 b
Sut à ce premier joug ranger ma liberté. 6+6 a
Ce qu'on crut mon malheur fait ma félicité ; 6+6 a
Aux efforts de Louis je dus d'abord me rendre. 6+6 b
Ce prince sur Clovis l'emporte en piété, 6+6 a
20 En grandeur il passe Alexandre. 8 b
PRISE DE DOUAI
Douai, ville à Pallas si chère, 8 a
Soit que Pallas se considère 8 a
Un armet à la tête, ou l'aiguille à la main, 6+6 a
Douai, la fille de Louvain, 8 a
25 Bénit le conquérant dont le bras l'a soumise. 6+6 a
Elle n'a jamais cru la révolte permise, 6+6 a
Ni suivi des Flamands les cœurs séditieux. 6+6 b
Cette ardeur si fidèle à Louis est acquise : 6+6 a
Car quel roi la mérite mieux ? 8 b
PRISE DE LILLE, LE 28 AOUT 1667
30 Lille, cette cité qui vaut une province, 6+6 a
Par l'effort de Louis notre grandeur accroît. 6+6 b
Qu'en coûte la conquête aux armes de ce prince ? 6+6 a
Dix jours. Qui le croira ? Celui qui le connoît. 6+6 b
CONQUÊTES DU ROI EN HOLLANDE (1672)
Triompher en courant d'un climat invincible, 6+6 a
35 Pénétrer un pays que de leurs propres mains 6+6 b
La Nature avec l'Art rendoient inaccessible 6+6 a
Aux entreprises des humains ; 8 b
Passer le Rhin, l'Issel, et lasser la victoire, 6+6 a
Faire à plus de cent forts son tonnerre éprouver, 6+6 b
40 C'est ce qui de cent rois pourroit remplir l'histoire : 6+6 a
En trois mois cependant un seul sut l'achever. 6+6 b
PRISE DE MAESTRICHT
Louis sait commander c'est le métier des rois, 6+6 a
C'est celui que font les dieux même ; 8 b
Les héros par cet art faisoient joindre autrefois 6+6 a
45 Les honneurs de l'Olympe à ceux du diadème. 6+6 b
Notre prince le porte en un degré suprême. 6+6 b
Contemplez de quel air il sait aux champs de Mars, 6+6 a
Comme au trône, exercer le plus noble des arts. 6+6 a
Maestricht en est témoin : cette ville fameuse 6+6 a
50 Change bientôt de souverain ; 8 b
Peu de temps la réduit ; douze jours… et la Meuse 6+6 a
Eu faveur de Louis suit l'exemple du Rhin. 6+6 b
PRISE DE BESANÇON
Je louerais Besançon, mais César l'a dépeint. 6+6 a
On sait que dans les airs son rocher va s'étendre. 6+6 b
55 Quoique voisin du ciel, nos armes l'ont contraint, 6+6 a
Après huit veilles, à se rendre. 8 b
Tout concourait pour le défendre : 8 b
Le nom de ses guerriers, l'aspect de ses remparts. 6+6 a
Ibères et Germains, venus de toutes parts, 6+6 a
60 Voyoient entrer pour lui l'hiver même en leurs ligues. 6+6 a
Huit retours de l'aurore ont décidé son sort. 6+6 b
Louis est un torrent, dont les plus fortes digues 6+6 a
Ne sauraient arrêter l'effort. 8 b
PRISE DE DÔLE
Besançon fut suivi de Dôle, et ces projets 6+6 a
65 Entassèrent bientôt conquête sur conquête. 6+6 b
Louis mène une troupe, aux combats toujours prête : 6+6 b
En autant de héros il change ses sujets. 6+6 a
Rien ne résiste aux mains conduites par sa tête. 6+6 b
Qu'on soit ministre ou chef, qu'on soit sage ou vaillant, 6+6 a
70 Il connoît de chacun le zèle et le talent. 6+6 a
Sous ses ordres, Louvois, d'une peine assidue, 6+6 a
Par l'exemple du prince au travail animé, 6+6 b
Suffit seul à cent soins d'une immense étendue : 6+6 a
Quel génie ! Il est vrai que Louis l'a formé. 6+6 b
PRISE DE LIMBOURG, 20 JUIN 1675
75 Rien ne sauva Limbourg : les forces de l'Empire, 6+6 a
Le Ratave, l'Ibère, enfin le monde entier. 6+6 b
Condé formoit le siége, instruit en ce métier. 6+6 b
Mars et lui ne font qu'un, c'est ce que l'on peut dire. 6+6 a
Louis couvrait son camp et le favorisoit ; 6+6 a
80 Aux secours assemblés ce prince s'opposoit. 6+6 a
Où sont ces Ilions qui coûtoient dix années ? 6+6 a
Limbourg, après dix jours, tomba sous notre fer. 6+6 b
Eût-il pu retarder l'arrêt des destinées 6+6 a
Et la foudre de Jupiter ? 8 b
PRISE DE BOUCHAIN, 12 MAI 1676
85 Bouchain servoit de clef à deux superbes villes : 6+6 a
Sa prise les rendoit à dompter plus faciles. 6+6 a
Ni Valenciennes ni Cambrai 8 a
N'eussent tombé sitôt, sans ce premier essai. 6+6 a
Philippe l'entreprend. Rouchain voit une armée, 6+6 a
90 Sous l'un et l'autre frère, à vaincre accoutumée. 6+6 a
Orange accourt en vain : Bouchain cède à Louis. 6+6 a
Tenant presque en ses mains une double victoire, 6+6 b
L'ennemi se retire, envieux de la gloire, 6+6 b
Dont ce prince eût comblé tant de faits inouïs. 6+6 a
PRISE DE VALENCIENNES, MARS 1677
95 Valenciennes étoit l'écueil de nos guerriers ; 6+6 a
Elle avoit arrêté le cours de nos lauriers. 6+6 a
Ses enfants rappeloient de tristes funérailles, 6+6 a
Nous montrant nos tombeaux creusés sous leurs murailles. 6+6 a
Que les temps sont divers ! Il n'est que notre roi 6+6 b
100 Qui se puisse vanter d'avoir toujours pour soi 6+6 b
La faveur du dieu des batailles. 8 a
Bientôt cette cité fut soumise à ses lois. 6+6 a
Nous pouvions nous venger des pertes d'autrefois : 6+6 a
Le soldat renonça de lui-même au pillage ; 6+6 b
105 Il eut horreur d'un droit acquis à son courage. 6+6 b
Ce miracle n'est dû qu'au plus clément des rois. 6+6 a
PRISE DE CAMBRAI
Cambrai portoit son nom aux terres inconnues ; 6+6 a
Ses plus fiers ennemis n'osoient en approcher ; 6+6 b
Ils passoient, et ce lieu, plus ferme qu'un rocher, 6+6 b
110 Gardoit un air tranquille et menaçoit les nues. 6+6 a
Qu'ont servi ses châteaux, ni leurs cimes chenues ? 6+6 a
Ce rempart s'est soumis : c'étoit le seul recours 6+6 a
Que l'Ibère opposoit au cours 8 a
D'un torrent qui sans doute eût emporté le reste. 6+6 a
115 La paix a suspendu ces rapides efforts. 6+6 b
Flandre, ton sort dépend d'un conquérant modeste, 6+6 a
Et non des ligues et des forts. 8 b
PRISE DE SAINT-OMER
Cambrai résistoit encore : 7 a
Saint-Omer voit, de ses tours, 7 b
120 Le défenseur qu'il implore 7 a
Accourir à son secours. 7 b
On se bat ; le sort chancelle ; 7 a
Philippe enfin est vainqueur. 7 b
Louis laisse agir son zèle, 7 a
125 Et sa conduite et son cœur. 7 b
Saint-Omer se rend ensuite, 7 a
Et, par tant d'exploits divers, 7 b
On crut la Flandre réduite, 7 a
Et l'Europe et l'univers. 7 b
PRISE DE GAND
130 Qui ne sait des Gantois les dures destinées, 6+6 a
La colère de Charle indigné justement, 6+6 b
Et de ces villes mutinées 8 a
Le sévère et long châtiment ? 8 b
Ce sont événements trop marqués dans l'histoire ; 6+6 a
135 Ils ne le sont pas moins dans le cœur des Gantois ; 6+6 b
Et l'Espagne avoit lieu de croire 8 a
Que Gand ferait des vœux en faveur des François. 6+6 b
Ce n'est point ce qui fit incliner la balance ; 6+6 a
Le ciel n'entend les vœux des mutins, qu'à regret. 6+6 b
140 Louis força ces murs, mais par sa vigilance, 6+6 a
Par sa valeur, par le secret. 8 b
PRISE D'YPRES
La Jalousie aux yeux incessamment ouverts 6+6 a
Fut toujours attentive au progrès de nos armes. 6+6 b
Près d'Ypres menacée, on vit les champs couverts 6+6 a
145 D'escadrons accourus sur le bruit des alarmes. 6+6 b
L'Anglois avec fierté, l'Espagnol avec larmes, 6+6 b
Représentoient à l'univers, 8 a
Que de l'Europe et des deux mers 8 a
Notre prince vouloit régler seul la fortune ; 6+6 a
150 Qu'Ypres prise, la Flandre entière alloit tomber. 6+6 b
Ypres, malgré leur plainte aux peuples importune, 6+6 a
Ne laisse pas de succomber. 8 b
LA PAIX DE NIMÈGUE
Louis maintient la paix qu'il rappelle ici-bas. 6+6 a
Alexandre soupire au sein de la victoire ; 6+6 b
155 Rien ne remplit son cœur, que l'amour des combats ; 6+6 a
Malheureux de n'aimer qu'une sorte de gloire, 6+6 b
Il fut grand, il ne fut sage ni modéré. 6+6 a
Louis l'est. O toi, chef dont la Grèce se vante, 6+6 b
Et vous, dont Rome a vu le mérite adoré, 6+6 a
160 Mânes des deux Césars ! Louis vous représente. 6+6 b
En ce monarque seul on peut tous trois vous voir ; 6+6 a
Arbitre de l'Europe, il en fait le partage. 6+6 b
Il sait vaincre, régner, maintenir son ouvrage : 6+6 b
Le détruire, qui donc en aura le pouvoir ? 6+6 a
mètre profils métriques : 8, 7, 6+6
forme globale type : suite de strophes
schéma : 4[ababb] 13[aa] 19[abab] 2[aabab] 1[abbab] 3[abba] 2[aabba] 1[abbaa]
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